Environnement — France

COP26 et crise climatique : un climat de tension

Depuis 1979, les pays du monde entier se réunissent lors des « conférences des parties » dans le but de s’accorder sur les données climatiques et sur les actions à entreprendre. Point sur cette 26e édition qui s’est ouverte ce lundi 1 novembre.

La Conférence de Glasgow sur les changements climatiques a réuni 197 pays dans le but de trouver des accords et des plans d’action pour lutter contre le dérèglement écologique et climatique. À l’issue de la COP21 de 2015 ayant donné lieu à l’accord de Paris, les pays s’étaient engagés à limiter le réchauffement de la planète à 2°C d’ici la fin du siècle et à diminuer de 45% les émissions de carbone d’ici 2050. De plus, cet accord prévoyait une révision tous les 5 ans de ces engagements pour tendre vers un rehaussement constant de ces ambitions. Ceci apermis aux pays de se réunir une nouvelle fois.

Cinq ans après ces engagements, quel est le bilan ?

D’un point de vue national, deux évènements majeurs sont à noter : l’affaire du siècle jugée en février 2021 et la loi climat promulguée en août 2021.

Le 3 février 2021, le Tribunal administratif de Paris condamnait l’État à réparer le préjudice écologique causé par le non-respect des objectifs fixés par la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par la suite, le Tribunal administratif a estimé que l’État n’avait pas rempli ses engagements de limiter les émissions de gaz alors qu’elle s’y était engagée en 2015. Ainsi, le plafond d’émissions a été dépassé de 62 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone. Cependant, malgré les demandes des associations requérantes, le Tribunal administratif s’est déclaré incompétent à juger du caractère suffisant de l’engagement que la France avait pris. En effet, ce dernier ne peut que juger l’accomplissement des mesures.

En réaction à ce constat du Tribunal, le gouvernement a fait voter une loi dite Climat et Résilience, qui a par la suite été promulguée par le Président de la République le 22 août 2021 après un avis favorable du Conseil constitutionnel. L’objectif premier de cette loi est de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de la France ce qui, notons-le, est un engagement supérieur à celui pris par les accords de Paris par l’ensemble des pays du monde. Cette loi définit 5 axes principaux issus de la Convention citoyenne pour le climat qui a présenté ses propositions en juin 2020 : consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger et se nourrir. Pour chacun de ces axes, le Haut Conseil pour le climat sera chargé d’apprécier annuellement la mise en œuvre des mesures. Cependant, une simple action locale française ne suffira pas à atteindre au niveau mondial les objectifs nécessaires à la préservation écologique et climatique.

D’un point de vue international, un rapport paru dans le magasin scientifique The Lancet a mis en avant certains chiffres plutôt effrayants :

  • 569,6 milliards de personnes à travers le monde habitent dans des zones susceptibles d’être immergées ou inondées régulièrement à cause du réchauffement climatique ;
  • 4 millions de décès annuels sont dûs à la pollution ;
  • 19 % de la Terre subit des sècheresses en 2020 contre 5 % maximum jusqu’en 2010.

Il est clair que la situation climatique se dégrade de façon conséquente et que les actions engagées par les gouvernements ne paraissent pas suffisantes.

De son côté, l’ONU a fait paraître un rapport expliquant que, dans l’hypothèse où les engagements pris par les pays en 2015 étaient tous tenus, le réchauffement climatique serait proche d’une augmentation de 2,7°C. Il est donc urgent de prendre des engagements et des mesures concrètes pour satisfaire la préservation du climat et des écosystèmes.

En ce sens, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé tous les pays à s’engager sérieusement lors de la COP26 pour la diminution drastique des émissions de CO2 car « les gouvernements ne sont pas à la hauteur » des exigences climatiques.

Cette conférence de Glasgow est donc l’occasion de revoir les engagements des pays à la hausse. Cependant, dans un contexte géopolitique tel, les discussions peuvent être difficiles avec notamment des pays comme les États-Unis, la Chine ou la Russie qui sont les trois pays ayant émis le plus de gaz à effet de serre de 1850 à nos jours. À cela s’ajoutent des programmes colossaux de construction de mine toujours en cours dans des pays tel que la Chine qui vont à l’encontre même des objectifs définis par les accords précédents.

Quels engagements ressortent de ces premiers jours de la COP26 ?

  • Émission de méthane : 9 pays dont la France et les États-Unis se sont engagés ce mardi 2 novembre à réduire d’au moins 30 % les émissions mondiales de méthane ce qui est un engagement conséquent étant donné que ces 9 pays représentent à eux seuls plus de la moitié des émissions mondiales. En revanche, la Chine, la Russie et l’Inde qui pèsent pour le tiers des émissions mondiales n’ont pas souhaité signer cet accord.
  • Lutter contre la déforestation : Un peu plus de 100 pays parmi les participants se sont engagés à lutter contre la déforestation. Ces pays, dont le Brésil qui a été critiqué sur sa politique de déforestation massive de l’Amazonie, représentent à eux seuls 85 % des forêts mondiales.
  • La COP26 est également l’occasion pour les pays de s’entraider comme le montrent l’Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni qui ont conclu avec l’Afrique du Sud un plan de transition énergétique d’une valeur de 8,5 milliards de dollars pour que ce pays sorte des énergies fossiles dont notamment le charbon duquel elle est très dépendante.

En opposition à ces engagements, les associations écologiques tel que Greenpeace considèrent que ces derniers restent en deçà de l’urgente nécessité climatique. Il reste donc de nombreux engagements à prendre mais cette COP26 considérée comme « la COP de la dernière chance » est l’occasion pour les pays du monde entier de s’unir face au danger climatique. En ce sens, le premier ministre britannique Boris Johnson s’est estimé « prudemment optimiste » quant à la poursuite des négociations.

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