La filière ciment crée son "Cement Lab" pour coconstruire avec les start-up
Le Syndicat français de l’Industrie cimentière (SFIC) lance le « Cement Lab », un laboratoire d’idées dédié au ciment et à son usage.
Le SFIC est l’organisation professionnelle regroupant la quasi-totalité des fabricants de liants hydrauliques : ciments, chaux hydrauliques et liants routiers. Présente en France au travers de 40 sites industriels, l’industrie cimentière – qui emploie près de 5.000 personnes et génère un chiffre d’affaires annuel de 2,1 milliards d’euros (2016) – est à la source de toute la filière béton, qui représente 67.000 emplois directs et 200.000 emplois indirects, notamment dans la construction.
Le “Cement Lab” présenté à Station F
Alors que l’industrie cimentière a célébré, en 2017, les 200 ans de l’invention du ciment par Louis Vicat – une révolution – celle-ci poursuit sa politique d’innovation avec la mise en place du « Cement Lab ». Cet écosystème vise à connecter les jeunes entreprises innovantes et le monde de la recherche académique à celui de l’industrie du ciment. L’objectif est de favoriser le transfert de technologies et valoriser les résultats de recherche en apportant un regard nouveau – celui des start-up – sur l’industrie cimentière, afin de susciter de nouveaux usages et de transformer le marché en profondeur.
Cette industrie traditionnelle, dont l’histoire est liée aux plus grands laboratoires de recherche, se rapproche ainsi du monde des start-up afin de mieux saisir les opportunités de cette transformation. Pour présenter ce nouvel outil, le SFIC a choisi Station F, lieu symbolique pour son secteur d’activité. L’incubateur de start-up est en effet installé dans l’ancienne Halle Freyssinet, un bâtiment ferroviaire révolutionnaire en son temps (1929) par son volume (310 m de long pour près de 60 m de large) et son usage inédit du béton, élément indissociable du ciment.
Impression 3D en béton
Le « Cement Lab » est réalisé pour et avec les start-up du secteur de la construction. Quelques-unes d’entre elles ont été conviées à présenter leurs projets aux récentes Rencontres de l’Industrie Cimentière. A l’exemple de Combo Solution, qui développe un outil et une méthode à destination des concepteurs et des constructeurs pour favoriser la créativité autour d’objectifs énergie et carbone qualifiés et partagés. Et la start-up 360 Smart Connect, qui imagine le béton connecté pour lier l’ouvrage à ses data, et dans le même temps aux services qui permettent notamment d’interagir avec ces données. XtreeE a, pour sa part, créé une technologie d’impression 3D en béton permettant d’optimiser les performances des ouvrages en les fabriquant sur-mesure, sans coût supplémentaire. Smart Cast propose des plaques de coffrage qui remplacent les contre-plaqués bakélisés traditionnels, en apportant de nouvelles fonctionnalités inédites au coffrage. Enfin, Airware fournit une solution drone pour permettre aux mines et aux carrières de collecter rapidement et fréquemment des images sur l’ensemble de leurs sites.
Recherches sur le cristal “alite”
Réalisé par le LSI de l’École polytechnique-CEA-CNRS en partenariat avec un fabricant industriel de ciment, et un fabricant d’appareils d’analyse, un travail sur un transfert de technologies dans le monde de la recherche académique et des entreprises doit permettre de répondre plus efficacement aux enjeux de la transition écologique. il porte sur l’identification et le suivi en cours de fabrication de la forme la plus hydraulique (qui réagit rapidement avec l’eau) du constituant principal du clinker (le « brut de cuisson ») : un cristal nommé « alite ». Ce travail contribue à une connaissance plus fine du comportement de ce cristal, et permet d’obtenir des conditions de cuisson plus régulières du clinker, et ainsi de réaliser une économie significative de matière et de combustibles. Afin de pérenniser cette démarche, des rencontres seront organisées régulièrement entre ces start-up, l’industrie cimentière et le monde de la recherche : la prochaine aura lieu d’ici septembre 2018.