Société — Castelnau-le-Lez

Castelnau-le-Lez, gendarmerie : Vanessa Demaria fait le point sur la délinquance et les nouveaux outils

La lieutenante-colonelle Vanessa Demaria, commandante de la compagnie de gendarmerie de Castelnau-le-Lez, détaille les principaux types de délinquance observés sur sa circonscription et les équipements dont sont désormais dotés les gendarmes.

Quel est le champ d’intervention de la gendarmerie nationale ? Les néophytes confondent bien souvent gendarmerie et police…

Vanessa Demaria : « L’une des différences provient du découpage territorial. Historiquement, les communes de plus de 20 000 habitants sont en zone police ; si leur population est en dessous, elles sont en zone gendarmerie. La gendarmerie est responsable de 95 % du territoire et de 50 % de la population, et la police est responsable de 50 % de la population sur 5 % du territoire. Pour schématiser, à l’origine du découpage, la gendarmerie est à la campagne, la police en ville. Mais ce n’est plus totalement vrai, car des communes en zone gendarmerie se sont fortement développées, comme Castelnau et les territoires périurbains.

Gendarmerie et police ont les mêmes missions, mais ne travaillent pas de la même façon. Les gendarmes ont le statut militaire (alors que les policiers sont des civils) et peuvent travailler 24 heures sur 24. Ils vivent sur place. Un brigadier est généraliste, alors que les policiers sont spécialisés : PJ, BAC… Mais les gendarmes et les policiers savent travailler ensemble de manière coordonnée, dans l’intérêt général. »

Comment la gendarmerie est-elle organisée dans l’Hérault ?

Vanessa Demaria : « L’Hérault est divisé en 5 compagnies : Castelnau-le-Lez, Béziers, Pézenas, Lodève et Lunel. C’est le général qui commande au niveau départemental (niveau préfet). Historiquement, les compagnies correspondent à peu près aux sous-préfectures ou arrondissements. Les arrondissements sont divisés en cantons qui sont en général le niveau d’implantation des brigades de gendarmerie.

La compagnie de Castelnau-le-Lez que je commande regroupe 6 brigades territoriales autonomes (Castelnau-le-Lez, Villeneuve-lès-Maguelone, Jacou/Clapiers, Saint-Gély-du-Fesc, Saint-Jean-de-Védas, Saint-Georges d’Orques), commandées chacune par un officier, qui couvrent 32 communes. Elle bénéficie de 2 unités d’appui – le Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) et la brigade de recherches (BR) – chacune commandée par un officier. Chaque brigade dispose de 23 à 32 personnels. »

Remarquez-vous des différences territoriales sur votre circonscription ?

Vanessa Demaria : « Ce qui vaut à Castelnau ne vaut pas à Villeneuve-lès-Maguelone. Castelnau est une commune qui borde Montpellier de façon directe… il y a une vraie continuité urbaine. Elle a 25 000 habitants, et est enclavée dans les terres. Au contraire, Villeneuve subit moins de pression car elle est limitrophe de Lattes, elle a une façade maritime et est beaucoup moins peuplée. Par contre, elle est confrontée à une vraie problématique estivale et à la gestion du centre pénitentiaire que ne connaît pas Castelnau.

Saint-Jean-de-Védas et Saint-Georges d’Orques sont des communes proches de Montpellier, confrontées à une délinquance périurbaine, tandis que celles situées en deuxième couronne connaissent une délinquance plus rurale… »

Quels types de délinquance sont présents sur votre circonscription ?

Vanessa Demaria : « Les atteintes aux personnes, les violences intrafamiliales… dans ce cas nous devons éviter la réitération des faits. Les atteintes aux biens : cambriolages, vols à la roulotte, vols simples (de vélos), dégradations… Tout cela représente 60 % de l’activité. Le reste consiste en la lutte contre les stupéfiants, les escroqueries. Il arrive souvent que les escrocs se fassent passer pour des gendarmes ou des policiers auprès des personnes vulnérables. Il y a aussi des escroqueries au rétroviseur. Il y a également de plus en plus de cybercriminalité. Récemment, des gens ont reçu de faux avis de contravention à payer par mail, alors qu’ils ne sont envoyés que par courrier. Les particuliers et entreprises reçoivent aussi des demandes de rançons, de faux ordres de virement… »

Comment éviter ce type d’escroqueries ?

Vanessa Demaria : « Sur Internet, la prévention est très importante. En cas de doute, il ne faut pas répondre au mail, ne pas indiquer ses codes bancaires, et consulter le site cybermalveillance.gouv.fr. Si l’on a subi une escroquerie, il le faut signaler sur Thésée, qui se charge de retrouver les escrocs. »

Votre compagnie est-elle dotée d’un pôle cybercriminalité ?

Vanessa Demaria : « Au niveau central, nous avons le Com Cyber Gend. Des enquêteurs spécialisés se penchent sur le grand banditisme. »

Certains outils pourraient-ils faciliter votre travail ?

Vanessa Demaria : « Nous avons plein de nouveaux moyens à notre disposition. Depuis quelques mois on est tous équipés d’un Néogend (téléphone sécurisé) qui nous permet de faire des choses que l’on ne pouvait pas faire avant lors d’un contrôle routier, comme consulter tous les fichiers : carte grise, assurance, recherche de personne, fichier des personnes recherchées, fichier des véhicules volés, sur place. Cela nous permet de verbaliser directement. Nous sommes aussi dotés d’un ordinateur portable Uniquity qui nous permet de travailler hors du bureau, avec une messagerie sécurisée.

En termes d’équipements, la gendarmerie est passée de pas grand chose à beaucoup. Il y a vingt-cinq ans on prenait les plaintes à la machine à écrire ! Maintenant, il faut s’approprier les outils. J’accompagne les personnels sur les évolutions. Nous disposons de beaucoup de moyens et de bonnes conditions pour travailler. Les modes de travail évoluent chez les gendarmes. Désormais, on peut aller vers les victimes et les élus ; auparavant, on les faisait venir à la gendarmerie.

Jusqu’en 2000, nous étions en chemisette et pantalon dans la rue. Nos tenues d’intervention datent de Michèle Alliot-Marie. L’institution se modernise très rapidement tout en ayant une tradition de huit siècles d’histoire. »

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