Faits divers

Agde - Henri Jullien nous a quittés
Une très vieille famille agathoise éprouvée.

Henri Jullien n'est plus, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre, les…

Henri Jullien n’est plus, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, les Agathois, ses amis, ses frères, ses compagnons sont venus en nombre lui témoigner leur estime pour l’accompagner à sa dernière demeure, dans cette terre agathoise qu’il a tant aimée. Il s’en est allé rejoindre Robert, son beau-frère, son inséparable ami, ils s’étaient promis de s’attendre dans cet au-delà, où, n’en doutons pas, une place de choix leur a été réservée. Avec leurs qualités et leurs défauts, (qui n’en n’a pas), ce furent des hommes de bien, aimés et estimés.

Henri, privé de ta maman dès ton plus jeune âge,  la vie n’a pas été toujours facile pour toi. Malgré ce, tu ne t’es jamais départi de ta joie de vivre. Ta belle, ta magnifique voix s’est éteinte, mais elle résonnera longtemps encore dans nos cœurs. Lequel d’entre nous n’a pas été sous son charme, quand tu interprétais, à volonté, les morceaux les plus variés ? Lequel d’entre nous n’a pas été pris, au plus profond de lui-même, lorsque, de ta généreuse voix de baryton, tu emplissais  les nefs de St-Sever ou de la Cathédrale avec la «Cantate au vin nouveau et le Minuit Chrétien ?
 Qu’ils étaient poignants ces silences quand à t’entendre, tu nous emportais tous ensemble, dans une même communion, dans l’instant même où, séparément, chacun de nous était saisi et ravi par la beauté de ton art.

Ta voix c’était celle des cérémonies, mais aussi celle des fêtes familiales, celle des retrouvailles entre copains du Club des Bons Vivants, celle qui amuse et fait vivre. Celle d’une jeunesse agathoise sachant rire et s’amuser malgré les difficultés quotidiennes de l’époque.
Ta voix c’était aussi, celle de l’inconditionnel supporter du Racing, quand elle résonnait, pleine de vigueur, dans les tribunes du stade Jean-Roger pour « houspiller » un arbitre ou un joueur adverse. C’était celle remplie de ton bon sens paysan, pour intervenir lors de nos réunions.
Henri, aujourd’hui tu n’es plus là et nous apprécions encore davantage, ces moments partagés pendant de longues années, quand chaque soir, après ton labeur et une station chez Joseph, tu venais dans mon magasin, « chercher Andrée ». Nous célébrions dans la bonne humeur la fin de la journée. Avec elle, vous aviez tous les deux, toujours un bon souvenir à rappeler, tel celui de nos papés, navigateurs, très proches l’un de l’autre. Ton Papé Crouzou  (c’était le plus jeune des Cros) qui, par ce que elle était unique, venait tous les vendredis acheter son « escabèche » chez mon Papé Capèce, pour la consommer à Marseille. (avec le Cabotage, ses marins et ses négociants, nos deux villes étaient si proches !. Souvenir, souvenir !)
Qu’il faisait bon, vous voir partir bras dessus, bras dessous, comme deux jeunes tourtereaux, le pas un peu plus lourd, l’allure moins légère qu’aux premiers jours de votre mariage, mais toujours aussi amoureux. Vous étiez bien faits l’un pour l’autre et tes éclats de voix, tes coups de colère ne résistaient jamais bien longtemps, à la tendresse d’Andrée.

Andrée, elle se souvient  de ce jeune acolyte âgé de huit ans à peine, en aube rouge et surplis de dentelle blanc, qui déjà s’exprimait à la tribune de St-Sever. Tu es encore là, devant ses yeux, elle ne t’a jamais oublié. Plus tard, avec amour et patience elle t’a orienté vers l’opéra et des morceaux plus adaptés à ta voix de baryton pleine et puissante qui l’a conquise. Avec elle tu as, de belle manière, enrichi ton répertoire Quel beau jour lorsque, à la demande de Jules Baudou, tu as interprété, à sa place, la cantate AU VIN NOUVEAU. Ce fut une réussite, ponctuée par l’émotion de la foule et l’appréciation de Jules Baudou, lui-même, regrettant que Dame Nature ne l’ait pas doté d’un timbre de voix, aussi beau que le tien. Quel hommage venant de lui !

Oui, Henri, combien d’autres à ta place, pourvus de tes immenses qualités, auraient tenté de voler vers les mirages de la capitale et les paillettes du show business ! Combien d’autres à ta place se seraient vus en haut de l’affiche ! Ta modestie naturelle, ton attachement à tes copains, à ton entourage, à ta vie auprès des tiens, t’ont retenu parmi nous, sur notre Terre agathoise.
Sur cette Terre où tu as trimé dur, travaillant « à forfait » pendant la journée, chez les gros propriétaires puis continuant ton épuisant labeur, pour tes propres vignes, sans jamais t’arrêter. Le soleil déclinant, Andrée guettait ton retour de Malfato, elle était fière de son homme, si fort, si vaillant, qui après une double journée de travail, rentrait à vélo, la sulfateuse sur le dos, toute dégoulinante de sulfate. Par la suite tu as dû, à tes propres qualités de sérieux, d’être nommé «chef de cave » pour M. Meyer à Maraval. Cela parle aux anciens Agathois.   

Henri, tu as été un grand-père et arrière grand- père, spontané, bon et généreux, avec raison tu étais fier de des petits-enfants et de tes arrière-petits-enfants. Fier de Jean et Francine qui continuera à nous enchanter de sa belle et émouvante voix, digne fille de son père.
Henri, toi, humble parmi les humbles, tu as été un humaniste et un poète amoureux de la nature, soit fier de l’héritage que tu nous laisses. Tu es allé rejoindre dans le firmament ces étoiles devant lesquelles tu aimais rêver. Henri c’est, maintenant que tu es parti, que nous apprécions combien tu as été grand dans ta simplicité. Les Agathois sont en deuil. Tu as été un vrai Agathois, sachant, à l’image de nos anciens, allier sérieux, détente et joie de vivre.
Merci Henri !
Pardonne-moi de t’avoir mis en avant, toi qui n’as jamais recherché ni les honneurs, ni la gloire, je me devais de le faire au nom de tous les Agathois, pour ta famille et pour tous ceux qui t’aiment.
Alors, tout simplement « à Dieu » Henri, je suis sûr qu’il t’a gardé auprès de lui, la place que tu mérites. Et que du haut de son ciel, il a apprécié ces paroles de La Cantate au vin Nouveau de Jean Bédos et Barthélémy Rigal que tu as si souvent chantées, dans notre si belle Langue d’Oc, pour nous tes Amis Agathois.

Avant de quitter notre terre,
NOTRE Seigneur nous a laissé
Pour consoler notre misère,
L’abri de la vigne et du blé.
A ses disciples, comme à  nous
Il dit, dernières volontés :
Aimez-vous tous, entre vous,
Comme moi, je vous ai tant aimé.

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