Associations — Montpellier

Montpellier, solidarité : "Nous devons trouver un nouveau local, il en va de la survie de l'association"

Avocat à la cour de Montpellier, Eric Perret du Cray est également président de l’association Solidarité des sources du Lez, qui distribue des colis alimentaires aux plus démunis dans le secteur du Grand Pic Saint-Loup. Il lance un SOS pour sauver son association menacée de disparition malgré un nombre de bénéficiaires croissant. 

Son emploi du temps est chargé. Eric Perret du Cray, avocat à la cour de Montpellier, partage son temps entre son cabinet, sa pile de dossiers et les cours qu’il donne à l’université. Il n’a pourtant pas hésité à se porter volontaire, en octobre 2022, pour prendre la succession de Joëlle Rambaud à la tête de la présidence de l’association Solidarité des sources du Lez. “J’ai compris que si je ne le faisais pas, personne n’y serait allé, dit-il modestement. Et puis, j’ai peut-être la fibre pour ça. En 1992, j’avais déjà créé une association pour aider logistiquement les associations caritatives au moment du conflit en ex-Yougoslavie, Avocats et amis de la Bosnie.”

“Une carence d’aide aux plus démunis sur le secteur”

Une appétence pour la chose caritative que l’avocat montpelliérain souhaitait mettre au service d’une cause qui lui tient à cœur. Et puis surtout, il ne pouvait se résoudre à voir disparaître cette association à laquelle il est attachée depuis sa fondation en décembre 2015 par sa tante, Monique Perret du Cray. “C’est notre ange gardien. Elle s’enquiert toujours, à 96 ans, du bon fonctionnement de l’association”, glisse son neveu. Une œuvre de bienfaisance basée sur une volonté pionnière : “Pallier à l’absence ou l’insuffisance, selon le cas, d’aides sociales dans des villages regroupés autour de la source du Lez.”

“On s’est aperçu qu’il y avait une carence d’aide aux plus démunis dans ce secteur, indique Eric Perret du Cray. Ce sont des zones essentiellement rurales, mais très inégales, avec des petites communes non dotées de CCAS, et la seule association caritative, c’est le Secours catholique, mais ils ne font pas de distribution alimentaire”, déplore-t-il.

L’association organise ainsi, depuis huit ans, une distribution de colis alimentaires tous les mercredis après-midi, à Saint-Clément-de-Rivière, dans une salle gracieusement mise à disposition par la municipalité à ses bénéficiaires provenant de vingt-quatre communes (sur les trente-deux que comptent la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup). Preuve en est de son utilité : en 2022, elle a distribué environ 18 tonnes de denrées alimentaires à 88 foyers, soit 174 bénéficiaires pour 2 810 passages, notamment grâce au dévouement remarquable de ses deux vice-présidentes, Marylyn Teissonnière et Joëlle Rambaud, chevilles ouvrières et “âme vive de l’association. Sans elles, elle ne pourra pas survivre. Elles sont là au quotidien”, souligne leur président, reconnaissant.

“On ne peut pas stocker”

L’essentiel des denrées est fourni par la Banque alimentaire de l’Hérault qui livre chaque semaine un camion de victuailles à “un prix défiant toute concurrence” à l’association. “Nous avons des conventions avec le collège du pic Saint-Loup à Saint-Clément-de-Rivière et le collège Alain-Savary à Saint-Mathieu-de-Tréviers, qui nous donnent leur surplus alimentaire. Il y a quelque temps, pendant des grèves, ils avaient 850 repas qui partaient à la poubelle. On récupère dans la mesure du possible, explique le président, mais on ne peut pas stocker, on a pas de réfrigérateur, ni de congélateur. Je n’ai pu en prendre que 120 et le reste est parti à la poubelle. Nous devons trouver un nouveau local pérenne, il en va de la survie de l’association.”

Car leur local actuel devient trop étroit et vétuste pour gérer un tel flux, d’autant plus qu’il rend impossible le stockage des denrées. “Nous avons cette salle une demi-journée par semaine. Quand on avait que quelques dizaines de famille qui venaient, on s’organisait. Là, on va sûrement dépasser les 3600 colis cette année, cela pose des problèmes logistiques considérables. Comme on n’a pas de zones de stockage, on est obligé d’être très prudent si bien qu’en fin de journée, on est parfois obligé de dire à des gens : “on a plus rien””, regrette amèrement Eric Perret du Cray.

L’homme, volontariste, ne compte pas pour autant baisser les bras. Quand il est arrivé à la présidence en octobre dernier, il s’est fixé un objectif clair : “Accroître la surface de l’association par le recrutement de nouveaux membres et avoir le soutien de gens qui peuvent nous apporter du crédit.” Deux cibles atteintes rapidement puisque le nombre d’adhérents est passé de 22 à 75 en à peine six mois et qu’il a obtenu le soutien officiel du barreau de Montpellier. Il est fort à parier que trouver un local ne saurait résister à sa détermination. “Celui que nous avons devient vétuste et va être détruit. En plus, il est très mal placé car il se trouve dans la partie la plus méridionale de la zone. Si on avait un local dans la zone Les Matelles-Le Triadou-Saint-Mathieu-de-Tréviers, ça serait beaucoup mieux pour nous”, analyse-t-il.

“Je suis déçu par l’attitude des maires”

Il a ainsi écrit aux 24 maires des 24 communes dont sont originaires les bénéficiaires pour solliciter un coup de pouce salvateur.  “On est pas riche à milliard mais on a fait des provisions. Si une municipalité, voire un particulier, nous prêtait ou louait à bas prix  un local, nous aurions la finance pour le mettre aux normes pour recevoir du public.” Malheureusement, seulement six maires ont répondu à ses missives. “Je suis déçu par leur attitude. Ce sont quand même leurs administrés. Certains refusent peut-être de voir qu’il y a des pauvres dans leurs communes. Saint-Clément de Rivière, c’est la commune la plus riche du département, alors pourquoi avons-nous distribué 1057 colis alimentaires en 2022 ?”, s’interroge-t-il. A noter également dans le top trois des communes les plus touchées : Saint-Gély-du-Fesc et Saint-Bauzille-de-Montmel.

Et de préciser : “Notre volonté n’est aucunement de nous substituer aux travailleurs sociaux c’est juste de pallier leur absence quand il n’y en a pas ou leur insuffisance. Si bien que les gens que l’on reçoit ne sont que des gens qui nous sont envoyés par les travailleurs sociaux, CCAS ou assistantes sociales, exclusivement, on refuse de faire bénéficier nos services à quelqu’un qui vient en direct.”

Les personnes doivent, en effet, remplir trois conditions pour pouvoir bénéficier de cette aide totalement gratuite : être adressées à l’association par des travailleurs sociaux, disposer d’un reste à vivre de 180 € et accepter de s’inscrire dans un parcours social et/ou professionnel avec des rendez-vous d’étape avec des assistantes sociales. “S’ils refusent, ils sont exclus, précise le président. Le but ce n’est pas uniquement les assister mais aussi de les aider à rentrer dans quelque chose de cohérent socialement et professionnellement.”

“Le nombre de bénéficiaires a augmenté de manière exponentielle”

Malgré ces conditions contraignantes, la demande est croissante depuis le lancement de l’association il y a huit ans et exponentielle depuis les six derniers mois. “Le dernier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023 ont malheureusement permis de constater que le nombre de bénéficiaires augmentait de manière exponentielle, en l’état du contexte économique que nous connaissons. En projection pour 2023, nous devrions dépasser les 3 600 passages.”

Des profils très divers se donnent rendez-vous le mercredi après-midi pour récupérer les colis de Solidarité sources du Lez  : femmes seules avec enfants, personnes âgées veufs ou veuves, chômeurs en fin de droit, quelques personnes en situation de handicap, des femmes battues… “On a notamment une personne qui vit depuis un an et demi dans sa voiture et quelques réfugiés ukrainiens”, précise le président, interrompant cet inventaire à la Prévert de la misère. “Comme je dis toujours, la vraie réussite de notre association, c’est quand je convoquerai une assemblée générale pour la dissoudre car elle ne sert plus à rien. On n’en prend pas le chemin”, conclut Eric Perret du Cray, lucide. 

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