Société — Béziers

Vécu, Béziers : Claude Cazes, aventurier au grand cœur, entre Marathon des Sables et missions humanitaires pour les Ukrainiens

Le Biterrois Claude Cazes fait partie de ces hommes que le goût de l'effort galvanise. Il aime dépasser ses limites, parcourant le monde à la fois pour se découvrir et pour aider son prochain, ou soutenir de grandes causes. Interview…

De nombreuses missions humanitaires

Marcheur du Nil en 2021

Bien plus qu’être un simple aventurier, Claude Cazes veut donner du sens à sa vie. Il réalise des expéditions humanitaires qui l’obligent à dépasser ses limites tout en tournant son action vers les populations dans le besoin. C’est ainsi que de mars à mi-août 2021, il a marché plus de 6 000 kilomètres à pied le long du Nil, du Burundi à l’Egypte, traversant 7 pays pour délivrer des médicaments à des ONG locales.

Claude Cazes se souvient de cette aventure qu’il avait appelée Marcheur du Nil : “Concrètement, je transportais une quarantaine de kilos de médicaments dans un sac à roulettes. C’est peu par rapport à de grosses organisations comme la Croix-Rouge, mais ça a été très important pour les populations. J’ai fait cette expédition par altruisme et par envie d’aventure, de marcher longtemps tout en ayant de l’eau grâce à la proximité du Nil, ce qui m’a évité de transporter de l’eau, vitale pour avancer”.

Si vous ne parvenez pas à visionner la vidéo, cliquez ici : https://www.youtube.com/watch?v=zzpJZb3XJas

Claude Cazes s’avoue déçu du fonctionnement des grandes ONG : “en janvier 2021, alors que je préparais l’expédition Marcheur du Nil, j’ai appelé la Croix Rouge pour prévenir que je souhaitais apporter des médicaments, obtenir des informations sur les pays… Je voulais communiquer sur ce que je verrais sur place, avec la participation financière d’Aventure Claude Caze, mon association. L’homme que j’ai contacté m’a dit ne pas être intéressé et m’a conseillé de me tourner vers d’autres ONG locales. Apparemment, mon projet était trop minime pour la Croix Rouge. Mais je ne m’appelle pas Mike Horn ! Finalement, je suis allé au-devant de petites ONG locales, j’ai rencontré leurs membres physiquement, j’ai pu mesurer leurs besoins financiers et en médicaments, ce qui n’est pas plus mal. Pour eux mon aide était énorme !”

Deux convois humanitaires à la frontière ukrainienne, dont un en avril

Un premier convoi en mars 2022

Claude Cazes évoque l’élan qu’il a ressenti vers la population ukrainienne : “Fin février 2022, en Ukraine, la guerre a éclaté. Comme beaucoup de Français, en regardant les infos, j’ai eu envie de faire quelque chose. Je ne suis pas du genre à rester assis dans mon canapé ! J’ai contacté et réuni des sponsors et partenaires : la Pharmacie Sarda, Vous Financer, les 2 Biocoop de Béziers… et d’autres. Ils ont contribué à remplir un premier convoi humanitaire, parti le 17 mars 2022. Le pharmacien de la pharmacie Sarda, à Béziers, m’a prêté un camion, m’a donné des médicaments, les autres sponsors m’ont donné de l’argent pour voyager, les Biocoop ont fait don de nourriture, protections hygiéniques, couches, dentifrices, brosses à dents, savons pour permettre aux réfugiés de retrouver leur dignité. Nous avons bourré le camion pour y mettre un maximum de choses.”

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Une fois le camion rempli, Claude Cazes part pour Medyka, zone située à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, avec Anthony Hadid et Yoann Leroux. Il raconte : “Anthony et moi nous sommes relayés au volant. Nous avons parcouru 3 000 km, ce qui a pris du temps. Partis le jeudi 17 mars en fin de journée, nous sommes arrivés le samedi 19 mars très tôt. Là bas, les citoyens bénévoles ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. La police polonaise nous a dirigés vers le gymnase de l’école pour y laisser les dons afin qu’ils soient distribués sur place aux gens sans contact. Des initiatives citoyennes de partout en Europe se dirigent vers Medyka. Nous avons été pris en charge par les enseignants de l’école et des militaires polonais. Parmi les bénévoles, il y avait des personnes venues de Londres en véhicule par le tunnel, des Portugais, des Allemands. Nous nous sommes entraidés pour vider les camions”.

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Les 3 hommes se dirigent ensuite vers la frontière, à quelques centaines de mètres. Claude Cazes retrace ce moment : “On a rencontré des Français et Françaises qui étaient là depuis le début du conflit pour accueillir par un sourire les Ukrainiens, leur distribuer des dons. Et là nous avons appris que certains organismes comme la Croix Rouge Française se plaignaient des initiatives citoyennes d’apport de dons, préférant que cela passe par de grands organismes comme le leur. J’ai l’impression qu’ils veulent convaincre la police polonaise d’empêcher les citoyens d’accéder par eux-mêmes au site pour effectuer des dons. C’est horrible de se crêper le chignon pour savoir qui fera la distribution, horrible de ne pas s’entendre pour le bien des gens !”

Claude Cazes a rencontré des réfugiés. Il livre une anecdote : “Ça m’a fait mal au cœur : une maman arrivée expliquait que son fils mineur avait dû rester en Ukraine contre son gré pour faire la guerre, elle avait dû partir seule avec sa fille. Si la mère ou l’ado ne le voulaient pas, on n’aurait pas dû les forcer”. Il se dit hanté par “les cris des tout-petits qui pleuraient sur place, les parents qui essayaient de les réconforter”.

Il a identifié un “manque cruel de poussettes et de vêtements chauds pour les femmes et les enfants” : “En Ukraine, les gens fuient le pays avec leur propre véhicule, puis ils sont contraints de s’arrêter à cause d’une panne d’essence. Certains doivent marcher 3 ou 4 km avec des enfants en bas âge, sans eau ni nourriture, en n’ayant pas forcément de vêtements chauds. Certaines personnes ou certains organismes, touchés par la détresse des Ukrainiens, leur apportent au-delà de la frontière des poussettes remplies d’eau et de nourriture, de leur propre initiative, malgré le danger. Il faut avoir conscience du danger réel, ce n’est pas un jeu sur Playstation, c’est la réalité. Des volontaires étrangers sont morts sur place. On entend qu’il n’y a plus besoin de vêtements chauds, c’est faux ; les femmes et les enfants en ont besoin ; moins les hommes, car la plupart défendent leur pays”.

Un nouveau convoi vers Médyka prévu en avril 2022

Un nouvel acheminement de vivres, de médicaments, de vêtements et de produits de première nécessité devrait avoir lieu mi-avril. A son retour du Marathon des Sables (voir ci-dessous), Claude Cazes réunira de nouveau des bonnes volontés pour organiser une collecte, et partir de nouveau pour la frontière ukrainienne à 2 camions cette fois. L’idée est que 3 conducteurs puissent se relayer au volant de 2 camions et d’acheminer plus de dons que lors du premier convoi, pour aider plus. Les médicaments seront confiés à un dispensaire.

Le documentariste Teddy Desgranges filmera cette expédition humanitaire. “Nous pensons rester un à trois jours sur place pour aider et peut-être, en fonction de la situation, si ce n’est pas trop dangereux, apporter des poussettes d’eau et de vivres au-delà de la frontière. Les mêmes partenaires vont participer aux dons, de même que tous les Biterrois qui le souhaitent”, précise Claude Cazes.

Le Marathon des Sables du 25 mars au 4 avril 2022

Claude Cazes participe actuellement au Marathon des Sables (25 mars-4 avril 2022). Il court pour l’association Aïda, qui accompagne et participe au bien-être des enfants, ados et jeunes adultes atteints de cancer. Les bonnes causes à représenter sont nombreuses, celle-ci lui tenait particulièrement à cœur.

Si vous ne parvenez pas à visionner cette vidéo, cliquez ici : https://www.youtube.com/watch?v=0g-xrj7B82E

Son projet : marcher en solo en Antarctique en 2023

“En 2019, je me suis fixé un nouvel objectif : partir en Antarctique pour y marcher 1 500 km en solo. Je veux battre le record du monde de l’Américain Colin O’Brady, qui avait couvert cette distance en 54 jours. C’est une performance énorme. S’il y est arrivé, j’y arriverai aussi, je sais que j’en suis capable. Le Covid est arrivé quelques mois après ma décision, les frontières ont fermé. Elles viennent de rouvrir. J’ai pour objectif de battre ce record en novembre 2023, et d’y associer la cause écologique, qui me tient à cœur”, conclut l’aventurier.

La marche, un réflexe acquis dès l’enfance

Claude Cazes, qui aura 40 ans dans quelques jours, décrit ainsi son enfance : “J’étais le troisième d’une famille de 4 enfants. Mon père était maçon, ma mère, malentendante, ne travaillait pas. Je parlais souvent d’aventures, de voyages. Je disais à mes copains qu’un jour, quand je serais plus grand, je ferais le tour du monde. J’ai toujours cherché la découverte, la nouveauté. Je n’ai jamais eu peur de partir ailleurs, loin de mon quartier, à Sauvian. J’ai toujours été un marcheur, d’ailleurs j’ai obtenu mon permis de conduire très tardivement. Chaque matin, je marchais 1 km pour aller à l’école à pied, pareil le soir, et ça ne me dérangeait pas du tout.”

Quand on lui demande s’il est un peu casse-cou, Claude Cazes avoue avoir eu une vie mouvementée, ponctuée de nombreux accidents, parfois bénins, parfois graves. A 9 ans, il a failli rester handicapé à vie après avoir été renversé par une voiture. De cette époque, il garde une “démarche à la Lucky Luke”, et le souvenir du regard des gens quand il allait à l’école en s’appuyant sur une canne.

Un vrai baroudeur

Il faut dire que Claude Cazes, qui vit en couple et a 2 enfants de 10 et 8 ans, a exercé de nombreux métiers à l’étranger au fil des ans, pêle-mêle pour la marine nationale sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, dans la sécurité, le bâtiment, sur des plateformes pétrolières (pour la Cameron Béziers), dans la Légion étrangère…

“J’ai souvent des ressentis. Quand je sens que je dois faire quelque chose, je le fais sans me poser de questions, j’agis. Je suis mon élan premier, car je pars du principe que mes premières impressions sont toujours les bonnes”, explique Claude Cazes, qui ajoute : “Si on ne fait pas les choses que l’on sait importantes pour soi, on passe à côté de quelque chose d’important dans sa vie”. C’est ainsi qu’il s’est rendu en Chine en 2001 à l’âge de 19 ans, parce qu’il s’était pris de passion pour le Kung Fu. “Le pays était encore fermé à l’époque. J’y ai fait de belles rencontres”, indique-t-il.

“Je ne me mets aucune barrière pour qui ou quoi que ce soit. C’est ma façon de vivre. Je reste qui je suis.

Claude Cazes © Philippe Sabathier
Claude Cazes © Philippe Sabathier

Parcours : des métiers basés sur les voyages

Claude Cazes se souvient : “Je suis entré dans la marine nationale à 21 ans, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle. J’aidais les chiens jaunes –  ces hommes qui dirigent les hélicoptères – à sécuriser les aéronefs. J’aimais cette vie à la fois solitaire, loin de ma famille, mais qui incluait un rapprochement amical avec lesquels je travaillais. J’ai besoin du collectif même si je suis un grand solitaire. Cette période m’a permis d’avoir une condition physique extrême”.

Fort de cette condition physique, Claude Cazes part ensuite vivre dans un camp d’entraînement dans le nord de la Thaïlande pour apprendre à pratiquer la boxe thaïe et les MMA (Mixed Martial Arts, sport de combat qui résulte de la combinaison de plusieurs disciplines comme le judo, le jiu-jitsu brésilien, la lutte…) à raison de six heures par jour, six jours par semaine. Son séjour, prévu pour durer six mois, se transforme finalement en deux ans. “Je faisais des combats en Thaïlande, et des coupures en France pour voir ma famille et ma compagne”, explique-t-il.

De retour en France, il passe un moment en famille, avant de ressentir l’envie d’intégrer la Légion étrangère : “ce corps d’armée m’a toujours fasciné, car je le trouvais très charismatique, et je savais qu’il était très difficile d’y entrer. J’aime les challenges, je m’étais dit qu’un jour j’y entrerais. J’y suis resté plusieurs années” analyse l’aventurier.

“A la Légion étrangère, j’ai acquis une réelle expérience qui m’a servi dans mes expéditions par la suite”.

Le globe-trotteur travaille ensuite sur les plateformes pétrolières de la Cameron au Gabon, en Espagne, en France, en Italie, de 2014 à 2017. “Ce job de service man était très prestigieux. Beaucoup de gens avaient envie d’essayer. Etant soudeur sous-traitant, on me disait que je ne pourrais jamais y entrer faute du niveau scolaire suffisant, car j’ai arrêté l’école en troisième pour travailler dans le bâtiment. Ça m’a encore plus motivé à y aller. J’ai déposé ma candidature, puis je suis allé voir le directeur du service au bout de trois semaines sans réponse. Je l’ai convaincu de me permettre de suivre une formation, j’ai eu la chance d’être aidé par un ingénieur en électricité… et j’ai pu commencer en tant que technicien”. Claude Cazes poursuit : “Malheureusement, ce qui se passe autour de nous ne peut pas être contrôlé. En 2016-17, il y a eu une pénurie de pétrole énorme, la Cameron a licencié énormément de gens et n’a pas signé mon CDI”. Il se lance alors dans le recyclage de métaux à son compte.

Claude Cazes mène une vie d’aventurier globe-trotteur au grand cœur. Il enchaîne les défis, se surpassant à chaque fois pour la beauté des gestes et la force de ses convictions. Un beau parcours qui rappelle l’importance de l’effort et de défendre des causes dans lesquelles on croit…

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