Jour des Défunts : vers la disparition de la traditionnelle visite à nos morts, et la création de nouveaux rituels ?
Avec la mobilité croissante des Français, qui peut assurer que la tradition du nettoyage et du fleurissement des tombes par les familles va perdurer dans les années à venir ? On est en droit de se poser la question…
Eloignement géographique et autres obstacles…
C’est un fait, nombreux sont les Français qui ne vivent plus dans leur ville natale, souvent pour des raisons professionnelles, pour se rapprocher des métropoles pourvoyeuses d’emplois ou travailler à l’étranger, mais aussi en réponse à des aspirations personnelles : suivre leur conjoint, par exemple. Parfois, ils habitent à 500 ou 600 kilomètres des tombes de leurs ancêtres. Avec un peu de chance, il reste des parents ou des oncles et tantes, voire des cousins, qui assument pour la famille entière le nettoyage des sépultures ainsi que leur fleurissement, avec des chrysanthèmes, de la bruyère, des cyclamens, des pensées…
Mais quand il ne reste plus personne pour assurer ce “devoir” familial, les tombes subissent le poids des ans et des intempéries, se dégradant progressivement… Pour pallier l’absence de famille à proximité, des sociétés spécialisées peuvent assurer l’entretien, ou des employés municipaux dans les villages.
On pourrait se demander qui, à l’avenir, prendra encore soin des tombes. Voilà pourquoi de nombreuses personnes optent désormais pour la crémation, préférant ne pas laisser peser sur leurs enfants le poids d’un entretien qu’ils ne parviendront peut-être pas à assumer. Cette solution est également adaptée aux personnes qui n’ont jamais eu d’enfant.
Inventer de nouveaux rituels pour honorer nos défunts ?
Finalement, rendre hommage à nos proches disparus passe-t-il forcément par un recueillement sur leurs tombes ? Pas si sûr. En effet, nombreuses sont les personnes, athées ou croyantes, qui disent allumer une bougie sous la photo d’un proche, ou garder son souvenir vivant sans même avoir besoin qu’il soit matérialisé par une sépulture. Nos morts bien-aimés sont dans les menus objets qu’ils nous ont laissés, dans les bons moments que nous avons vécus avec eux, dans les lieux que nous avons fréquentés avec eux dans notre enfance…
Dans cette vie dématérialisée où le numérique a pris une place importante dans la vie de chacun, il est envisageable de ne plus associer automatiquement respect des morts et visite des tombes. Chacun trouve, à sa façon, le moyen le plus approprié de se souvenir de l’autre, de lui rendre hommage… soit en marchant sur ses traces, en continuant son œuvre, en parlant de lui, en se promenant en pleine nature pour communier avec son esprit, ou en allumant une bougie ou de l’encens… Chacun de ces gestes est respectable et doit être respecté. Seule la sincérité compte dans notre relation avec nos morts…