Agde - L' eldorado enchanteur ... par Monique Reh
Une famille sans chef de famille, un commissariat de police sans commissaire, une école…
Une famille sans chef de famille, un commissariat de police sans commissaire, une école sans directeur, un pays sans dirigeant ressemblent à un bateau ivre sans timonier sur lequel règne un climat bucolique sous une latitude enviable, un Eldorado enchanteur attirant comme un aimant les plus démunis.
Quelques uns y pratiquent un sport nouveau dénommé “letter-box slapping” qui leur permet de trouver un palliatif à leur ennui.
A chacun son punching-ball…
Eté comme hiver, des motocyclistes “débridés” offrent gratuitement des symphonies échappatoires qui bercent les nuits des citoyens.
Un nouvel art graphique se développe de façon compulsive sur divers lieux publics essayant de rivaliser avec les peintures rupestres.
Pour pratiquer leurs arts martiaux, des sportifs, vêtus de leur survêtement griffé, préfèrent utiliser la batte qui a remplacé avantageusement le gourdin des hommes prehistoriques.
La randonnée n’étant pas un dérivatif prisé par certains , ceux-ci traversent cours et jardins privés pour éviter de longs détours.
Des adolescents hilares n’apostrophent pas les quidams, ils montrent simplement l’intérêt qu’ils leur portent en vociférant des insultes.
En toute fraternité, des désoeuvrés font du “house-visiting” comme d’autres déambulent dans les musées le dimanche et empruntent les objets convoités.
Si la moindre personne manifeste l’idée saugrenue de se plaindre, elle se retrouve face à une machine à écrire aux touches roses qui carillonnent sous les MAINS COURANTES de son utilisateur.
Dans ce royaume la victime imaginaire est sanctionnée par un discours lénifiant tandis-que le harceleur potentiel tire gloire d’une impunité garantie comme un bien de consommation courante.
Au pays d’Ubu on hésite entre l’urinoir et l’isoloir pour soulager ses envies.
Monique Reh