L'Agathois Thierry Hély en débat sur VSD ...Faut-il interdire les corridas ?
"Le magazine VSD de cette semaine, 2 juillet 2008, page 26, consacre une pleine…
“Le magazine VSD de cette semaine, 2 juillet 2008, page 26, consacre une pleine page à un débat qui m’a opposé à une écrivaine aficionada.
Lors de ce débat, j’ai pu dire des choses dérangeantes, voire taboues. Par exemple: démystifier le prétendu héroisme des matadors, ces “demi-dieux” censés se “jouer la vie”. En fait, ils sont confrontés à un animal exangue, saigné, épuisé par la souffrance et qui ne charge pas l’homme mais une étoffe. La preuve, depuis 1948, seulement 4 matadors ont trouvé la mort dans les arènes en Europe (sources taurines). Ce qui fait un décès tous les 15 ans.
Et c’est tant mieux car nous ne souhaitons la mort de personne. Les pompiers, quant à eux, comptent environ entre 20 et 25 morts par an. Ceux-là, bien évidemment, sont de véritables héros !
Voilà donc un court extrait de ce débat dans cet hebdomadaire très lu qu’ est VSD . De surcroît en pleine période estivale. Tirage: 300 000 exemplaires.
A la veille des premiers massacres dans les arènes de Béziers, cela risque de faire grincer quelques dents…”
Thierry Hely
Chargé de communication du CRAC
Tel/Fax: 04 67 01 23 29
06 23 94 84 83
Faut-il interdire les corridas ?
En
été, des grands rendez-vous tauromachiques ont lieu dans le sud de la
France
Un art, pour l’écrivaine Marine de Tilly. Des jeux du cirque,
lui répond Thierry Hély, porte-parole du Comité radicalement
anticorrida (Crac). Débat à l’Ernest Bar du Lutetia. Article publié
dans VSD n°1610 (du 2 au 8 juillet 2008 )
OUI NON
Thierry Hely
La
corrida est la seule souffrance mise en spectacle devant dix mille
personnes. Selon Zola, «c’est la torture d’une victime désignée, avec
des badauds qui regardent».
Marine De Tilly
C’est une mise en scène de la vie et de la mort ; le taureau est combattu loyalement.
Thierry Hely
À l’époque de Néron, les pulsions de la plèbe devant un spectacle de gladiateurs devaient être très ressemblantes.
Marine De Tilly
Entre
les jeux du cirque et les corridas d’aujourd’hui, les hommes ont mis
des règles, une grammaire. Depuis, surtout, le matador Juan Belmonte,
la poésie et l’esthétique sont dans l’arène.
Thierry Hely
Ça reste une torture à mort, dans un bain de sang.
Marine De Tilly
La corrida serait la seule à se nourrir de férocité ? Et l’art ? La passion de l’amour, qui ronge, tue ?
Thierry Hely
L’animal n’a rien demandé.
Marine De Tilly
Pas plus qu’à être mené à l’abattoir. Et dans l’arène, le taureau est un demi-dieu.
Thierry Hely
Le tortionnaire devient un héros. Avec son costume, il ne ressemble pas à un bourreau en cagoule, une hache sur l’épaule…
Marine De Tilly
Le héros, c’est le taureau, pas le torero. Ensemble ils composent la partition de l’instant
Thierry Hely
Dans un décor d’apparat, l’effet de foule anesthésie tout esprit critique. On constate le même phénomène avec les hooligans.
Marine De Tilly
Vous ne retenez que les tricheurs, les mises à mort ratées.
Thierry Hely
Je
milite pour interdire les arènes aux moins de 15 ans puis pour demander
leur abolition. Mais le lobby taurin est très puissant. Au Crac, de
plus en plus de mères disent s’être fait piéger par des affiches de
jeux taurins anodins, qui étaient en fait de petites corridas, avec des
animaux massacrés. Résultat : des enfants en pleurs et en état de choc.
Marine De Tilly
Cela
relève de la responsabilité des parents. Et il y a des images bien plus
violentes sur le Net, à la télé ou dans les jeux vidéo.
Thierry Hely
C’est de la violence virtuelle, alors que là, c’est la réalité.
Marine De Tilly
Quand des enfants de 12 ans violent des gamines, ce n’est pas dans l’arène qu’ils l’ont appris.
Thierry Hely
Le
torero aurait un courage inouï mais, en cinquante ans, il n’y a eu que
quatre matadors morts en Europe. Pour vingt-deux pompiers par an, voilà
de vrais héros !
Marine De Tilly
Faut-il
mourir pour pouvoir dire qu’on est courageux ? Jose Tomas vient de
prendre une corne dans le cou à Jerez, en Espagne ; il y a quinze
jours, à Nîmes, Matias Teleja a pris deux coups de corne dans la
cuisse… Si ce n’est pas prendre des risques !
Thierry Hely
Je veux démystifier cet héroïsme du torero. L’animal a chargé non pas l’homme, mais une étoffe.
Marine De Tilly
Mais là, le taureau a chargé l’homme, pas la muleta.
Thierry Hely
Les écarteurs landais prennent bien plus de risques, car l’animal charge l’homme dans les rues.
Paul Wermus
L’animal souffre-t-il ?
Thierry Hely
J’ai réalisé un film. On y voit et on y entend de jeunes taureaux beugler de détresse et de douleur, percés de part en part.
Marine De Tilly
Vous
donnez un coup de poing à un boxeur sur un ring, son désir de combattre
est décuplé. Le taureau sécrète une hormone pendant le combat, la
béta-morphine, qui l’anesthésie, et il continue à charger
inlassablement.
Paul Wermus
La tauromachie ne fait-elle pas partie de la culture ibérique ?
Marine De Tilly
Le
premier acte taurin en Espagne date du haut Moyen Âge, et les premières
corridas du XVIIIe siècle : c’est à la fois une tradition et une
exception culturelle.
Thierry Hely
La
première corrida eut lieu en France en 1853 à Bayonne. Mais sur 90 % du
territoire, c’est puni de 30 000 euros d’amende et de deux ans de
prison pour acte de cruauté.
Marine De Tilly
Car la tradition n’y existe pas. En Normandie ou en Bretagne, ça n’aurait pas de sens.
Paul Wermus
Peut-on parler de déclin de la tauromachie ?
Thierry Hely
C’est la première fois qu’elle est en danger, et ça me réjouit.
Marine De Tilly
Non, les arènes de Nîmes affichent complet.
Thierry Hely
Selon un récent sondage, seulement 25 % des Espagnols sont pour la corrida !
Marine De Tilly
Depuis quand faut-il être majoritaire pour s’adonner à une passion ?
Thierry Hely
C’est
donc une passion coupable. Le grand torero Belmonte disait : « Parfois,
on se réfugie près des taureaux pour se protéger des hommes.?»
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Les illustrations sonores sont choisies par la rédaction à titre purement humoristique et illustratif.
Francis Cabrel!