Sports — France

Octobre Rose, 1 marathon par jour : défi réussi pour le Biterrois Claude Cazes

Après 28 jours d'efforts et de douleurs, le Forrest Gump français est arrivé ce samedi 29 octobre à Bray-Dunes, la commune située le plus au Nord du pays.

Après 4 semaines intenses au cours desquelles le sportif a réalisé un marathon par jour, soit 42 kilomètres en courant, Claude Cazes peut enfin souffler et célébrer l’accomplissement de ce défi qui, sur le papier, semblait insurmontable.

Jour 20 (vendredi) : de Château-Landon à La Rochette

Claude Cazes : “Hébergé à la dernière minute par un des adjoints de la mairie de Château-Landon et sa compagne, j’ai repris la route reconnaissant, heureux d’avoir fait une nouvelle rencontre exceptionnelle. Durant les 21 km de la matinée, j’ai passé mon temps à courir sur des routes départementales. Il y avait énormément de circulation, mais les automobilistes étaient calmes et ils prenaient leurs précautions pour ne pas rouler trop près de moi. J’ai quitté la route pour faire une halte dans le petit village de Grez-sur-Loing et je me suis mis à la recherche d’une fontaine. Pour me renseigner, j’ai interpellé une habitante et qui m’a dit ‘si c’est juste pour vous rincer les pattes, j’ai un arrosoir’. Elle m’a accompagné chez elle et m’a installé une chaise en plastique dans son jardin avec le fameux arrosoir. Grâce à Antoinette, j’ai pu refroidir mes articulations et avoir une discussion passionnante. Après mon sandwich, je lui ai dit que j’allais faire des étirements dans son jardin et elle a pris le temps de me sortir un tapis de sol. C’était fou d’avoir autant de petites attentions de la part d’une personne que j’avais croisée quelques minutes plus tôt. Cerise sur le gâteau, elle m’a proposé une part de gâteau et une orange pour mon goûter.

cazes champ
cazes champ

La deuxième partie de ma journée s’est passée comme la matinée, sur la route, mais cette fois-ci les environs étaient très verts car je me trouvais à proximité de la forêt de Fontainebleau. Par contre j’ai eu l’estomac retourné tout l’après-midi à cause d’un jus de fruit. J’ai vomi plusieurs fois, ce qui n’a pas aidé ma course. Mon état a ralenti ma course et plutôt que d’arriver vers 17h comme à mon habitude, je suis arrivé à La Rochette vers 18h. Pour cette nuit, la mairie m’a mis en contact avec le camping La Belle Etoile qui venait de fermer pour la saison et qui a fait une exception pour moi. Les gérants m’ont laissé gratuitement un mobile home qu’ils avaient entièrement préparé, un vrai confort.”

Jour 21 (samedi) : de La Rochette à Bussy-Saint-Georges

Claude Cazes : “J’ai passé une excellente nuit dans le mobil-home qui m’a été si gentiment prêté. Puis je suis partie en courant de La Rochette direction Bussy-Saint-Georges en passant par Melun centre, ce qui m’a permis de prendre un sandwich pour déjeuner le midi. Arrivé à ma première halte, j’ai rencontré un homme adorable, qui, au lieu de me laisser aller à la fontaine, m’a proposé, comme la dame précédente, de me rafraîchir dans son jardin avec un arrosoir. Puis je suis allé à un bar boire un coca, pour apaiser mes douleurs au ventre, et faire une microsieste dans un parc. Puis je suis reparti.

cazes bussy saint georges
cazes bussy saint georges

J’ai enfilé pas mal de kilomètres le temps de traverser Melun, qui est une ville assez grande. Puis, jusqu’à la fin de la journée, j’ai couru sur des départementales. Je pensais qu’il n’y aurait pas trop de circulation un samedi, mais par endroits, si. C’était boisé de chaque côté, donc très agréable à parcourir. J’ai vu des panneaux annonçant que des sangliers ou des cerfs pouvaient traverser la route. Grâce à mon amie Léa qui a appelé une ostéopathe pour prendre rendez-vous pour moi à mon arrivée à Bussy-Saint-Georges, j’ai pu être manipulé de A à Z. J’en suis ressorti bien plus léger qu’en entrant. Ça m’a fait énormément de bien. Je ne m’y attendais pas, donc je dis un grand merci à Léa, une amie de très longue date qui travaille à Vincennes à la garde nationale dans la gendarmerie pour cette surprise. Léa et Nicolas m’ont hébergé pour la nuit. J’ai parcouru 882 km depuis le début de mon périple. Il ne reste plus qu’une semaine avant mon arrivée à Bray-Dunes, ma destination finale”.

Jour 22 (dimanche) : de Bussy-Saint-Georges à Mont-l’Evêque

Claude Cazes : “Pour moi, ce 22e jour de course a été la pire journée depuis le début de ce marathon. Je suis parti de Bussy-Saint-Georges en pensant repartir tout frais après la séance d’ostéopathie. Mais une petite douleur au genou gauche s’est déclarée. J’ai eu du mal à trouver une boulangerie ouverte un dimanche sur le chemin, mais j’en ai trouvé une. Sur la route, des avions passaient toutes les dix minutes au-dessus de moi, et le paysage n’était pas fabuleux. A mi-parcours, je me suis arrêté. J’ai vu une fontaine. J’étais aux anges de pouvoir mettre de l’eau froide sur mes jambes car j’avais de plus en plus mal au genou. Je suis resté une demi-heure sous l’eau, j’ai mangé un sandwich, puis je me suis assis sur un banc. J’ai appelé ma compagne et mes enfants pour leur raconter ma matinée difficile et plus longue, puisque d’habitude je faisais un kilomètre en sept minutes, et là je l’ai fait en huit, à cause de la douleur. Puis j’ai fait une micro-sieste de quinze minutes, et j’ai repris.

cazes cheval
cazes cheval

Après le troisième kilomètre de l’après-midi, j’ai ressenti des douleurs atroces au niveau du genou, intérieur et extérieur. Au cinquième kilomètre je suis arrivé dans une commune dont j’ai oublié le nom. Je n’avais plus d’eau. J’ai demandé à une dame âgée si je pouvais remplir ma bouteille. Elle a vu que je souffrais. Pour me remonter, elle m’a proposé une crêpe. Je me suis assis près de sa maison. J’ai mangé la crêpe. Elle m’a donné du citron, très bon pour faire remonter les sportifs. Elle m’a vu me masser la cuisse, et m’a proposé des glaçons. Quelle générosité ! Je les ai placés sur ma cuisse pendant un quart d’heure et l’ai beaucoup remerciée de sa solidarité. Elle a dit qu’elle me suivrait sur les réseaux sociaux. Je suis reparti, j’ai fait 10 km. Puis j’ai dû m’arrêter tous les 5 km pour faire des étirements, travailler sur la respiration, tenter de faire passer ces douleurs. Ça a fonctionné jusqu’au soir. J’ai traversé des bois avant d’arriver à Mont-l’Evêque. J’ai fini ces 42 km de la journée sur les rotules. J’ai rejoint mon hébergement, en espérant que la nuit pourrait m’aider à me remettre. Je me suis dit : ‘Je n’ai pas envie d’arrêter. Demain matin il fut absolument que je sois en forme’. À Mont-l’Evêque, j’ai été accueilli par Lucie et Kamel dans une chambre d’hôtes. La chambre était payante, mais ils m’ont offert un Coca, des gâteaux apéritifs. La famille était au complet. Ils ont deux enfants. Ce fut une belle rencontre. Nous avons dîné ensemble de la soupe, puis des spécialités bretonnes, des crêpes salées jambon-fromage-champignons et nous avons fini par un crumble délicieux.”

Jour 23 (lundi) : de Mont-l’Evêque à Cuvilly

Claude Cazes : “Parti de la chambre d’hôtes, je me suis dirigé vers Cuvilly. Je ne cours presque plus à cause de la douleur au-dessus du genou. Ça a un peu enflé. Je veux préserver mon genou et qu’il désenfle pour essayer, au moins sur le final, le dernier jour, de faire le dernier semi-marathon en trottinant. Ce serait une belle chose. Les paysages étaient très simples, beaucoup de champs de tournesol, de maïs… A la pause il n’y avait pas de fontaine, malheureusement, mais j’ai fait des étirements. Je garde le moral et le sourire.

cazes cuvilly
cazes cuvilly

Je préfère ralentir pour arriver de façon certaine à Bray-Dunes. Une fois arrivé à Cuvilly, monsieur le maire avait réservé une chambre, un dîner et un petit-déjeuner pour moi dans un relais routier appelé La Campagnarde. Tout cela aux frais de la mairie de Cuvilly. Je remercie infiniment le maire Franck Odermatt. Les routiers ont été très chaleureux avec moi. Ils ont écouté mon histoire et m’ont tous dit que je serais très bien accueilli et que je trouverais toujours un hébergement à Bray-Dunes car les gens du Nord sont très accueillants”.

Jour 24 (mardi) : de Cuvilly à Villers-Carbonel

Claude Cazes : “Le 24e jour, je suis parti de Cuvilly après une bonne nuit. Je devais me diriger vers Dompierre, où j’aurais dû être hébergé au gîte de L’Atrium, mais il était complet. La commune de Dompierre n’a répondu à aucun de mes mails et de mes appels. Donc j’ai réservé une chambre pour le soir à Villers Carbonel. La journée n’avait pas bien commencé, avec des douleurs au niveau des chevilles (releveurs de marche). Le genou gauche était en très nette amélioration. J’ai pris beaucoup de chemins de traverse, avec sur les côtés des champs pleins d’éoliennes. Sur les descentes goudronnées je trottinais, ce qui me permettait d’avancer à un rythme légèrement plus soutenu que la marche des jours précédents. Sur mon passage, j’ai trouvé une boulangerie. J’ai mangé un pain bagnat à midi en plein milieu des champs. Il faisait beau. J’avais mis mon poncho de pluie car il y avait de petites averses. En franchissant un pont au-dessus d’une autoroute, ma casquette s’est envolée. J’y tenais beaucoup car je l’ai utilisée depuis le début de ce défi. Je suis allé vers Villers Carbonel, un endroit assez vivant. J’étais attendu par mes hébergeurs, qui m’ont accompagné jusqu’à chez eux. Lors du repas du soir et du petit-déjeuner ils m’ont mis à l’aise. J’étais en condition pour un repos total”.

cazes villers
cazes villers

Jour 25 (mercredi) : de Villers-Carbonel à Beaurains

Claude Cazes : “Mon marathon du jour s’est déroulé sous des champs d’éoliennes, au milieu de terres agricoles de la Somme, ponctués par de très nombreux monuments. Lors de ma pause, à Thilloy, j’ai eu de la chance puisque je suis tombé sur une fontaine pour effectuer le rituel qui me permet de tenir depuis le début de cette aventure. J’ai décidé de prolonger ma micro-sieste de 5 minutes, car mon corps me signale que j’en ai davantage besoin. Le repos de la nuit ne suffit plus. J’ai également réduit mon allure drastiquement due aux douleurs que je ressens aux chevilles. J’alterne désormais entre la marche et le trot. Au cours de la journée, j’ai eu beaucoup d’échanges avec la secrétaire de la commune de Beaurains, où je devais passer la nuit. Heureusement qu’elle s’est montrée à l’écoute, car la mairie n’a pas été en capacité de me trouver un hébergement. Grâce à elle, j’ai pu réserver dans un hôtel situé à proximité de la commune, qui m’a fait une ristourne pour montrer leur solidarité par rapport à mon engagement.”

Jour 26 (jeudi) : de Beaurains à La Couture

Claude Cazes : “Le défi de ce jeudi était de relier Beaurains à La Couture. En prêtant attention, je remarque de plus en plus de détails qui distinguent cette région du Sud, par exemple ici il n’y a pas de circulades, les habitations sont construites de chaque côté de la route de manière linéaire. Je tombe aussi très régulièrement sur des monuments historiques et des cimetières dédiés à la Première Guerre mondiale. Sur mon trajet, je suis malheureusement tombé sur des paysages de désolation, causés par la tornade qui a frappé la Somme et le Pas-de-Calais dimanche dernier. C’était impressionnant de voir les dégâts engendrés.

cazes
cazes

À midi, je me suis arrêté à Aix-Noulette, dans le département du Pas-de-Calais. Dans ce village, comme les précédents, impossible de trouver une fontaine dans laquelle me rafraîchir. Pour compenser, je fais beaucoup plus d’étirements et je continue de prolonger ma micro-sieste, qui dure maintenant 20/25 minutes. J’ai ensuite repris la route direction La Couture. Comme la veille, j’ai mixé marche et trot afin de préserver mes articulations. Je garde un rythme assez soutenu pour ne pas arriver trop tard. Alors que je prenais auparavant 2h30 pour chaque semi-marathon, soit 5h de course par jour, j’atteins aujourd’hui les 3h30, soit près de 7h dans la journée. C’était un vrai soulagement quand je suis arrivé chez Isabelle et Christian, les propriétaires de la chambre d’hôte La Parenthèse, qui avaient gentiment proposé de me loger. Ils m’ont offert confort et discussions passionnantes. Il faut dire que Christian, ancien gendarme, a lancé un club de course à pied… Autant dire qu’on a bien échangé.

Jour 27 (vendredi) : de La Couture à Oost-Cappel

Claude Cazes : “Ce vendredi, je suis parti de la chambre d’hôte La Parenthèse, dans la commune de La Couture, où j’avais été accueilli la veille par de généreux hébergeurs. Après les avoir quittés, j’ai démarré ma course direction Oost-Cappel. Mon parcours s’est déroulé au milieu de paysages paisibles, très agréables. J’ai également eu une interaction qui m’a démontré le niveau de gentillesse des locaux. En effet, alors que je m’étirais sur le côté de la route pour faire disparaître mes douleurs, devenues intenses, un jeune à scooter a fait demi-tour pour me demander si j’avais besoin d’aide. Je l’ai remercié de l’intention et je l’ai rassuré, c’était formidable de voir ce type d’attention.

Claude Cazes
Claude Cazes

Après mon arrêt à Caestre, j’ai dû affronter un certain nombre de dénivelés positifs et négatifs qui ont augmenté mes douleurs aux chevilles. Du coup, tout au long de mon trajet, j’ai modéré mon rythme en courant 2 km entre chaque 4 km de marche. Cela m’a permis d’avancer plus vite que les jours précédents et d’arriver plus tôt que prévu dans le gîte de François où je suis logé ce soir. Arrivé sur place, sa famille et lui m’ont proposé d’aller observer les regroupements d’oiseaux qui se trouvaient à proximité, c’était très agréable. Cerise sur le gâteau, j’ai trouvé une solution pour la casquette perdue quelques jours plus tôt. Une personne vivant à proximité vendait une casquette rouge à 1€ sur le Bon Coin. Je lui ai expliqué ma situation et elle est venue me l’apporter à l’hébergement. Grâce à elle, je pourrai arriver dans la tenue complète de Forrest Gump demain.”

Jour 28 (samedi) : de Oost-Cappel à Bray-Dunes

Claude Cazes : “Quand j’ai démarré mon marathon du jour, c’était avec une certitude : quoiqu’il en coûte, j’allais finir le défi. En partant, j’avais prévu de courir tout au long de la journée mais la réalité m’a rapidement rattrapé. Au bout de 5 km, la douleur est devenue insurmontable, j’avais l’impression de recevoir des coups de marteau au niveau des chevilles. Je me suis arrêté sur le côté pour tenter de réduire la douleur. Là, j’ai reçu la visite de Gérard et sa compagne, les hébergeurs de Peyriac-de-Mer qui ont décidé de monter dans le nord pour célébrer la fin de mon aventure avec moi. Ils m’ont trouvé sur le bord de la route et ont pris le temps de me réconforter. Remotivé, j’ai attrapé mon chatterton pour faire un strap sur mes chevilles. Je suis reparti avec un rythme soutenu, je ne ressentais plus aucune douleur, sûrement grâce au mélange de strap et d’adrénaline. Si bien que j’ai pu courir sur une bonne portion de la route. Quand je suis arrivé sur la plage de Bray-Dunes, la commune située le plus au nord de la France, terminus de mon défi, j’ai été accueilli par des proches, des soutiens, des élus et des curieux. Il se trouve que mon arrivée avait été annoncée dans un journal local la veille.

Aujourd’hui, je termine mon aventure heureux et satisfait. Nous avons réussi à récolter près de 2 000 € grâce aux 1154 km courus au cours de ses 28 jours d’aventure. Elle n’aurait pas été possible sans le soutien indéfectible de ma famille, des sponsors et des personnes qui m’ont suivi sur les réseaux sociaux jour après jour. J’espère que le message que j’ai porté lors de ce défi en partenariat avec la fondation Arc aura été compris : il est important de se faire dépister pour prendre les cancers de vitesse. J’ai perdu mon père de la maladie il y a 23 ans et il est important de partager, d’échanger et agir pour éviter que ce genre de drame se reproduise. C’était mon héros et aujourd’hui j’espère être celui de mes enfants.”

Aidez Claude Cazes et la Fondation ARC dans leur aventure

Vous voulez aider Claude Cazes dans son effort ? Une cagnotte est disponible sur le site de la Fondation ARC : collecter.fondation-arc.org/1200-km-pour-octobre-rose. Les bénéfices récoltés seront transmis à l’association, dont la mission est de lutter contre le cancer par la recherche.

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