Vécu — Portiragnes

Vécu, Portiragnes : Rodolphe, "Ma fille souffre de phobie scolaire"

Rodolphe fait partie de ces parents qui valorisent le travail scolaire, l'importance des études et la nécessité de mener une bonne carrière. Mais il a dû réviser tous ses principes depuis que sa fille, Lorène, souffre de phobie scolaire.

Photo © Elia Pellegrini / Unsplash

Une incapacité totale

Lorène menait une scolarité brillante jusqu’au jour où, à 12 ans, sans pouvoir fournir d’explications, elle s’est sentie incapable de retourner en cours. Toutes les fibres de son être s’y opposaient. “La première fois, c’était sa mère qui l’avait conduite en cours. Tout le temps du trajet, Lorène était en pleurs. Elle a fini par faire une crise de nerfs devant son collège, devant tous ses camarades. Ça ne lui ressemblait pas du tout ! Sa mère lui a demandé si elle craignait un prof ou un élève en particulier, si elle avait un contrôle à passer qui l’inquiétait, si elle était rackettée, si des gens lui faisaient du mal… A chaque fois, Lorène lui répondait que ce n’était pas du tout le cas”, rapporte Rodolphe.

La maman de Lorène abdique et prévient le père de Lorène du comportement étrange de leur fille. “Je lui ai répondu que je la conduirais en cours le lendemain, et que j’en parlerais avec elle”, se souvient Rodolphe. “J’étais confiant. Il n’y avait aucune raison que ça se passe mal, puisque durant tant d’années, Lorène avait toujours été ravie d’aller en cours. J’ai mis ça sur le compte d’une peine de cœur. J’ai pensé que son petit ami avait peut-être rompu avec elle.”

Mais le lendemain, Lorène est tout aussi paralysée à l’idée d’aller en cours. “Je n’ai pas réussi à la faire monter en voiture. Elle tremblait devant moi. Je ne parvenais ni à la calmer, ni à la rassurer, ni à comprendre ce qui la mettait dans un tel état. Je ne l’avais jamais vue réagir ainsi. J’ai fini par appeler le médecin quand elle a fait sa deuxième crise de nerfs en deux jours. Je me sentais tellement impuissant !”, déplore Rodolphe.

Une fille triste allongée sur son lit © Yuris Alhumaydy / Unsplash
Une fille triste allongée sur son lit © Yuris Alhumaydy / Unsplash

Une pause médicale d’un mois

Appelé au domicile familial, le médecin trouve une Lorène en pleurs, épuisée nerveusement. Il essaie de comprendre lui aussi pourquoi la jeune fille ne se sent plus capable d’aller en cours, mais en vain. “Elle ne savait absolument pas ce qui la mettait dans un état pareil. Elle nous a juré qu’il ne s’était rien passé de particulier les jours précédents et qu’elle-même ne comprenait pas ce qui lui arrivait”.

Avant de partir, le médecin prescrit des anxiolytiques à Lorène, en conseillant à ses parents de lui laisser faire une pause d’un mois sans aller en cours, sous prescription médicale. “Il nous a dit qu’au bout d’un mois, nous pourrions tenter de nouveau de conduire Lorène au collège”.

Accusés de laxisme

La famille s’organise alors pour récupérer les leçons et devoirs pour Lorène. Ses copines lui rendent visite, enviant un peu sa situation, et sans comprendre la détresse de l’adolescente. Du côté des parents d’élèves, on est prompt à juger. “Un jour, j’ai croisé la maman d’une amie de Lorène. Elle m’a dit que nous étions trop laxistes avec elle et que Lorène nous menait par le bout du nez. Je culpabilisais, mais je savais très bien au fond de moi que notre fille ne nous jouait pas la comédie. Pendant cette période, nous avons fait suivre une thérapie à Lorène pour qu’elle parvienne à surmonter sa phobie. Nous étions donc relativement confiants sur la suite des événements. Elle finirait bien par prendre le dessus !” explique Rodolphe.

Des cours par correspondance

Vient le retour en cours, au bout d’un mois. Rodolphe raconte : “Ça a été tout aussi impossible que la fois précédente. Là nous avons vraiment paniqué. Nous avons mis plusieurs jours à nous en remettre. Puis nous avons décidé, sur les conseils de son psy, de lui faire suivre des cours par correspondance jusqu’à la fin de l’année scolaire. Et cela n’a posé aucun souci. Lorène étudiait très sérieusement. Nous vérifiions qu’elle travaillait bien régulièrement. Sa mère, qui a un travail à horaires fractionnés, veillait au fait que notre fille soit bien en train d’étudier. Lorène a remporté son année haut la main, passant au niveau suivant”.

Une fille travaillant sur son ordinateur © Annie Spratt / Unsplash
Une fille travaillant sur son ordinateur © Annie Spratt / Unsplash

Durant l’été, alors que se profile la rentrée suivante, Rodolphe et son épouse demandent à Lorène ce qu’elle souhaite faire : retourner au collège ou continuer à suivre des cours par correspondance ? “La réponse a été claire : elle n’envisageait plus de suivre des cours en présentiel. Alors nous avons fait en sorte de respecter son choix”, assume Rodolphe.

Aucun regret

Quelques années après, les parents de Lorène n’ont aucun regret. “Certes, on nous a parfois montrés du doigt pour avoir soi-disant cédé à notre fille. Mais le psy nous a bien expliqué qu’elle n’avait pas fait un caprice, loin de là. Sa phobie scolaire la dépassait totalement. Nous l’avions aidée en trouvant une solution alternative. Elle a parfaitement réussi ses études et a aujourd’hui un travail qui lui convient totalement et où elle se rend sans difficulté”.

Nous ne saurons jamais ce qui a provoqué sa phobie. En tout cas, cela ne l’a pas freinée pour mener une vie heureuse. La seule chose que nous redoutons, sa mère et moi, c’est le jour où elle devra scolariser les enfants qu’elle aura. Mais nous n’en sommes pas là…”, conclut Rodolphe.

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