Faits divers — France

Polémique à la prison de Fresnes: cap sur “Koh Lantess”

Djibril Dramé, ancien footballeur professionnel, s’est lancé un challenge il y a quelques années déjà : s’investir auprès des jeunes de Fresnes en créant un « Koh-Lanta des cités ».

Originellement, cette émission met en jeu des candidats devant cohabiter sur une île et tenter de sortir victorieux d’épreuves sportives. Djibril a saisi ce concept pour le transformer en une opportunité humaine controversée : opposer des jeunes de quartiers défavorisés à des représentants de l’autorité et de l’ordre.

Il y a quelques années dans la banlieue de Fresnes plusieurs épreuves avaient été organisées permettant aux jeunes d’affronter ceux qu’ils adorent détester : les policiers. L’idée qu’a Djibril Dramé en tête est avant tout de réinstaurer le dialogue par un échange humain entre ceux qui l’avaient perdu ou plutôt, ceux qui ne l’avaient jamais connu. L’une des épreuves est par exemple de tirer avec un lanceur paintball sur des ballons pour tenter de sauver des civils, mannequins en plastique, une autre tend à faire tomber son adversaire dans une piscine en lui faisant perdre l’équilibre. Elles sont donc à la fois ordinaires et porteuses de valeurs. Des médias ont pu assister à ces épreuves et de nombreuses vidéos sont encore disponibles aujourd’hui pour retracer ces quelques jours de rencontres sportives. Au visionnage, on y découvre de la bienveillance, du partage et un profond respect mutuel. Cela justifie peut-être qu’aucune réaction de la classe politique n’ait été recensée à cette époque.

Cependant ce samedi 20 août, Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, a ordonné une enquête administrative faisant suite à un nouveau challenge de ce type organisé cette fois non pas dans la banlieue de Fresnes mais au sein même des murs du centre pénitentiaire. Ce dernier s’est insurgé au visionnage du tournage des épreuves ayant eu lieu le 27 juillet. En effet, une vidéo de 25 minutes dévoilant les épreuves opposant les détenus aux surveillants avait été publiée sur YouTube avant d’être rapidement retirée.

Djibril Dramé avait pris ses précautions. Le tournage a été avec l’accord du directeur du centre pénitentiaire, Jimmy Delliste, qui a lui-même remis les chèques reversés à des associations. Pour rappel, ces équipes s’affrontent au profit de trois associations : Arc en ciel, Relais parents enfants ainsi qu’Unitess. Elles renvoient respectivement à la possibilité de lever des fonds pour réaliser le rêve d’un enfant malade, d’accompagner les parents dont les enfants sont incarcérés et enfin d’apporter une assistance bénévole aux personnes démunies en France et à l’étranger.

Les épreuves se sont établies dans la cour de la prison dédiée au sport. On peut y voir des challenges avec des trampolines et piscines ou encore une course de karting. Ce sont ces images visionnées qui ont été qualifiées de « choquantes ». Pourtant, outre le directeur de cette prison, le cabinet d’Éric Dupond-Moretti avait avant tout accepté le tournage de ce « Kohlantess » dont il connaissait les moindres détails. Ceci est justifié de la façon suivante : ces tournages sont « encadrés, réglementés et payants ». Ce retournement de situation soudain lui vaut de nombreuses critiques, il est accusé de « céder à l’extrême droite ». En effet, si le garde des Sceaux s’indigne, de nombreux médias font néanmoins part de leur étonnement affirmant qu’aucune mauvaise surprise n’a eu lieu dans le déroulement des épreuves.

Désormais une partie de la classe politique monte au créneau rappelant que la prison doit être synonyme d’autorité et de sanction, de privation de liberté et non d’amusement et de permissions.

En revanche, d’autres hommes politiques, tel que le député Louis Boyard, soutiennent cet événement avec ferveur. Ce dernier répond à Eric Dupond Moretti de la façon suivante : « Vous avez abandonné cette prison. Laissez les associations y ramener un peu d’humanité ».

Beaucoup en profitent donc pour rappeler les conditions de vie désastreuses, déplorables, calamiteuses et surtout indignes que l’on trouve au sein des prisons françaises. L’ardeur de ce débat reste entière pour le moment, l’enquête est quant à elle ouverte et le tournage indisponible au visionnage.

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