L’Hérault doit économiser 4 millions de mètres cubes d’eau
Sous l'égide de l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, 170 participants (agriculteurs, collectivités et industriels), réunis à Montpellier le 16 mars 2017, ont fait le point sur les ressources et les besoins en eau de nos territoires. Dans un contexte de changement climatique, le constat est limpide : sans plan pour gérer durablement les ressources, les situations de crise vont se multiplier et pénaliser le développement économique sur les territoires ! Le déficit hydrologique est estimé à 80 millions de m3, soit l'équivalent de la consommation d'une ville de plus d’1 million d’habitants. Une 2e journée technique sur ce sujet sera organisée en juin 2017 en région PACA.
1,1 milliard de mètres cubes d’eau prélevés chaque année
Le département de l’Hérault, et plus largement le Languedoc-Roussillon, enregistrent un déficit hydrologique estimé à 80 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de plus d’1 million d’habitants, et connaissent des situations de manque d’eau à répétition.
Alors que les précipitations enregistrent une baisse de 16 % à Sète depuis 40 ans et même de 24 % l’été, avec des sécheresses en progression, une étude de Météo France sur l’évolution du climat depuis 50 ans en Languedoc-Roussillon montre une hausse des températures de 0,3°C en moyenne avec une accentuation depuis 1985, et une prévision d’environ + 4°C à l’horizon 2100, s’il n’y a pas de réduction forte des émissions de gaz à effet de serre.
57 % des territoires du sud de la France sont en déficit d’eau chronique. Des projets d’économie d’eau, notamment par la mise en place de plans de gestion de la ressource en eau (PGRE), nécessitent une concertation entre les acteurs d’un même territoire. Les solutions sont à portée de main, estime l’Agence de l’Eau.
Un litre d’eau sur quatre n’arrive pas au robinet
Les solutions sont connues dans certains cas, et l’on peut s’étonner de la lenteur de la prise de conscience générale. Ainsi, en ville, la vétusté des réseaux d’eau potable et d’irrigation fait qu’un litre d’eau sur quatre n’arrive pas au robinet. Dans les champs, l’irrigation gravitaire est surconsommatrice en eau (soit 4 fois plus d’eau que l’arrosage par aspersion ou au goutte à goutte). Le changement de techniques culturales et de process industriels pour recycler l’eau permet également des économies d’eau.
L’exemple du PGRE audois
Dans l’Aude, par exemple, où la question agricole est centrale (75% des prélèvements vont à l’agriculture, contre 5 à 10% pour l’eau potable de 350000 habitants) le diagnostic de 2011 à 2013 a confirmé un déficit chronique de 37 millions de m3 d’eau de juin à octobre. “En un demi-siècle, nous avons perdu 2 m3 d’eau par seconde à l’embouchure de l’Aude”, explique Jacques Chabaud, directeur de l’Etablissement public territorial de bassin de l’Aude. La profession agricole s’est fortement mobilisée pour construire le plan de gestion de la ressource en eau (PGRE) de l’Aude, adopté en janvier dernier. Avec 87 actions, il cible en priorité les économies d’eau, avec un potentiel de 33 millions de m3 d’ici à 2021, “soit 90 % du déficit, note Jacques Chabaud, qui seront majoritairement gagnés en colmatant les fuites dans les canaux et en restaurant les prises d’eau du réseau”. Le 2e pilier de ce plan est de compenser les volumes prélevés, en lâchant de l’eau de certains barrages quand le débit est trop faible en été. C’est une ressource de 23 millions de mètres cubes.
Des projets financés jusqu’à 80 % par l’Agence de l’Eau
Les PGRE facilitent l’accès à certaines aides de l’agence de l’eau. Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, précise : “les PGRE s’appuient sur un diagnostic, pour engager une démarche collective et programmer des mesures adaptées à la fois aux acteurs et au territoire. Ils deviennent le passage obligé pour déclencher des aides de l’agence pour les projets de substitution de la ressource en eau”. Les aides peuvent monter jusqu’à 80% du montant des dépenses, pour les projets les plus divers : études ou travaux, réfection de réseaux d’eau potable ou de canaux, passage de l’irrigation à l’aspersion ou à l’arrosage au goutte-à-goutte, changement de process industriel, construction de retenue collinaire, substitution d’un captage par un autre… L’Agence de l’Eau est un établissement public de l’Etat sous tutelle du ministère de l’Environnement, dédié à la protection de l’eau et garant de l’intérêt général. Elle emploie 370 personnes en France et dispose d’un budget annuel d’environ 500 millions d’euros.
Plus d’infos sur l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse sur www.eaurmc.fr
Un appel à projets “émissions industrielles”
L’Agence de l’Eau relance son appel à projets “émissions industrielles”. Doté de 7 millions d’euros, cet appel à projets vise à aider les industriels à réduire leurs émissions de polluants dans l’eau et à répondre ainsi aux futures normes de l’Union européenne. Il s’adresse aux entreprises soumises à la directive “émissions industrielles”, dite IED. Les bénéficiaires verront leurs projets financés jusqu’à 40%. Le dépôt des dossiers est ouvert jusqu’au 15 septembre 2017.
Pour en savoir plus : http://www.eaurmc.fr/emissionsindustrielles.html