HÉRAULT - Design : Avec ArtJL, faisons la lumière sur l’« upcycling »
Régulièrement, la rédaction d'hérault-tribune se propose de mettre en lumière des entreprises locales innovantes ou…
Régulièrement, la rédaction d'hérault-tribune se propose de mettre en lumière des entreprises locales innovantes ou créatrices d'emplois afin de leur donner un coup de pouce.
Cette semaine, nous vous proposons de partir à la découverte de Jérôme Peyronnet.
Fondateur de la marque ArtJL, Jérôme Peyronnet conçoit des lampes haut de gamme à partir de radiateurs des années 30 à 70. De l’upcycling (re)made in Montpellier. Une démarche créative, mais aussi écologique…
« Upcycler« , ou « surcycler » en français, consiste à transformer un objet devenu inutile, pour lui redonner une utilité nouvelle. Il s’agit donc d’un moyen de faire revivre des objets en les détournant de leur fonction originelle, mais c’est aussi un geste environnemental : « upcycler » plutôt que jeter. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », une philosophie qui est de plus en plus dans l’air du temps. pour les plus sentimentaux, c’est aussi une belle façon de conserver des objets techniquement obsolètes….
Vous transformez, « upcyclez » des radiateurs vintage en lampes. En quoi cela consiste-t-il ?
Je travaille à partir de vieux radiateurs que j’achète. Ils sont aujourd’hui obsolètes, oubliés dans les greniers de nos grands-parents. Mon objectif est de leur donner une seconde vie. C’est la base de l’upcycling. Ce courant désigne l’action de récupérer des objets dont nous n’avons plus l’usage afin de les faire vivre autrement.
Avec l’upcycling, je valorise ces vieux radiateurs en belles lampes design haut de gamme. Toutes sont des pièces uniques, numérotées et signées. A chaque fois que je trouve une nouvelle pièce, il y a cette même excitation, cette même émulation. Comment la transformer ? Quelle couleur lui attribuer ? Comment y intégrer un système lumineux ?
Dans mon atelier, à Montpellier, je passe beaucoup de temps à les nettoyer, les démonter, les poncer et les peindre plusieurs fois. Je suis perfectionniste. Tous les détails comptent, surtout ceux qui ne se voient pas. Ce travail est d’autant plus intéressant que j’ai été amené à travailler sur des modèles rares, parfois même sur des prototypes d’époque. Détourner ces objets est l’occasion pour moi de les réinventer, de reconsidérer leur fonction. Nous sommes tous passés devant ces vieux chauffages sans leur porter attention. Une fois leur design remis en valeur, ces radiateurs devenus lampes interpellent.
Comment en êtes-vous arrivé à créer des lampes ?
Pendant 15 ans, j’ai été chimiste en R&D (recherche et développement, NDLR) dans une start-up franco-américaine basée entre Montpellier et Boston. J’ai grandi avec cette entreprise qui a connu de beaux succès thérapeutiques parmi lesquels figurent la mise au point d’un médicament anti-hépatite B. Designer de molécules pendant toutes ces années, j’ai toujours eu en tête de créer ma propre structure dans l’art et le design d’objets…
J’ai passé le cap en 2015. Je me suis lancé après une trouvaille : celle d’un vieux radiateur rouillé et cabossé découvert dans le grenier familial en Auvergne. Il était abandonné mais son design était vraiment inspirant. Je le voyais bien chez moi, mais avec un autre aspect et une autre utilité. Une fois transformé, il a suscité un fort intérêt auprès de mon entourage. J’ai alors chiné et créé plusieurs lampes sur demande, puis communiqué sur les réseaux sociaux. L’engouement a été tel que j’ai dû rapidement me structurer viaune couveuse artistique. L’histoire ArtJL est ainsi née. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait Lavoisier. Chimiste, j’étais très inspiré par cette maxime. Elle me suit aujourd’hui en tant que designer.
Il y a, en effet, une dimension écologique dans votre démarche….
L’aspect écologique est indéniable dans mon travail. A l’heure du tout jetable, de l’obsolescence programmée, je tends à prouver que l’on peut créer des produits de qualité à partir de matériaux recyclés. Pourquoi jeter et produire à nouveau alors que l’on peut transformer ? Ma démarche est avant tout un acte citoyen et responsable.
Qu’est-ce qui plaît le plus dans vos réalisations ?
Pour certains, ces lampes sont de vraies « Madeleine de Proust ». Lors de salons, plusieurs visiteurs m’ont raconté des anecdotes autour de ces radiateurs. En voyant mes créations, ils se remémorent de bons souvenirs d’enfance. Il y a 40 ans, ils se réchauffaient auprès de ces objets. Aujourd’hui, ils éclairent leurs intérieurs. Pour d’autres, l’aspect unique prime. Vous êtes unique. Votre intérieur l’est aussi. Pourquoi avoir la même lampe que votre voisin ? Enfin, l’idée de continuer la vie d’un objet fabriqué et upcyclé en France est très importante. Loin du consumérisme à outrance, les acquéreurs de lampes ArtJL (accéder au site en cliquant ICI) soutiennent l’artisanat d’excellence local. Plus qu’une lampe, chacune d’entre elles retrace une histoire.
Propos recueillis par Vanessa ASSE