Collectivités — Sète Agglopôle Méditerranée

Sète Agglopole Méditerranée : la filière des Industries Culturelles et Créatives sur les rails

Les Industries Culturelles et Créatives (ICC) font partie des filières sur lesquelles Sète Agglopole Méditerranée mise pour le développement du territoire. Terre de tournages, le Bassin de Thau accueille également des entreprises du secteur, et le nombre d’emplois de la filière croît.

(©AdrienRoux)

La stratégie de Sète Agglopole Méditerranée et de la Ville de Sète est donc d’accompagner encore un peu plus les ICC, d’identifier le foncier pour les accueillir et de mettre en place des formations pour pérenniser la filière et développer des emplois qui font rêver. Rencontre avec Jean-Guy Majourel, premier vice-président de l’agglomération, et Laurence Magne, vice-présidente.

Une terre de tournages et de créativité

Sète Agglopole Méditerranée possède la compétence développement économique et développement de filière. Parmi les filières sur lesquelles l’Agglo mise, « nous sommes attachés aux ICC », débute Jean-Guy Majourel. « Historiquement, nous sommes une scène de tournages. Un touriste sur cinq vient aujourd’hui à Sète par rapport aux séries qui sont tournées ici. On estime que 500 emplois sont liés à la filière sur le territoire. Ce sont des emplois plutôt manuels – éclairagiste, accessoiriste, costumier – pour lesquels nous avons développé des formations avec le lycée technique Charles-de-Gaulle. Sur ces 500 emplois, 70 % sont embauchés sur place. Nous avons également estimé un rapport levier très intéressant : 1 € investi dans cette filière en rapporte cinq dans l’économie locale. Les retombées économiques sur la ville de Sète sont de 500 000 € par mois pour la série ‘Demain nous appartient’ », complète le vice-président.

Le secteur est donc un réel enjeu : « nous voulons aller au-delà d’un espace de tournage et nous devons structurer la filière ». La Ville de Sète a un rôle opérationnel et a installé un bureau d’accueil des tournages « dont la réactivité satisfait beaucoup les réalisateurs », confie Jean-Guy Majourel. Les rôles sont complémentaires entre les deux collectivités, auxquelles s’ajoute l’expertise d’Occitanie Film sur l’accueil au niveau régional.

JGMajourel
JGMajourel

L’enjeu d’une filière ICC

En juin 2021, les acteurs des ICC du territoire du Bassin de Thau se sont réunis sous l’impulsion de l’Agglo. L’objectif était de voir « comment se fédérer autour des enjeux identifiés. L’échange a été très riche. Ce qui est ressorti concernait surtout les besoins en formation sur par exemple des postes de chef opérateur, accessoiriste, électricien, scénariste, machiniste, décorateur… Ces métiers ne nécessitent pas forcément une formation générale très poussée et font appel à d’autres compétences. Nous avons prévu de faire une nouvelle réunion avec ces acteurs, car leur attente concernait la formation et maintenant nous voulons fédérer et organiser la filière comme nous l’avons fait pour l’économie bleue. Nous allons créer un comité de filière des ICC et allons faire un point d’étape, car il y a des éléments nouveaux. Voir comment faire avec ce triangle Montpellier, Pic Saint-Loup et Bassin de Thau, comment trouver notre place. Ici, nous avons également notre nouvelle agence d’attractivité, Invest in Blue. Il faut voir comment mettre en œuvre les conditions d’accueil de ces entreprises. Nous avons aussi ouvert la pépinière Flex à Sète. Flex est très bien adaptée à tout ce qui touche à la créativité, à ces porteurs de projets. Ils ont besoin de s’installer, d’être accompagnés notamment sur la gestion, l’aspect juridique, les finances », détaille Jean-Guy Majourel.

vue drone CRI cSAM
vue drone CRI cSAM

Un territoire qui dépasse les limites de la collectivité

Toutes ces infrastructures obligent à développer les formations et des espaces pour accueillir ces nouvelles arrivées de structures. Dans la discussion de cet écosystème, le territoire est global : Montpellier, Bassin de Thau, Pic Saint Loup. Il y a d’ailleurs un contrat de réciprocité concernant les ICC entre la Métropole de Montpellier et Sète Agglopole. « Les soutiens des collectivités aux entreprises portent sur de la stratégie et de la politique, pas forcément sur des questions financières », indique Jean-Guy Majourel.

« Avant de s’installer, les entreprises ont besoin de sentir que le territoire leur est favorable. Elles doivent sentir le dynamisme, le mouvement du territoire, nous devons lever leurs craintes. Sète Agglopole et la Ville de Sète, en tant que coordinatrices de l’accueil, jouent un rôle important. Dans tous les secteurs comme l’économie bleue ou encore les sports santé, nous avons besoin de travailler avec la Métropole de Montpellier ou encore l’Agglomération Hérault Méditerranée. Nous travaillons en complémentarité. Quand les studios seront implantés à Saint-Gély-du-Fesc, nous réfléchirons à travailler en complément sur les prises de vues maritimes. On pourra accueillir des start-up à Flex. Nous ne devons pas jouer la concurrence, mais bien la complémentarité, et cela sur toutes les filières », précise le vice-président.

La dimension des ICC sera également un des éléments phares pour le dossier de la capitale européenne de la culture 2028. « Le culturel doit être abordé dans une logique de filière économique, et nous devons travailler avec l’ensemble du territoire au-delà des limites administratives », ajoute Jean-Guy Majourel.

La question de la formation

Laurence Magne, est vice-présidente de Sète Agglopole Méditerranée. Elle est notamment chargée du développement de l’enseignement supérieur, de la formation et de l’insertion professionnelle.

En 2012, 400 étudiants suivaient leurs études sur le territoire sétois, aujourd’hui, ils sont plus de 1 100 dans des formations qui accompagnent les filières économiques locales. Selon elle, le rôle de l’Agglo « est effectivement d’accompagner les filières soit prometteuses, soit en tension par une dynamique autour du triptyque formation, insertion et emploi. Nous cherchons donc toujours des solutions de formation, le plus possible avec les acteurs locaux. Sur notre territoire, nous accueillons l’annexe de l’école Travelling. Cette école forme en initial du bac +1 à bac +5 pour les métiers du cinéma. Laurent Mesguich, le directeur de Travelling, nous a fait part lors d’échanges d’un besoin qu’il avait concernant les métiers de plateau, les ‘hommes en noir’. Nous avons cherché dans le parc de nos bâtiments municipaux. L’ancien local de la gestion des déchets correspondait parfaitement aux contraintes de sa demande. Nous avons rénové le bâtiment et lui avons fait un plateau de cinéma. Il est donc venu s’installer depuis un an, dans le cadre de formations prises en charge par la Région. Ces formations durent quelques semaines et rendent les gens directement employables, comme sur le métier de projectionniste. Cela peut répondre aussi à des besoins pour un électricien qui voudrait avoir une corde supplémentaire à son arc et posséder des compétences d’éclairagiste de cinéma. Cela répond aussi aux demandeurs d’emploi qui peuvent rapidement acquérir des compétences reconnues dans le monde du cinéma. Ça a un côté ‘magique’, car c’est une industrie qui faire rêver. Cette réponse de formation sur place répond également aux productions qui recrutent sur place et font l’économie de faire descendre des Parisiens. »

LaurenceMagneOK
LaurenceMagneOK

Toutes ces actions participent à l’installation pérenne de l’industrie sur le territoire : « le cercle est vertueux, car les producteurs sauront qu’ils vont trouver les équipes sur place, et ils vont continuer à venir tourner ici. C’est l’argument complémentaire aux 300 jours de soleil par an et à nos paysages incroyables ».

L’ancien collège Victor-Hugo va par ailleurs devenir un grand centre universitaire : « le projet est assez orienté tertiaire, nous avons d’ailleurs proposé à Travelling d’y installer une formation, il y réfléchit », explique la vice-présidente qui enchaîne : « nous réfléchissons également à un studio de prise d’image afin d’apprendre à tous les étudiants les techniques de prise de son et prise d’images. Nous allons réaliser une coopération pour que ce studio puisse être utilisé par les étudiants, ainsi que par les entreprises du territoire pour faire des interviews ou autres. Enfin, nous sommes en train de monter des formations hybrides sur les métiers de scénariste, de réalisateur dont la partie pratique sera faite sur le plateau de cinéma sétois et la partie théorique pourrait être installée dans notre campus connecté. D’ailleurs, ce campus connecté pourrait également servir à des acteurs qui ne sont pas embauchés à plein temps sur les tournages. Ils pourraient se former à distance ».

« Nous avons réalisé un chantier d’implication sur la série Reuss. Huit jeunes de la mission locale ont accompagné le tournage pour donner des coups de main. Ils ont touché du doigt le plateau de tournage, le métier de comédien. C’est formidable, car après cette première expérience, ces jeunes peuvent aller suivre nos formations », raconte Laurence Magne.

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.