HERAULT - Politique : « La moitié des maires seront renouvelés »
L’association des maires de l’Hérault organise la seconde édition de son salon annuel, à…
L’association des maires de l’Hérault organise la seconde édition de son salon annuel, à Béziers. En marge, son président, Christian Bilhac explique que les « maires sont fatigués » et qu’ils sont dans une « machine à broyer » tandis-que leurs administrés sont de plus en plus exigeants…
« C’est un salon où chefs d’entreprises, maires et présidents d’intercommunalités apprécient de se rencontrer. Pour cette seconde édition, 75 exposants nous ont fait confiance. L’an dernier, c’était déjà une réussite avec un millier de visiteurs dont 500 élus et 150 maires. On s’attend à une participation encore plus forte », explique Christian Bilhac quelques jours avant le lancement de ce salon, au parc des expositions de Béziers, le 20 juin.
342 communes adhérentes sur 343
En plus de cumuler une longue expérience d’élu local – il est maire du village de Péret, 1 000 habitants, depuis 1983 -, Christian Bilhac préside l’Association des maires de l’Hérault (AMF34), à laquelle adhèrent l’ensemble des 342 communes du département, toutes sauf une : Béziers.
C’est pour cela que c’est davantage qu’un salon. C’est aussi un lieu où « un maire peut dire à un autre : « Tiens, tu veux faire tel chantier ? Eh bien moi je l’ai déjà fait et avec telles entreprises. Le numérique c’est bien mais rien ne vaut un maire amenant un autre maire. C’est un échange de bonne pratiques et de savoir-faire. Et aussi, parfois, un endroit où l’on peut (re)découvrir qu’il y a une entreprise très performante non loin de sa commune et que l’on ne connaissait pas. »
Pour Kléber Mesquida, président du Conseil départemental de l’Hérault” C’est presque de l’économie circulaire. Ce salon, c’est aussi, et c’est important, un échange d’expériences qui conjugue les forces du territoire. »
Présents ce mercredi lors de la présentation de l’événement, Frédéric Lacas, président de l’agglomération de Béziers, Kléber Mesquida, président du département de l’Hérault et Florence Brutus, vice-présidente de la Région chargée de l’aménagement du territoire, n’ont pas dit autre chose.
Tous y voient aussi une opportunité d’améliorer le « maillage et la cohérence du territoire », Région et Département venant abonder le financement des projets structurants de territoire. « C’est un moment privilégié d’échanges », a souligné Frédéric Lacas, par ailleurs maire de Sérignan.
Ce qui, finalement, n’existe pas beaucoup. Pour Kléber Mesquida, « beaucoup de maires ne connaissent pas l’existence de la haute technicité de certaines entreprises de leur territoire ; Parfois, ils font appel à des entreprises françaises, ou régionales, où départementales. Et là c’est excellent. C’est presque de l’économie circulaire. Ce salon, c’est aussi, et c’est important, un échange d’expériences qui conjugue les forces du territoire. »
Ce partage de vues avec la Région et le département qui participent à des projets de territoire, c’est d’autant plus important dans un climat où la décision d’augmenter encore les impôts est impopulaire et que la baisse des dotations de l’État. L’an dernier, les collectivités ont réussi à limiter à 0,9 % les progression de leurs dépenses de fonctionnement, selon l’Observatoire des finances et de la gestion publique, avec une « décélération de la reprise de l’investissement local en 2018 ». Kléber Mesquida encore : « Cette convergence, c’est aussi un partage des enjeux de territoire. » Primordial dans une ambiance de « baisse de dotation de l’État », où le « Département n’est plus un guichet ».
Pour Christian Bilhac, président de l’AMF34, “Autrefois, on ne demandait à un maire rural que l’eau arrive à tous les robinets ; que le village ait l’électricité partout et que le chemin soit suffisamment carrossé pour le tracteur de l’agriculteur du coin… »
Si les maires aiment ce genre de salon qui s’organisent un peu partout dans l’hexagone, c’est qu’ils subissent de plein fouet un changement de paradigme. « Autrefois, souligne de son accent rocailleux, Christian Bilhac, on ne demandait à un maire rural que l’eau arrive à tous les robinets ; que le village ait l’électricité partout et que le chemin soit suffisamment carrossé pour le tracteur de l’agriculteur du coin. Au pire, une petite lumière pour éclairer le jeu de boules. Aujourd’hui, c’est totalement différent : la demande des familles explose. Elles demandent des solutions pour garder les enfants quand les parents et parfois les grands-parents travaillent. »
Cette nouvelle génération d’administrés, en plus de crèches, « réclame toute une série de services et d’activités culturelles et sportives. La France rurale a des besoins venus de l’urbain. Et ce que l’on demande aux maires ruraux, c’est d’accompagner toute cette mutation de la société. Il y a 30 ans, le villages de moins de 1 000 habitants n’avaient pas de cantine. Aujourd’hui, tous en ont une ! »
Les maires restent les personnels politiques les plus aimés mais… « Beaucoup de maires sont fatigués, même si l’on est toujours meilleurs dans l’adversité, traduit Christian Bilhac. L’an dernier, je parlais du blues des maires ; eh bien cette année, ils se retrouvent dans une machine à broyer avec plusieurs marteaux qui leur tapent dessus : l’inflation des normes, des textes de lois, les contraintes financières… Un autre marteau qui leur frappe dessus, c’est la population, de plus en plus exigeante : tout lui est dû, avec la volonté de réalisation immédiate envers les élus. Tout ça va avec un égoïsme et un recours de plus en plus important vers des recours et des contentieux… »
De quoi vont accoucher les prochaines municipales ?
« Sur 342 collègues, il y a ceux qui seront frappés par la limite d’âge, dit Christian Bilhac ; et là, ça ouvre la boîte de Pandore avec des conflits possibles au sein des conseils municipaux. C’est pour cela qu’un certains nombre d’entre-eux n’annoncent rien le plus longtemps possible, pour maintenir la cohésion de leur équipe. Mon pronostic, c’est que la moitié des maires seront renouvelés aux municipales de l’année prochaine. »
De son côté, Kléber Mesquida abonde : « La société est devenue une société de sollicitation. Et souvent, on dit : « Je paie mes impôts, j’ai droit à ça. Et souvent la personne ne paie même pas d’impôt… » Le président PS du Département ajoute sa vision politique : « Il ne faut surtout pas calquer les résultats des Européennes aux municipales à venir. Il y a eu un vote de colère avec le Rassemblement national et un vote-refuge avec EELV. Au niveau communal, c’est la rencontre avec un maire, un projet et un territoire. »
Une maison médicale pour Péret et Fontès
Bien que dans deux intercommunalités différentes Péret et Fontès vont partager une maison médicale
Christian Bilhac prolonge : « On sort à peine de la crise des Gilets jaunes… Les maires selon les derniers sondages ont 76 % de bonnes intentions mais attention c’est en baisse de dix points ! Il y a indéniablement une exigence de services publics, une demande forte de la population dans ce sens. Or, maires et présidents d’agglo ne peuvent pas tout faire… » Mais ils font et parfois même quand ce n’est pas dans leurs champs de compétences obligatoires, comme la santé. « Vous comprenez, quand il n’y a pas de médecin dans un village, c’est le maire qui est en première ligne. Les gens lui lancent : « Y a pas de médecin ? Débrouillez-vous pour en trouver un ! » C’est ce qu’a fait Christian Bilhac. Et plutôt trois fois qu’une.
Grâce notamment à l’aide financière de la Région et de l’ARS (agence régionale de santé), pour le budget fonctionnement, sa commune, Péret, et Fontès vont partager, dès la fin 2019 pour la première, et un an plus tard pour la seconde qui doit engager d’importants travaux, une maison médicale bicéphale avec des locaux spécifiques dans chacune des deux communes. Coût de l’opération : 500 000 euros.« Trois médecins assureront des permanences à tour de rôle. » Tout a été prévu : kiné, pharmacie, diététicienne, podologue. « C’est une vraie offre de santé qui permet aux habitants de ne plus à avoir à se déplacer trop loin. » Une vraie réussite.
« Pour ces deux communes qui font partie chacune de deux agglomérations différentes, la communauté de communes du Clermontois et l’Agglo Hérault Méditerranée, nous avons privilégié un bassin de vie plutôt que des pures limites administratives », décrypte Florence Brutus, vice-présidente de la Région.