Société — Sète Agglopôle Méditerranée

Bassin de Thau : l'association ALT veut mobiliser les citoyens à participer à l’enquête sur la LGV

L'enquête publique concernant la phase 1 (Montpellier - Béziers) se termine dans quelques jours le 27 janvier prochain,. L'association ALT, pour Alerte Lgv Thau, émanation de l'Observatoire de Thau, ne cesse de mener des actions pour mobiliser la population et les élus.

Félix Caron est le président d’ALT. A 25 ans, cet enfant du pays qui est passé par des postes à l’assemblée nationale et au niveau européen, a pris à bras le corps ce combat. Ce combat ne s’oppose pas à la LNMP car “elle est nécessaire, mais c’est le tracé qui pose un problème. Il date des années 90, au tout début de ce projet. Une époque où nous étions peut être moins sensible à l’environnement, peut-être moins dans l’échange et le collaboratif avec la population” explique Félix Caron.

Réunions publiques et actions terrains

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Opération terrain à Balaruc
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Réunion publique à Sète
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Réunion publique à Sète
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Réunion publique à Sète

Vendredi 21 janvier, une centaine de personnes étaient réunies au théâtre de la Mer à Sète. L’introduction de Félix Caron a été suivie de plusieurs interventions de Jean-Guy Majourel, premier vice-président de Sète Agglopôle Méditerranée, de Jean-François Eliaou, député de la 4e circonscription de l’Hérault, de Josian Ribes, maire de Montbazin, et de Pierre Maigre, président régional de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Plus ou moins opposés au projet, ils ont énuméré des arguments qui posent la question primordiale de revoir le tracé de la ligne. Un certain nombre de communes ont d’ailleurs délibéré en conseil municipal sur ces questions de ‘vigilance’. L’association Alt a envoyé un courrier au gouvernement (le premier ministre, le ministre des transports et la ministre de la transition écologique) avec pour objectif de rallonger le délai de l’enquête publique de 3 mois car “elle a été lancé le 14 décembre et se termine le 27 janvier, une enquête express avec les fêtes au milieu. Ce n’est pas démocratique” explique Félix Caron. Vous pouvez lire cette lettre argumentée ci-dessous. Les participants à la réunion ont ensuite échangé, argumenté. ALT va maintenant organiser des groupes de travail pour construire une solution alternative à ce tracé.

Comment participer à l’enquête publique : https://www.registre-numerique.fr/lnmp-phase-1

L’intervention du président de LPO, Pierre Maigre a particulièrement été saluée par les participants : “L’impact de ce projet sur la biodiversité est énorme. 15 sites Natura 2000 (sites naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent), 25 zones d’intérêts, 77 zones humides, 15 habitats remarquables sont impactés. De nombreuses espèces qui font l’objet de plans nationaux d’action sont menacées par la LGV. 800 espèces végétales et animales, 220 espèces d’oiseaux et 60 espèces de mammifères ainsi que 76 plantes patrimoniales sont touchées. 6 000 hectares sont concernés. C’est une crise de la démocratie et de la confiance et la LPO demande donc le retrait de ce tracé dans l’attente d’études complémentaires. Nous irons, dans le cas contraire, devant le Conseil d’État. Les zones Natura 2000 ayant été soutenues par l’Europe, l’association saisira la Commission européenne et la Cour européenne de justice. Si le tracé était approuvé, les responsables de ce projet pharaonique et mortifère ne pourront pas dire, devant le tribunal de l’histoire : nous ne savions pas.

Du côté des collectivités du bassin de Thau

Si une dizaine de maire ont co-signé cette lettre au gouvernement, d’autres ont délibéré en conseil municipal ou se sont positionnés. A l’exemple de la mairie de Bouzigues, Cédric Raja qui a réuni “un conseil municipal exceptionnel pour délibérer sur une motion contestant le tracé du projet de LGV entre Montpellier et Béziers. Cette motion concerne le tronçon traversant plusieurs communes de Sète Agglopôle Méditerranée. Motion qui a été adoptée à l’unanimité“. Les grandes lignes de cette délibération concernent “un tracé envisagé qui présente de nombreux points aux options critiquables :

  • Le manque de concertation des élus et de la population du territoire : information tardive et manque de communication auprès des citoyens.
  • Une atteinte à l’environnement de notre territoire de Thau + risque de pollution + atteinte aux ressources : le futur tracé traverse le périmètre et le captage d’eau d’Issanka, pour lequel des études sont encore en cours pour s’assurer de la compatibilité du projet, qui alimente en eau potable des dizaines de milliers d’habitants du Bassin de Thau. Des nuisances qui seront écologiques, sonores et visuelles, seront d’autant plus fortes qu’il est prévu la construction d’un viaduc de 1,4 km de long et de 28 mètres à moins d’1 km de l’étang de Thau. C’est tout un paysage qui va être gravement défiguré avec un risque de pollution important menaçant l’étang lié à la proximité de l’édification (notamment en cas d’accident ferroviaire). Nous rappelons les conclusions de l’avis de l’autorité environnementale du 22 septembre 2021, qui stipule que l’étude du dossier révèle de nombreuses carences et insuffisances de sorte que des modifications substantielles doivent être apportées au projet.
  • Une réduction de la mobilité des habitants de la commune et un impact sur l’économie locale : actuellement, les habitants de la commune ont la possibilité grâce au transport en commun ou leur propre moyen de se rendre à la gare de Sète, qui effectue 10 à 12 départs par jour. Par la réduction programmée du service Grandes lignes pour les gares de Sète et d’Agde, voire la suppression à long terme, les administrés de Bouzigues devront se rendre à Montpellier Sud de France ou Béziers, ce qui occasionnera des frais supplémentaires : essence, autoroute, parking etc. En outre, la réduction programmée de la gare de Sète va avoir un impact économique par une baisse de la fréquentation touristique.

La commune de Bessan, cosignataire de la lettre au gouvernement, a appelé sa population à participer à l’enquête publique déclarant “la commune est impactée avec la construction de la Lgv au-dessus de l’autoroute et la création d’une base travaux dans les carrières“.

Le maire de Montbazin, présent à la réunion publique de Sète, Josian Ribes, a rappelé que “il y a 2 ans, lorsque j’étais encore candidat, j’ai signé un engagement à lutter contre ce projet. Je suis donc resté proche de l’Observatoire de l’étang de Thau et de Alt. Quasiment toutes les mairies prennent des délibérations contre ce projet. Notre conseil à nous est lundi 24 janvier et nous prendrons des décisions contre ce tracé. Nous ne sommes pas contre la ligne, mais contre le tracé de la LNMP (Ligne nouvelle Montpellier Perpignan) et contre une ligne à grande vitesse. Notre ligne actuelle est dégradée, en danger. Cette ligne nouvelle doit suivre le relief et le dessin de notre territoire, donc suivre l’A9.

Jean-Guy Majourel, représentant François Commeinhes pour Sète Agglopole Méditerranée, a précisé “nous sommes sensibles aux propos que vous avez évoqués sur un projet qui est relativement structurant. Les questions environnementales sont cruciales aujourd’hui, alors qu’il y a 30 ans, au lancement du projet, elles étaient à peine ‘en éveil’. Nous avons plus de 80% d’espaces naturels classés ainsi que des terres agricoles. Un des enjeux majeurs de notre projet de territoire c’est la préservation de ces espaces. Il faut tout de même admettre que c’est le seul tronçon entre Séville et Amsterdam à faible vitesse. Nous savons également que la ligne actuelle est condamnée à horizon 50 ou 100 ans. Pour nous, ce projet présente un intérêt européen, régional et national. Peut être devrions nous maintenant se poser la question de l’intérêt local ? Notre position a été favorable à ce projet comme l’ensemble des collectivités. Nous sommes parmi ceux qui finançons le moins : 12 millions d’euros sur 30 ans. François Commeinhes a lui aussi demandé la prolongement de l’enquête publique, notamment car la question de la gestion de l’eau est primordiale pour nous et nous devons finaliser les études. Nous serons très vigilants sur trois points : la protection de la source d’Issanka, la desserte TGV de la ville de Sète (passer de 10/jours à 2/jours ce serait un intérêt inversé!) et l’impact paysager. Donc nous sommes favorables à ce projet sur son principe, mais nous sommes vigilants sur ces 3 points particulièrement et nous allons demandé l’étude d’un autre tracé.

Jean Castex annonce 816 millions d’euros pour cette LGV

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signatureLNMPNarbonne

Jean Castex a signé à Narbonne le samedi 22 janvier, le protocole qui acte le financement de la première phase de travaux de la ligne LGV entre Montpellier et Perpignan. Cela concerne le tronçon qui reliera Montpellier à Béziers. Le Premier Ministre engage ainsi un investissement de 816 millions d’euros pour la première phase du projet qui va coûter 2 milliards d’euros : “regardez la carte de la grande vitesse en France, on voit les manques” souligne Jean Castex.

Carole Delga, la présidente de région Occitanie, a déclaré, s’adressant au premier Ministre “l’importance de désenclaver la région la plus enclavée de France“, et a également rappelé que “60% des Français qui vivent à plus de 4 heures de Paris habitent en région Occitanie“.

13 partenaires
Pour Jean Castex, “il y a dans ces annonces une volonté de pacte républicain, de montrer que nous pouvons travailler ensemble“. Ce protocole mobilise les collectivités suivantes : la région Occitanie, les trois départements de l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales, Montpellier Méditerranée Métropole, Sète Agglopôle Méditerranée, Hérault Méditerranée, Béziers Méditerranée, le Grand Narbonne, Carcassonne agglo et Perpignan Méditerranée métropole. Avec l’Etat et l’Europe cela fait 13 partenaires.

Les dates de ce projet trentenaire

  • Années 90 : émergence du projet
  • 2009 : débat public ayant validé son opportunité
  • Entre 2010 et 2020 : processus de concertation continue, études de conception et acquisitions foncières anticipées
  • Janvier 2018 : rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (rapport Duron) qui retient le projet parmi les priorités d’investissement
  • Décembre 2019 : la loi d’orientation des mobilités définit le projet comme prioritaire et d’intérêt général
  • Décembre 2021 : ouverture de l’enquête publique
  • 22 janvier 2022 : signature du protocole d’intention de financement pour la réalisation
  • 27 janvier 2022 : fin de l’enquête publique
  • Avant avril 2022 : création de la société de projet (EPL)
  • Premier semestre 2023 : déclaration d’utilité publique
  • Avant 2030 : travaux du tronçon Montpellier-Béziers
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