Santé — Montpellier Méditerranée Métropole

Montpellier, MedXCell : le bâtiment Thomas-Platter, l'innovation au service des biothérapies

Le projet MedVallée compte une première concrétisation avec l'annonce de l'ouverture, en septembre 2025, sur une parcelle du CHU, d'un bâtiment destiné à réunir en un même lieu des chercheurs, un incubateur d'entreprises de santé, le Start-Up Studio du groupe suisse MedXCell (spécialisé dans les thérapies cellulaires), la production de biothérapies et enfin le diagnostic et le soin des patients… Une innovation.

Plusieurs niveaux, de la recherche à la production de thérapies innovantes, en passant par le soin

Laurent Zbinden, CEO de MedXCell, indique : “Le bâtiment Thomas-Platter, créé par Imagine’R, A+ Architecture et les laboratoires Chiero, sera unique. On y posera des diagnostics, on y assurera les soins, on y fera des essais cliniques, de la recherche, on produira les thérapies de l’avenir”. Praticiens, chercheurs et patients s’y côtoieront. Il servira de point de jonction entre le soin, la recherche de pointe et le transfert d’innovations. Fabien Thuile (A+ Architecture et les Laboratoires Chiero) ajoute : “Ce bâtiment aura une grande qualité d’usage. Les laboratoires seront éclairés par la lumière du jour. Sa structure a été optimisée : son aménagement sera flexible. Des évolutions du bâtiment seront possibles si nécessaire”.

“Un hall central desservira tous les niveaux et fera le lien entre les différentes professions qui travailleront sur place, tout comme le jardin méditerranéen en rooftop et le restaurant”, selon Fabien Thuile.

Vue frontale du bâtiment Thomas-Platter - perspective 2 MedXcell.
Vue frontale du bâtiment Thomas-Platter – perspective 2 MedXcell.

Au rez-de-chaussée, les patients seront diagnostiqués puis traités en ambulatoire pour des maladies auto-immunes, l’onco-hématologie (cancers), la dermatologie… des pathologies nécessitant de la médecine régénératrice.

Philippe Domi, ancien directeur du CHU de Montpellier, explique ce qu’est la thérapie cellulaire  : “Il s’agit de travailler sur les cellules, leur déprogrammation, leur reprogrammation, et de les utiliser pour attaquer les cellules malades. C’est la médecine de la seconde moitié du XXIe siècle”. Laurent Zbinden, CEO de MedXCell s’enthousiasme : “La médecine régénératrice permet de sauver des vies par des injections de thérapie génique”. La zone réservée à l’ambulatoire sera accessible depuis le parvis de l’espace public.

Le 1er étage sera dédié à l’innovation, aux chercheurs avec un incubateur d’entreprises innovantes liées à la recherche médicale. “Le Start-up Studio identifie des projets sans propriété intellectuelle, met de l’argent dedans, crée de la propriété intellectuelle et des emplois et contacte les laboratoires pharmaceutiques qui veulent investir pour développer le produit”, explique Laurent Zbinden. Le 2e étage sera occupé par MedXCell. Le 3e étage également, qui servira au protocole de traitement GMP. C’est là que seront produits des médicaments avant d’être redistribués au rez-de-chaussée en ambulatoire aux patients. Les nouveaux traitements y seront développés, et la technologie sera ensuite transférée à d’autres. Le 4e étage accueillera un restaurant ouvert au public et aux usagers du bâtiment.

Des thérapies de pointe à moindre coût pour l’Assurance maladie

Laurent Zbinden, CEO de MeXCell, affiche sa volonté de créer des emplois et de “rapatrier des technologies américaines en France. Il faut des bâtiments comme ça pour les accueillir : Thomas-Platter sera un cœur de vie de la science. Michaël Delafosse a fait office de turbo dans ce projet”.

Il estime : “Des traitements de thérapie cellulaire qui coûtent 300 000 euros, et que de nombreux Américains ne peuvent pas se payer, coûteront à terme entre 70 000 et 80 000 euros ici. Ce sera une énorme source d’économies pour l’Assurance maladie”. Philippe Domi, préfigurateur de MedVallée, renchérit : “Fournir des thérapies de pointe à des prix raisonnables, garantir l’accessibilité aux soins pour tout le monde… après trente ans de carrière à la tête du CHU de Montpellier, pour moi c’est un rêve. Il y a une vraie mutualisation des compétences au sein de ce montage”.

Les participants s’entendent pour dire qu’il faut “protéger l’Assurance maladie, innover, porter des brevets français. C’est le début de la reconquête de la souveraineté sanitaire. Il faut s’activer face à la Chine. Nous relevons ces défis”.

150 emplois

“Ce bâtiment abritera 150 emplois de haute valeur ajoutée qui vont nourrir un écosystème entier. Les étudiants pourront s’approcher des meilleurs chercheurs, connaître les techniques du futur. C’est un bouleversement total de l’ancien système”, salue Michaël Delafosse

Un projet dans le cadre de MedVallée

Destiné à faire rayonner Montpellier comme “pôle d’excellences (sic) en santé globale”, le projet MedVallée, programmé au nord de la ville, symbolise “la stratégie métropolitaine dans le domaine de la santé globale”. Sa devise, “Nourrir, soigner et protéger”, couvre les domaines de la santé, de l’alimentation (agronomie, agriculture) et de l’environnement (biodiversité). L’Université de Montpellier figure parmi les 5 premières grandes universités françaises au classement de Shanghai, et au 3e rang mondial sur la filière de la biodiversité. De son côté, le CHU de Montpellier est le 6e CHU de France.

Il semblait donc logique d’installer dans ce périmètre ce pôle voué à favoriser le lien entre la recherche et l’enseignement (université), le CHU, les start-up, les PME et de grands groupes pharmaceutiques, pour créer l’émulation et le dialogue entre les parties prenantes de “la santé de demain… et d’après-demain”, a souligné Michaël Delafosse, président de Montpellier Métropole, le mardi 26 juillet 2022, lors de la présentation à la presse du bâtiment.

MedVallée commence donc à prendre corps avec le futur complexe de MedXcell dédié aux biothérapies.

Jusqu’à présent, MedXCell était installée depuis longtemps dans des locaux du CHU puis, manquant de place, elle est actuellement hébergée à Cap Sigma. Dès septembre 2025, son installation dans le bâtiment Thomas-Platter lui permettra d’occuper pleinement l’espace nécessaire à ses projets.

Ludovic Severac M3M
Ludovic Severac M3M

La souveraineté sanitaire

Michaël Delafosse a souligné “l’engagement très fort de l’Etat, de la Métropole et de la Région par un pacte des fondateurs, unis pour réaliser des projets ambitieux pour l’emploi et répondre à l’enjeu important de la restauration de la souveraineté sanitaire de la France, de la Région Occitanie et de la métropole de Montpellier”.

Lors de la présentation du bâtiment, Marie-Thérèse Mercier, conseillère régionale de la Région Occitanie, a assuré que la présidente Carole Delga a “la volonté que tous les projets portés par MedVallée soient financés par des dispositifs régionaux ou spécifiques”. “Il est important, selon elle, d’accélérer les projets de recherche pour soigner le plus de monde. La Région a toujours soutenu le projet MUSE de recherche universitaire, qui a permis la création de MedVallée, et à Montpellier de se hisser au niveau mondial”.

Pour sa part, Sylvie Guessab, qui représentait la sous-préfète de Lodève, retenue sur l’incendie de Gignac/Saint-Bauzille-de-la-Sylve a évoqué la position de l’Etat, qui considère comme “une opportunité extraordinaire l’implantation de MedXCell sur ce projet de très grande ampleur”. “Il trouve sa place dans la souveraineté sanitaire voulue par l’Etat (via le CPER et le Plan Innovation Santé lancé en juin 2021 et doté de 7,5 milliards d’euros). L’ambition française est de produire 20 biomédicaments en France. Dans ce domaine, Montpellier a une carte à jouer”, s’est-elle réjouie.

Michaël Delafosse a ajouté que dans le cadre du Ségur de la Santé, 260 millions d’euros avaient été accordés au CHU de Montpellier. “Au début, le CHU ne devait obtenir que 190 millions d’euros. Quand j’ai parlé du projet MedVallée, c’est passé à 260 millions d’euros. MedVallée est très porteur quand il s’agit d’aller chercher des financements pour la santé globale”, se félicite le président de la Métropole.

Un bâtiment ouvert sur l’extérieur

Le bâtiment Thomas-Platter bénéficiera d’un emplacement stratégique dans le périmètre du CHU, à l’angle Sud-Est de l’avenue Charles-Flahault et de l’impasse Valteline, à la place de l’ancien asile d’aliénés de la Colombière. Connecté au CHU et aux mobilités douces (une piste cyclable déjà existante transformée en VéloLigne, un arrêt de tramway), il aura 3 000 m2 d’emprise au sol et fera 5 000 m2 au total. Il sera construit devant le mur en pierre de la Colombière, avec un jeu savant pour l’insérer dans cette parcelle longiligne, tout en respectant le site et la végétation. Les platanes existants seront donc préservés, formant un écran végétal naturel.

Le bâtiment Thomas-Platter - Perspective MedXCell - Vue aérienne
Le bâtiment Thomas-Platter – Perspective MedXCell – Vue aérienne

Ce grand linéaire sera directement visible depuis l’espace public. Sa volumétrie fragmentée sera adaptée au site, entre failles, retraits, patios, avec de grandes surfaces vitrées pour un maximum de transparence, tout en préservant l’intimité des patients.

En toiture, une promenade circulaire, sorte de jardin méditerranéen suspendu, donnera une vue panoramique sur Montpellier. Un bardage polymiroirs devrait limiter l’impact du bâtiment dans sa hauteur. La végétalisation et la couleur verte du moucharabieh de la façade sont destinés à intégrer le bâtiment au mieux dans son environnement.

Sur le toit, des panneaux photovoltaïques et de petites éoliennes habillant le groupe technique généreront une économie d’énergie annuelle estimée à 35 000 à 38 000 euros.

Financement public-privé

Un financement public-privé permettra de couvrir le coût de ce projet, estimé à 24,5 millions d’euros. La procédure choisie est celle du bail à construction. Le CHU deviendra propriétaire du bâtiment au bout de vingt ans. La loi Macron de 2015 a en effet institué la possibilité pour les CHU d’investir dans du capital privé. Thomas-Platter est le premier cas de mixité d’acteurs permettant à un CHU de valoriser sa recherche tout en récupérant les fruits financiers de son investissement, se réjouit Philippe Domi. “Il s’agit donc d’un cercle vertueux ouvrant des horizons nouveaux au CHU. Les CHU sont des établissements publics en concurrence internationale de tous les instants avec des établissements privés aux Etats-Unis”, a-t-il rappelé.

Pour conclure, la doyenne de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes a salué “l’alignement de planètes autour de ce projet”.

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