Santé — Montpellier

Montpellier : "On voit véritablement des gens mourir précocement par difficulté d’accès au soin"

Ce midi, une cinquantaine de soignants et le collectif ResIST éaient réunis devant le CORUM pour rencontrer le ministre délégué de la santé, Frédéric Valletoux, afin “de montrer la force du terrain, celle qui est présente aux côtés des patients tous les jours”. L’objectif ? Éviter l’extinction de masse d’un système de santé social, autrefois premier au monde.

L’accès aux soins, une volonté politique

Alain de Almeida, médecin généraliste à Valras, annonce la couleur : rouge écarlate. “La France était le premier système de santé au monde quand j’ai débuté, en 2000. On est classé 25e à l’heure actuelle, ce qui est pathologique d’un délabrement de la médecine hospitalière et libérale en France”.

Un manque de soins et de moyens, humains notamment. Et la réponse doit passer par “un choc d’attractivité” auprès des jeunes médecins : “10 000  à 15 000 médecins qui ne s’installent pas. Car les médecins, on les a, encore faut-il avoir la volonté politique de les payer et de mieux répartir le budget de la santé”, pointe du doigt le généraliste à la sortie de l’entrevue de sa délégation avec le ministre.

Lors de l’échange, pas encore de solutions concrètes ou de calendrier de mise en place, mais l’occasion de “faire toucher du doigt les difficultés du terrain et l’immense difficulté d’accès aux soins pour nos concitoyens”. Car l’“accès aux soins est la problématique majeure de tous les Français. On voit véritablement des gens mourir précocement par manque de soins et par difficulté d’accès. La situation est extrêmement dégradée et périlleuse”, s’alarme Alain de Almeida.

“Il faut nous écouter et nous donner des moyens”

De meilleures conditions de soin pour les patients, et de travail pour les soignants. Élodie Le Buzullier, médecin généraliste à Sauve et représentante du collectif ResIST’30, réclame plus de reconnaissance des médecins. “On voudrait être respectés, avoir une écoute. Cela fait 18 mois que l’on se bat et que rien ne se passe. Il y a trop de mépris et de contraintes, ce qui ne m’emmènera que du délétère, pour nous comme pour les patients. Nous sommes là pour les patients, on fait au mieux mais on ne pourra pas tenir longtemps. On risque d’être obligés de partir. Il faut nous écouter et nous donner les moyens”. 

Des moyens humains et matériels, car la qualité de soin prend du temps. Vanessa Poggi, médecin généraliste à Juvignac et membre du ResIST’34 le rappelle : La qualité de soin c’est prendre son temps, avec un patient qu’on connaît, qu’on reçoit, qu’on écoute. C’est le cœur de métier du médecin de famille” .

Investir dans la santé : “ il est question de faire des choix idéologiques”

Dans ce système de santé en souffrance, le financement de la Sécurité sociale joue un rôle essentiel. Pour Régis Fabre, médecin généraliste à Montpellier, investir dans la santé ne devrait pas être un calcul exclusivement économique. “Les dépenses de la sécu ne feront qu’augmenter au vue des améliorations technologiques toujours plus coûteuses, et du fait du vieillissement de la population. Donc il faut arrêter de raisonner comme ça. Dans un pays, la protection sociale sert à protéger les plus précaires et aujourd’hui, si on veut la réformer, il est question de faire des choix idéologiques.  Le système ne souffre pas de médecins trop coûteux ou trop dépensiers, il faut arrêter avec cet élément de langage. La sécurité sociale souffre d’un sous-financement”.

“Il faut qu’on arrête de perdre des soignants en France”

Parmi ceux qui souffrent, il y a aussi les infirmiers et infirmières, comme Jenny Adgé, infirmière de pratiques avancées du réseau Asalee. “Aujourd’hui, je vois des médecins et des infirmières qui arrêtent et je pense qu’il faut se poser les bonnes questions : quand on arrête un métier vocation, après 5, 10 ans d’études, parce qu’on en peut plus, qu’il y a un épuisement physique et psychologique”. L’infirmière voudrait un système de sécurité sociale facilitateur. “Aujourd’hui les infirmières Asalee défendent un modèle où l’on est soutenu. La sécurité sociale a mis en place un modèle sous contraintes, mais il faut que les 2000 infirmières Asalee de France prennent plaisir à travailler. Certaines ont eu un parcours à l’hôpital et l’ont quitté, un hôpital qui est en souffrance et où on ne retournera pas. Quelle tristesse pour les soignants Français”.

Des difficultés qui présagent la mort de la médecine et de la médecine libérale ? En tout cas, conclut Jenny Adgé : “on espère être entendus pour trouver un modèle qui correspond à nos valeurs. C’est ce travailler ensemble, avec les médecins qu’on doit choisir. Il faut qu’on arrête de perdre des soignants en France”.

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