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Coworking : La Ruche veut promouvoir le travail collaboratif à vocation sociale

L’espace de coworking La Ruche Montpellier propose aux porteurs de projets orientés en priorité vers le social un cadre de vie et d’échanges favorisant les synergies. La combinaison entre bien-être et relations axées à la fois sur la solidarité et le travail porte ses fruits. Des start-up de haut niveau s’y installent, et les coopérations mises en place se traduisent par de belles réussites. Une nouvelle Ruche va ouvrir à Castelnau-le-Lez

Un espace de travail et déchanges

Offrir un espace de travail, d’échanges et de créativité ouvert aux personnes qui souhaitent apporter une réponse innovante aux enjeux sociétaux ou environnementaux, tout en favorisant la création de solutions collaboratives, telle est la vocation de la dizaine de Ruches déjà opérationnelles en France, dont celle de Montpellier, ouverte en octobre dernier. Sa fondatrice et dirigeante, Christelle Siddi, à la tête de la société Ecow, avait depuis longtemps en tête l’aide à la création d’entreprises. Titulaire en 2007 d’un doctorat de biologie végétale obtenu à la faculté des sciences de Montpellier, son parcours entre Paris et Montpellier a été immédiatement axé sur l’activité de valorisation de la recherche. « Bien décidée à créer du lien entre les entreprises et les laboratoires de recherche, j’ai été ainsi conduite à créer en 2014 un cabinet de conseil et de formation dans le domaine de l’innovation et du développement durable », explique-t-elle.

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La rencontre avec La Ruche et Alter’Incub

Parallèlement, Christelle Siddi s’intéresse à ce que fait La Ruche à Paris. Visiblement, la dimension du social et du travail mené dans un cadre mettant en avant la solidarité la séduit. En 2016, son projet d’espace de coworking est lancé. « J’avais identifié ce besoin de bien-être et d’échange avec les autres pour le créateur d’entreprise, mais je n’avais pas de compétences en ce domaine », se rappelle-t-elle. Les échanges engagés de manière plus approfondie avec les responsables de La Ruche à Paris et l’accompagnement par l’incubateur d’innovation sociale Alter’Incub lui permettent d’acquérir le bagage dont elle avait besoin.

Privilégier la bienveillance et l’entraide

Octobre 2017 sonne l’heure de la concrétisation. La Ruche Montpellier prend forme dans un appartement de 230 m2 sur 2 étages, rue Marceau. Aux petits bureaux pouvant accueillir 2 à 3 personnes, qui favorisent le lien, s’ajoutent de plus grandes salles pouvant servir d’open spaces ou de salles de réunion. Une salle d’activité et de détente ainsi qu’une cuisine complètent les installations. L’espace de coworking est ouvert à tout porteur de projet, toute entreprise existante ou association, pourvu qu’il y ait accord sur les valeurs communes de bienveillance et d’entraide. Christelle Siddi explique : « Nous avons un entretien initial avec chaque candidat à l’entrée pour comprendre son projet et nous assurer qu’il adhère aux valeurs qui sont les nôtres. Les gens sont là pour travailler, mais au moment des repas, des pauses ou des ateliers que nous organisons, ils échangent, apprennent à se connaître et éventuellement envisagent de collaborer ».

Des abonnements mensuels pour mieux se connaître

Dès l’acceptation d’un candidat, il est présenté à tous les autres coworkers. « Contrairement à d’autres espaces de coworking qui font de la location à la journée, nous ne proposons que des abonnements mensuels. C’est la condition pour que les gens se connaissent », insiste la directrice de La Ruche Montpellier. Les formules vont de 90 à 300 € par mois selon le temps de présence (de 5 jours minimum jusqu’au plein-temps) et le mode d’hébergement (en bureau partagé attitré ou en open space). Une option « bureau fermé » en accès illimité pour 700 € par mois existe également.


Une nouvelle Ruche à Castelnau-le-Lez en octobre prochain

La Ruche Montpellier fêtera son premier anniversaire en octobre. Au même moment naîtra une « petite sœur » à Castelnau-le-Lez. Cette nouvelle Ruche, également dirigée par Christelle Siddi, occupera 400 m2 sur 2 étages dans un immeuble situé sur la place Mendès-France. Les principes généraux seront les mêmes qu’à Montpellier, avec toutefois une originalité : un espace voué à un Lab qui permettra la rencontre des entrepreneurs du social avec des chercheurs scientifiques. Les premiers pourront ainsi découvrir des outils que la science et la technique peuvent leur apporter, tandis que les seconds bénéficieront de la découverte des perspectives ouvertes à l’action dans le domaine social. Avec à la clé, pour tous, une ouverture d’esprit génératrice de créativité et de collaboration.


Du « Buzz » et des ateliers de codéveloppement

L’écoute de l’autre joue un rôle majeur. Pour la favoriser, le déjeuner organisé chaque vendredi, ouvert aux personnes de l’extérieur, suscite l’adhésion des coworkers. Ils l’ont surnommé le « Buzz » car il leur permet non seulement de s’entretenir avec les personnes venues s’informer sur La Ruche, mais aussi d’échanger longuement entre eux, que ce soit sur les nouvelles, sur l’évolution du projet des autres, les difficultés rencontrées, les astuces à connaître… Autre événement rencontrant le succès, les ateliers de codéveloppement. Les coworkers qui y participent se mettent d’accord sur une problématique qui les concerne tous et travaillent collectivement à trouver des solutions. Il peut s’agir par exemple de « comment communiquer au mieux via les réseaux sociaux » ou encore « quelles étapes suivre pour mettre en place une nouvelle offre de services ».

Jouer la carte du bien-être

S’ajoutent les aides informelles. « Grâce au réseau que je connais, je peux les aiguiller, les mettre en contact avec les personnes qui sauront leur répondre », indique Christelle Siddi. Elle insiste par ailleurs sur le rôle bénéfique des activités de détente mises en place. En plus des séances hebdomadaires de yoga et des différentes activités sportives proposées, s’ajoutent les soirées conviviales. Certaines sont organisées sur le thème des jeux, d’autres avec des personnes extérieures afin de faire connaître les pratiques de La Ruche. Une semaine du court-métrage est également organisée, avec des projections suivies de débats.

Deux start-up accompagnées par le BIC Montpellier

En vue de préserver une bonne qualité de vie en son sein, La Ruche Montpellier limite volontairement son accueil à 25 postes de travail. Elle compte actuellement 17 coworkers dont 2 jeunes architectes, des développeurs infor- matiques, un manager… Deux start-up sont actuellement incubées au BIC Montpellier. Kinvent (objets connectés) conçoit des solutions innovantes pour la rééducation fonctionnelle des personnes handicapées. Son dirigeant, Athanase Kollias, a aussi la volonté de s’intégrer dans le réseau d’économie sociale et solidaire. Pour sa part, Prizle (plateforme de shopping solidaire sur Internet) propose des sites dans lesquels le e-commerçant s’engage à faire faire un don à une association ou à une organisation non gouvernementale (ONG) lorsqu’un produit lui est acheté via le Web. Dirigée par Marie Monziols, Prizle est incubée à la fois au BIC et au pôle Realis.

Déjà des succès

Les personnes restent en moyenne quatre à cinq mois à La Ruche ; ce turn-over important tient pour une bonne part aux succès. A titre d’illustration, Wissam Mimouni, ancienne coworkeuse, est la cofondatrice de la librairie des alternatives durables Fiers de lettres, qui a ouvert ses portes en juin dernier dans la rue du Bras de fer à Montpellier, avec également un salon de thé. Au cours des mois passés à La Ruche, elle a travaillé en collaboration avec une autre coworkeuse, Gwendoline Rousseau. A la tête de sa maison d’édition Edistart, cette dernière a publié en mai dernier son premier livre intitulé Ceci n’est pas un roman d’amour, d’Axelle Moanda. « Leurs échanges ont joué un rôle important, en particulier pour la prise de confiance et la réflexion sur les solutions pratiques à adopter », commente la directrice de La Ruche Montpellier.

Autre exemple, celui d’une urbaniste et d’une géo- maticienne (spécialiste à la fois de l’informatique et de la géographie), qui viennent tout juste d’être retenues pour travailler ensemble sur un projet, à la suite de l’appel d’offres d’une collectivité territoriale. Apprendre à travailler en binôme au sein de l’espace de coworking et apporter une réponse commune à l’appel d’offres ont été deux choses décisives.


La Ruche, un réseau à l’échelle nationale

Créé en 2008 à Paris, le réseau des Ruches est aujourd’hui présent notamment en région parisienne sur 5 sites, et à Marseille, Montpellier, Bordeaux, Saint-Nazaire, Nice… Les Ruches sont généralement mises en place par des porteurs de projets qui s’engagent à recourir aux pratiques créées par La Ruche originelle et à respecter ses valeurs, tout en restant dirigeants à part entière de leur espace de coworking.

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