Faits divers — Montpellier

[VIDEO] Affaire Christian Puech : procès de l’écologiste agressé, le face-à-face judiciaire a commencé

L'affaire Christian Puech a débuté à l’abri des regards le long d'un chemin bordant sa propriété. Photographe, grand voyageur et fervent écologiste, l’homme, agé de 77 ans à l’époque de l’agression, avait surpris le chauffeur d'un camion benne en train de déverser illégalement des déchets. Tentant de capturer des preuves, il avait été violemment attaqué.

Devant la juge, Christian Puech persiste dans ces affirmations tandis que le prévenu conteste fermement toute implication. 

C’est une agression ultra-violente et lâche

Tout à commencé à deux pas de la propriété de “l’écologue” le 24 mai 2021. Fatigué d’alerter les autorités sur les réguliers dépôts sauvages, qui faute de preuves ne peuvent pas agir, le photographe voit son attention être attiré par un camion lourdement chargé, à proximité de chez lui. Il décide de le prendre discrètement en filature, équipé d’une caméra. “J’ai entendu du bruit, il avait déjà déverser une partie de sa benne sur le chemin. J’avais une vue plongeante sur le camion […]. À l’intérieur, j’ai vu apparaître une personne, qui semblait être au téléphone”, se souvient Christian Puech. 

Rapidement, le ton monte.“Je voulais éviter le conflit, poursuit le plaignant. Je lui ai dit que je pourrais être son père, qu’il pourrait être mon fils, que c’était une petite connerie qui avait ses conséquences. Je lui ai demandé de recharger son camion, il a refusé. Ensuite tout s’est accéléré, il s’est approché de moi très rapidement et m’a attaqué.”

Puis c’est la confusion. Au sol, Christian Puech sait qu’il est touché, qu’il a mal. Il ne se souvient pas du retour chez lui. Arrivé à son domicile, il se décide à appeler les secours. “Au téléphone, il a dit penser faire un AVC, rappelle Me Jean-Marc Darrigade, son avocat. Il a vomi du sang avec les pompiers et son hématome était volumineux. C’est une agression ultra-violente et lâche. Dans son rapport, le médecin légiste parle de ‘coup à forte énergie’, des mots qu’on retrouve parfois dans les cours d’assises, quand il y a eu meurtre… Tout ça pour un combat qu’on ne peut pas qualifier de ‘futile’ mais qui ne mérite pas un tel déferlement de violences. Vous dites ne pas le connaître, mais M. Puech est une figure de proue écolo, et on lui a cassé. Rappelons-le, M. Puech avait 77 ans quand il s’est fait agressé.”

Enquêteur malgré lui

Pris en charge par le CHU, qui identifie de nombreuses blessures nécessitant un ITT de six semaines, Christian Puech témoigne rapidement auprès de la presse. Au fil des jours, des détails reviennent, des contours s’affirment : “J’ai eu le temps de bien voir mon agresseur, il était devant moi, face à moi. J’ai pu le décrire et on a ainsi obtenu un portrait-robot. Je suis sûr à 99,9%, mes sens ne me trompent pas, j’ai reconnu sa voix, ses yeux, son visage…”, explique-t-il au tribunal. “Il doit se tromper de personne, répond le prévenu. Je dois ressembler à son agresseur, c’est tout. C’est malheureux ce qui lui est arrivé, mais je n’y suis pour rien”.

Mais alors comment Christian Puech a-t-il désigné Sébastien F. comme l’auteur présumé de son agression ? Le mystère se serait éclairci avec la réception d’un courrier délateur. “Montbazin est un petit village, presque tout le monde se connaît, avance-t-il. Parmi les habitants, il y a des écologistes qui craignent les représailles, qui n’osent pas prendre la parole. Un mois avant les faits, une de ces personnes m’a envoyé un mail indiquant qu’il y avait des travaux en cours dans la commune et qu’ils étaient réalisés par des non-professionnels. L’auteur du courrier m’a dit que j’allais sûrement découvrir des choses déposées vers chez moi.”

Après son agression, recoupant les informations, il décide de suivre la piste des travaux. “Ce courrier a permis de désigner trois maisons en chantier à Montbazin. J’ai demandé aux gens si une personne correspondant à la description que j’ai faite était sur l’un de ces chantiers et on m’a désigné la maison de la famille [du prévenu]. Grâce à cette information et Facebook, j’ai reconnu Sébastien F. sur une douzaine de photos […]. C’était quelques mois après l’agression, en juin 2021.”

La bataille des arguments : le mystère plane

  • Le camion 

Christian Puech : “La fuite rapide du camion mis en cause et l’absence de vidéosurveillance démontrent une connaissance approfondie de la zone. En interrogeant son entourage, nous avons découvert que qu’il avait travaillé dans l’usine voisine du dépôt de déchets il y a quelques années”.

Le prévenu : “Je ne connais pas la route, je n’avais pas le permis quand je travaillais dans cette usine, je me faisais conduire. De plus, je n’ai jamais travaillé avec des camions ni conduit un camion”.

  • Les travaux 

Christian Puech : “On nous a dit que ce monsieur donnait des coups de mains et travaillait au noir de temps en temps et la maison de sa grand-père était en travaux au moment des faits”.

Le prévenu : “Je n’ai pas participé aux travaux chez ma grand-mère, ni à des travaux de ce genre de manière générale”.

  • Le balisage téléphonique 

Christian Puech : “Les balises placent son téléphone à Montbazin le 24 mai 2021, jour de l’agression.

Le prévenu : “J’étais soit chez ma mère, où je réside, soit chez mon père, qui vivent tous les deux à Montbazin. J’ai passé la journée à échanger avec une jeune femme, avec laquelle je communiquais sur les sites de rencontre. J’ai des messages qui datent de cette journée”.

  • Le SMS

Christian Puech : “L’inspection de votre téléphone a révélé un SMS envoyé à Thomas D. dans lequel vous dites ‘Je suis convoqué pour violences aggravées LOL, ça doit être l’autre c**,’ un message intervenu après la visite des gendarmes à votre domicile.”

Le prévenu : “Je pensais que c’était autre chose, quelqu’un qui avait menti”.

Le Parquet requiert 12 mois d’emprisonnement

Après une heure d’échanges que cette affaire complexe, le vice-procureur Alain Octuvon-Bazile a demandé au tribunal correctionnel de Montpellier de déclarer Sébastien F. coupable des faits qui lui sont rapprochés, justifiant que “l’enquête a été menée avec solennité” et que “le portrait-robot présentait de nombreuses similarités avec le prévenu”. Le Parquet requiert 12 mois d’emprisonnement, donc 6 mois avec sursis, accompagné d’un stage de citoyenneté, à son encontre.

Pour l’avocate de la défense, pourtant, rien ne désigne son client : “On ne connaît pas l’origine des gravats […], aucun ADN n’a été retrouvé […], dans sa description, M. Puech dit que son agresseur n’a pas de lunettes alors qu’il en porte… Je demande donc sa relaxe, ainsi le rejet des parties civiles”. Outre l’épouse et la fille de Christian Puech, la commune de Montbazin a en effet décidé de se constituer partie civile, “en soutien à Christian Puech, victime d’une agression grave pour laquelle les faisceaux de preuves confirme les faits. Cette histoire a porté préjudice à l’image de la commune, nous demandons donc 3 000€ de dommages et intérêts”.

Le délibéré est attendu le 7 février 2024.

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