Entreprises — Montpellier

[VIDEO] L’Éco de l’Hérault :  “Parce qu’on est toujours le moche de quelqu’un”, la start-up PimpUp ouvre son capital

Trop gros, trop petits, tordus, avec de légères marques, derrière un physique difficile, “hors norme”, se cachent des fruits et des légumes qui ont beaucoup à offrir. Anaïs Lacombe et Manon Pagnucco, les cofondatrices de Pimp Up, l’ont bien compris et depuis février 2021 elles luttent contre toutes les formes de discrimination à leur égard. 

La genèse

C’est sur les bancs de leur école d’ingénieurs, à l’EPF de Paris, qu’Anaïs Lacombe et Manon Pagnucco se sont rencontrées en 2016. Chargées d’effectuer un stage à l’étranger pendant leur cursus, elles se tournent toutes les deux vers les Etats-Unis, une période qui renforcera leur amitié et conduira Manon Pagnucco à découvrir “Imperfect Food”, un abonnement américain visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. Leur amitié renforcée et la graine d’idée placée, les deux femmes décident d’envisager une collaboration plus poussée de retour en France : une colocation d’abord, un projet professionnel ensuite. Encouragées par les statistiques alarmantes sur le gaspillage alimentaire, elles se mettent à la recherche de l’alternative française d’Imperfect Food, en vain. La décision est prise : elles entreprendront depuis Montpellier en lançant PimpUp.

Le principe

Le principe : Depuis février 2021, Anaïs Lacombe et Manon Pagnucco, cofondatrices de Pimp Up, luttent contre la discrimination en valorisant des fruits et légumes “imparfaits”. Leur initiative propose un abonnement à des paniers anti-gaspi avec des produits (fruits, légumes et œufs) 100 % français et une livraison gratuite. Et le concept est d’une redoutable efficacité : grâce à ses 1 500 abonnés, la startup héraultaise a permis de sauver presque 300 tonnes de nourriture, tout en valorisant 60 millions de litres d’eau et 120 000 eq.C02 d’émission de gaz à effet de serre.

4 questions à Anaïs Lacombe, cofondatrice de PimpUp

Comment garantissez-vous la relation gagnant-gagnant entre vos producteurs et vos abonnés ?

A.L : Dès le départ, nous avons tenu à rémunérer au juste prix les producteurs qui, en nous choisissant, se libèrent de la contrainte du traitement du surplus et des produits non calibrés, ainsi que du poids du gaspillage, tout en ressortant gagnant. Pour simplifier au maximum leur implication, ce sont les transporteurs qui prennent déjà en charge leurs produits qui les amènent jusqu’aux deux centres de préparation de commandes, situés vers Toulouse et à Clermont-l’Hérault. Dans les deux cas, nous avons fait appel à des entités axées sur l’insertion. Dans l’Hérault, nous pouvons compter sur la Croix-Rouge Insertion pour réaliser les colis qui seront proposés en ligne. De leurs côtés, les abonnés peuvent en quelques clics avoir une indication des contenus, choisir la taille de leur commande et se décocher quand ils souhaitent ne rien recevoir pendant une période. C’est sans frais. Ensuite, il ne reste plus qu’à récupérer le panier anti-gaspi en point relais. C’est vraiment hyper simple. Notre conviction est que pour encourager la transition écologique et que tout le monde participe à la lutte contre le gaspillage alimentaire, ce doit être facile.

De quelle façon s’est déroulée votre expansion et quels sont les objectifs fixés pour les prochaines années ?

A.L : Nous avons débuté avec Montpellier, une implantation très simple pour nous parce que nous y vivons. Puis, peu à peu, nous avons ouvert des points relais dans les communes autour de Montpellier afin d’irriguer la métropole. Début 2023, nous sommes parties à l’ouest, à Toulouse, où nous avons inauguré de nouveaux bureaux. Montauban a suivi en septembre dernier. En 2024, nous allons ouvrir des points à Nîmes dans le Gard. Notre stratégie est claire : expandre de la même manière dans les grandes villes, les moyennes communes et les villages satellites. L’idée est de rapprocher le consommateur du producteur, on veut rester au plus proche sans se fermer aux possibilités qui s’offrent à nous et aux acheteurs. Un autre de nos objectifs est de revenir à la livraison écologique. Pour le moment en raison de la cadence, de la croissance et de la décision de prendre des véhicules frigorifiés, c’est difficile, mais ce sera bientôt une réalité, au printemps 2024 probablement.

PimpUp, le panier anti-gaspi qui marque les esprits ©Louise Brahiti
PimpUp, le panier anti-gaspi qui marque les esprits ©Louise Brahiti

Comment vos différentes incubations ont-elles contribué à votre réussite ?

A.L : Nous avons été incubées dès 2021 par le BIC de Montpellier. Il nous a permis de faire le lien avec les différents acteurs capables de financer des startups, en capacité de nous aider à construire les dossiers pour aller chercher des subventions, des prêts, à nous familiariser à d’autres systèmes comme des prêts d’honneur ou des obligations convertibles. Début décembre, nous avons aussi été acceptés par le jury du Village by CA, le réseau d’incubateur sur le territoire national du Crédit Agricole. Résultat, nous déménageons là-bas en janvier 2024. Toute l’équipe est très fière. Nous avons eu la chance d’être suivies par de nombreux partenaires depuis le lancement – l’incubateur du groupe La Poste French IOT, la Station F via le programme Founders et Act For Impact by BNP Paribas et EDHEC Entrepreneurs – qui nous ont permis d’avancer sur le côté financier et économique, ainsi que sur l’intégration au sein d’un système plus large.

En décembre 2023, vous annoncez l’ouverture de votre capital. Quelle est l’ambition poursuivie ?

A.L : Jusqu’à présent, Manon et moi étions les seules actionnaires de l’entreprise, mais nous savions depuis le départ que nous allions lever des fonds et faire entrer d’autres personnes. Il y a quand même 5 millions de tonnes de nourriture qui sont gâchées avant d’arriver dans un magasin chaque année en France. Il y a encore de chemin, beaucoup de produits à sauver. Nous voulons bâtir une entreprise qui a le plus d’impact possible, notamment sur le gaspillage alimentaire, donc nous lançons aujourd’hui une levée de fonds en crowdequity qui ouvre notre capital à des investisseurs non-professionnels via la plateforme Tudigo. Nous souhaitons lever jusqu’à 600k€. Cet argent nous permettra d’accélérer notre croissance, structurer nos équipes via l’embauche de nouveaux éléments, élargir notre gamme de produits, multiplier les points relais. Notre but n’a jamais été de se partager un petit gâteau à deux, mais plutôt d’avoir un gros gâteau partagé avec beaucoup de monde. 

[VIDEO] Interview d’Anaïs Lacombe, cofondatrice de Pimp Up : 

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Commentaires

  1. Nous sommes face à un problème de culture de mentalité.
    Les surfaces commerciales en Italie proposent dans leurs étales des fruits et légumes qui ressemblent à ceux que j’ai dans mon potager et verger des produits biscornus et pourtant comestibles et goûteux.
    Certes moins colorés et non calibrés.
    La culture du paraître jusqu’à dans l’assiette.

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