Henri CABANEL - Le vrai combat sanitaire : C’est lutter contre les suicides des agriculteurs

« Je suis tout simplement scandalisé, et je mesure mes propos.

A l'heure où la crise viticole s'intensifie sur fond de guerre des prix, d’aléas climatiques, de concurrence parfois déloyale -car production et commercialisation non basées sur les mêmes normes sanitaires, droits sociaux…-, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, fait une pure provocation en déclarant vouloir durcir la politique sanitaire au niveau de la filière viticole.

Alors que la viticulture a été la première à s'engager dans une réforme de ses modes de production, alors que la filière a remis son plan, véritable feuille de route pour une agriculture durable, dans le cadre des États généraux de l'alimentation, ces annonces sont déplacées.

Il ne peut y avoir plusieurs postures contradictoires au sein d'un même gouvernement.

La méthode de concertation et de co construction voulue par le Ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, est anéantie en quelques petites phrases qui ne visent que le politiquement correct.

Oui il faut lutter contre l’alcoolisme, et la filière a su développer des stratégies pour relayer les messages de consommation modérée.

A l’heure de l’œnotourisme et de cette appétence des touristes mais aussi des Français pour le monde du vin, pour le métier de vigneron, déclarer que « le vin est un alcool comme les autres » c’est méconnaitre et nier toute une culture française, une tradition, une identité, une image d’excellence et une filière entière.
Ou pire, c’est les balayer d’un revers de main, pour aller dans le sens d’une société de l’interdit.

Et pendant ce temps un agriculteur se suicide tous les 3 jours.
Cela devrait être le vrai combat sanitaire de la ministre de la santé pour notre filière ».