Relaxe du Maire de Béziers : une décision forte pour la liberté d'expression
AFFICHE "L'INFO EN LAISSE" :UN JUGEMENT QUI RAPPELLE À MIDI LIBRE ET SON PROPRIÉTAIRE…
AFFICHE “L'INFO EN LAISSE” :
UN JUGEMENT QUI RAPPELLE À MIDI LIBRE ET SON PROPRIÉTAIRE CE QU'EST LA LIBERTÉ D'EXPRESSION
Le 16 février dernier, Robert Ménard était relaxé par le tribunal de Béziers après avoir été poursuivi en diffamation par Midi Libre et son propriétaire Jean-Michel Baylet, fondateur du Parti radical de gauche, PDG du groupe familial La Dépêche (propriétaire de nombreux journaux, dont Midi Libre)… et ministre entre 2016 et 2017.
En cause, une affiche publiée en août 2016 dans laquelle la Ville de Béziers posait cette question : « À qui appartient Midi Libre ? » Et cette réponse : « À Jean-Michel Baylet, ministre des collectivités territoriales ».
Sur l'illustration, un chien tenant dans sa gueule un exemplaire de Midi Libre. Et ce slogan : « Tous les jours, l'info en laisse ».
Si le détail du jugement – contre lequel le procureur et les parties civiles ont fait appel – est terrible pour le journal et son propriétaire, il représente une victoire retentissante pour les tenants de la liberté de la presse et plus largement de la liberté d'expression.
En effet, le tribunal considère que s'interroger publiquement sur les fonctions et l'engagement politique du propriétaire d'un journal local en situation de monopole « relève dans une société démocratique de l'intérêt public et ne peut qu'éveiller l'esprit de chaque citoyen. » La décision précise également que « le questionnement sur l'influence du politique sur les médias est un sujet que Midi Libre ne se prive pas d'exploiter lorsqu'il commente les publications municipales, comme permettent de l'observer les pièces produites par la Défense. »
Plus dur encore, le tribunal juge « particulièrement surprenant sinon malvenu pour l'organe de presse et son directeur de publication […] de se prétendre victimes d'une liberté dont ils se prévalent tous les jours et dont l'exercice par le prévenu [Robert Ménard] n'est pas allé plus loin que ce qu'ils s’autorisent eux-mêmes très souvent : une critique acide de la ligne – politique ou éditoriale – de l'autre ».
Enfin, le juge reconnaît que l'engagement politique public du propriétaire d'un journal pèse nécessairement sur son fonctionnement et estime même que « cela n'a rien de déshonorant que d'apporter son éclairage et son opinion politique personnels et donc d'influer lors de sa contribution au fonctionnement d'un organe de presse à quelque niveau que ce soit, et ce d'autant moins quand on exerce, comme Monsieur Jean-Michel Baylet une fonction publique politiquement marquée ».