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EasyPicky (Montpellier, Paris) facilite la vie des commerciaux de la grande distribution

La start-up EasyPicky, implantée à Montpellier et Paris, utilise l'intelligence artificielle pour mettre la reconnaissance vidéo instantanée au service de la grande distribution. Marine Bibal, cofondatrice d'EasyPicky, explique cette technologie, sa genèse et ses applications possibles…

Comment est née votre start-up ?

Marine Bibal : “Renaud Pacull et moi sommes issus de cercles d’amis communs. Au départ, Renaud avait une idée de BtoC, afin de régler un problème tout simple du quotidien. Lorsqu’il était invité chez des amis, n’étant pas spécialiste, il ne savait jamais quel vin choisir en supermarché. Il a donc décidé de créer une application à télécharger sur smartphone, permettant, lorsque la personne filmerait le rayon vins d’un magasin, que le produit le mieux adapté à ses critères préremplis (couleur, cépage, prix) lui soit signalé par l’application. Il a développé cette application en mode récréatif. Ce prototype aurait pu passer en phase de commercialisation. Mais lorsqu’il m’a parlé de son projet, en termes de marketing, nous avons estimé qu’il n’était pas facile de faire une application rémunératrice, sachant que le public préfère les applications gratuites. Un jour, il a rencontré un commercial qui faisait des relevés à la main en supermarché. Il a alors pensé que son application, réfléchie pour un usage récréatif, pouvait être développée pour les commerciaux de la grande distribution”.

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Comment fonctionne EasyPicky ?

Marine Bibal : “Le commercial n’a qu’à filmer le rayon, et notre outil reconnaît les produits dont il a préalablement noté les critères, et calcule les indicateurs. Cela révolutionne complètement la pratique des relevés de linéaires. Notre produit BtoB s’adresse aux forces de vente des industriels de la grande distribution. L’enjeu de ces relevés est de taille, car 70 % des décisions d’achat sont prises en rayon. Il faut donc que les commerciaux vendant les produits de telle ou telle marque vérifient que ces produits sont présents en rayons et bien positionnés. Les forces de vente des marques réalisent 4 à 6 visites de magasins par jour, font des relevé de produits ; ces résultats sont ensuite analysés par la maison mère, et peuvent permettre de vérifier si les enseignes respectent les négociations qui ont eu lieu précédemment. EasyPicky permet d’étayer les relevés. Une visite de commercial dure en moyenne une heure. Sur une heure, le temps de relevé peut être de 40 minutes, ce qui ne laisse plus que 20 minutes pour faire de la veille concurrentielle, parler au chef de rayon pour mettre ses produits en valeur… Le relevé sans EasyPicky est donc une étape très chronophage”.

Quelles sont les qualités intrinsèques de votre produit ?

Marine Bibal : “Notre technologie de reconnaissance vidéo embarquée a pour caractéristique de pouvoir fonctionner sans connexion réseau, depuis une simple tablette ou un smartphone. C’est d’une importance capitale, quand on sait qu’il y a souvent peu de réseau dans les grandes surfaces.”

Vous vous adressez à la grande distribution actuellement. Vers quels secteurs pourriez-vous axer un développement futur ?

Marine Bibal : “Le premier secteur qui me vient à l’esprit est l’aérospatial. Certains programmes spatiaux visent à atterrir sur des planètes éloignées de la Terre, dans des atmosphères compliquées pour des atterrissages. Lors des relevés de reconnaissance par robot avant l’atterrissage, il faut 40 minutes pour que l’ordre donné au robot lui parvienne et 40 minutes pour recevoir les données que le robot collecte. Dans ce type de cas, notre technologie peut par exemple permettre de reconnaître les cratères et donc les éviter. L’éolien est un autre secteur dans lequel notre technologie de reconnaissance vidéo embarquée pourrait être utile. On pourrait imaginer s’en servir dans la détection d’oiseaux pour faire ralentir les pales des éoliennes. Les éoliennes sont souvent installées dans des endroits perdus, où la couverture réseau n’est pas excellente, voire mauvaise. Notre système, qui fonctionne sur tablette sans connexion réseau, pourrait commander l’arrêt des pales des éoliennes. Cela pourrait s’appliquer aussi aux chaînes de production, pour les contrôles qualité : il s’agirait alors de reconnaître un produit défectueux.”

Vous vous adressez aux professionnels. Pensez-vous un jour pouvoir atteindre la cible des particuliers ?

Marine Bibal : “Nous sommes une start-up et nous avons à cœur de bien poursuivre notre croissance avec notre produit. Nous nous adressons actuellement aux industriels de la grande distribution. A ce titre, nous travaillons avec des clients en France et à l’international. Ce “terrain de jeu” nous occupe déjà énormément. On ne s’interdit rien, mais il faudrait trouver le business plan qui fonctionne autour des particuliers. Il s’agirait alors de guider le particulier dans un choix parmi un nombre de produits ou d’images très conséquent”.

Que vous apporte l’incubation au BIC de Montpellier Méditerranée Métropole ?

Marine Bibal : “Il y a des incubateurs excellents à Paris, mais nous voulions incuber notre start-up en province, où il y a moins d’effets de mode et où les profils des collaborateurs sont différents. Tout ne se passe pas à Paris, même si c’est un endroit très porteur. Les régions ont une carte à jouer pour les start-up. La temporalité très rapide, qui est caractéristique de Paris, ne nous correspondait pas. Nous avions besoin au démarrage d’un temps long pour bien mûrir notre projet et être disruptifs avec ce procédé de reconnaissance vidéo embarquée.

Etre incubés au BIC, qui s’est démarqué il y a quelques années comme le quatrième incubateur au monde sur les sujets technologiques, nous a énormément apporté en termes d’expertise et nous a apporté une vraie valeur ajoutée en nous connectant à un réseau, en nous proposant des formations très pointues et des contacts auprès de la Région et de la French Tech. Ce qui est essentiel, surtout au démarrage. L’incubation au BIC nous a ouverts sur une pluralité de possibles. De plus, le BIC a de très beaux bâtiments, de bonnes surfaces”.

Comment votre start-up a-t-elle vécu l’année 2020, et quelles sont vos perspectives pour 2021 ?

Marine Bibal : “Malgré le contexte, 2020 a été une année porteuse, car les acteurs de la grande distribution ont continué à travailler quasi normalement. 2021 s’annonce assez excitante pour nous. Nous employons actuellement 20 collaborateurs à Montpellier et Paris (où des profils spécifiques travaillent en distanciel). Nous avons pour ambition de recruter une dizaine de personnes d’ici juin 2021.

Notre volonté est d’être présents dans 3 autres pays européens et 2 du reste du monde d’ici fin 2021, en déployant notre solution au sein des filiales des marques de la grande distribution avec lesquelles nous travaillons déjà en France. Nous connaissons les codes de la grande distribution, autant continuer à développer ce secteur, en adaptant la solution pays par pays.”

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