Sète, Vendée Globe : une œuvre d’Hervé Di Rosa financera la participation du skipper Nicolas Rouger
Jeudi dernier, le skipper Nicolas Rouger, l’artiste Hervé di Rosa et le maire de Sète, François Commeinhes, ont présenté Demain c’est loin, un projet audacieux autour de la course du Vendée Globe, de l’art et de l’éducation.
Crédit photo : Vincent Curutchett.
Baptisé ainsi en hommage au titre d’IAM, le projet sétois repose sur un concept inédit : faire d’une œuvre d’art le sponsor d’un bateau. Pour cette première mondiale, le navigateur Nicolas Rouger a fait confiance à Hervé di Rosa et l’Ecole des Beaux-Arts de Sète.
Un projet mûrement réfléchi
Il aura fallu une longue période de réflexion et vingt-cinq années de navigation à Nicolas Rouger pour qu’il propose cette aventure aux acteurs concernés. “Être un marin du Vendée Globe et le finir est un rêve. On est que 84 à l’avoir bouclé”, rappelle le skipper. En comparaison, plus de 500 personnes sont déjà allées dans l’espace. “Nous ne cherchons pas à gagner le Vendée Globe, cela demanderait un investissement beaucoup plus conséquent, autour de 15 millions d’euros. Ce que nous voulons, c’est raconter une belle histoire qui, quoi qu’il arrive, restera longtemps”.
Pendant les quatre prochaines années, le skipper et son équipe 100% sétoise vont collectionner les milles à bord du bateau afin de se qualifier pour l’événement. En 2022, le navigateur s’élancera dans la Route du Rhum, en 2023 dans la Transat Jacques-Vabre et, en 2024, dans le Vendée Globe. Dans le même temps, il essaiera de battre le record de la traversée de la Méditerranée.
L’art devient sponsor
Pour la première fois dans l’histoire du sport nautique, ce n’est pas une grande entreprise qui sera sponsor d’un skipper mais l’art. Ce projet sétois se devait de faire appel à un artiste local. Nicolas Rouger s’est donc tout naturellement tourné vers l’artiste Hervé di Rosa : “J’ai proposé à Hervé de faire une œuvre sur la voile afin qu’elle arrête d’être un panneau publicitaire. On a fait un prêt pour l’achat du bateau et la vente de l’œuvre va le payer”.
Ce jeudi, le peintre a dévoilé à la presse le prototype de son œuvre de 300 m2. “Nicolas m’a présenté son projet, je lui ai dit que je n’avais pas le temps, ce qui était le cas, et j’avais peur. J’ai travaillé dessus longtemps, je ne voulais pas que ce soit qu’un souvenir, qu’un morceau de voile”, explique Hervé di Rosa.
Peuplée de “Renés”, des petits bonshommes loufoques qui ont suivi toute la carrière de l’artiste, cette réalisation habillera la voile de 29 mètres de haut du bateau de Nicolas Rouger.
C’est grâce à la vente de cette œuvre que le projet du navigateur sera financé. En effet, à l’issue de la course du Vendée Globe 2024, la création de 300 m2 sera divisée en 250 toiles uniques de 1m2 signées par le peintre et vendues à 20 000 € pièce. Une partie des bénéfices sera reversée à l’aide sociale à l’enfance.
Pour la petite anecdote, le Vendée Globe tient une place toute particulière dans le cœur de l’artiste puisque son beau-père avait participé au financement du bateau de Titouan Lamazou, le tout premier vainqueur de la course.
Les “petites mains” de l’Ecole des Beaux-Arts
Ce projet fait appel à une collaboration originale. En effet, si Hervé di Rosa est l’auteur de l’œuvre, ce sont les élèves de l’Ecole des Beaux-Arts de Sète qui vont assurer son application sur la voile, en raison des contraintes de temps et de taille.
Une fois leur travail terminé, la voile peinte sera stockée et un flocage sera créé à partir de la réalisation. Une stratégie qui va permettre à l’équipe de Demain c’est loin de ne pas être contrainte par le poids de la peinture ou le prix de l’assurance et de s’assurer qu’à la fin de l’aventure tous les acheteurs puissent repartir avec leur 1m2 de toile.
Un projet autour de la transmission
“L’aspect transmission de ce projet me tient vraiment à cœur, explique Nicolas Rouger. C’est aussi pour cela que le bateau restera à Sète, on le déplacera uniquement pour les courses. Je souhaite que, jusqu’en 2024, ce bateau soit connu de tous les Sétois par le biais de visites ou d’expositions. On veut raconter une belle histoire, transmettre”.
Tout au long de la préparation et de la course, les enfants des écoles sétoises seront intégrés au projet. “La voile est un secteur qui a été un peu fermé, je veux l’ouvrir, que les enfants du bassin de Thau puisse reconnaître du Hervé di Rosa à la télévision et qu’ils puissent monter sur le bateau”, s’enthousiasme le skipper.
Le projet Demain c’est loin s’adresse à la jeunesse de multiples façons :
- en proposant aux enseignants un suivi de l’avancement du projet et des participations aux courses
- en accueillant les scolaires à bord du bateau pour des visites et des animations thématiques sur le travail en équipe, la protection de l’environnement…
- en offrant une maquette papier du bateau à faire en classe
- en proposant un programme de sensibilisation à la technologie, aux communications et à la météo
Projet innovant et osé qui je pense sera une première mais certainement pas une dernière. J’aime. ?