Aude

Portrait de l'Aude : Pierre Vera, cheville ouvrière de l’artisanat

Pierre Vera à la défense de l'artisanat chevillée au corps. Président de la Chambre des métiers de l'Aude depuis 2016, il œuvre auprès des artisans depuis plus de trente ans au gré de ses différentes fonctions représentatives. Portrait d'un passionné multi-casquettes.

Les rouages de l’artisanat n’ont plus aucun secret pour Pierre Vera. Celui qui a passé sa vie les mains dans le cambouis sait se remonter les manches quand il s’agit de porter la voix des artisans et petits commerçants. « C’est mon bâton de pèlerin », résume-t-il modestement. Et son CV le prouve. Aujourd’hui président de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de l’Aude et trésorier de la CMAR Occitanie depuis novembre 2016, il a, avant cela, enchaîné les fonctions syndicales et sociales. Président de la Fédération nationale de l’automobile 11, vice-président de l’Union professionnelle artisanale Languedoc-Roussillon, vice-président de la caisse sociale des travailleurs indépendants Occitanie… La liste est longue comme un jour sans commande pour un artisan.

S’impliquer pour transmettre

Il est loin le temps où ce jeune mécanicien ouvrait son garage à Moussan, en 1977, du haut de ses vingt-ans et de toute son inexpérience dans le métier. Tant est si bien qu’à aujourd’hui 68 ans, Pierre Vera laisse le soin à d’autres de réparer les moteurs. « Même pour une roue crevée, je vais voir la concurrence à présent », plaisante-t-il. Par contre, ce qui n’a pas changé depuis bientôt trente ans qu’il est élu à la Chambre des métiers de l’Aude, c’est son engagement pour la défense des artisans.

« Quand j’ai commencé, à 20 ans et demi, j’ai été confronté à plusieurs problèmes que j’aurais pu éviter si j’avais été conseillé, explique ce fils de viticulteur, passionné de mécanique depuis l’enfance. Les anciens voyaient d’un mauvais œil l’installation d’un petit jeune. Les artisans, à l’époque, se voyaient comme des concurrents alors qu’aujourd’hui, ils se voient avant tout comme des collègues, de possibles collaborateurs. C’est pour cela que je me suis impliqué, pour transmettre ce que j’avais appris dans ma vie professionnelle et syndicale. »

« La maison des artisans »

Pour cela, il ne peut qu’encourager « les artisans à passer la porte de la CMA quand ils créent leurs entreprises et y venir ensuite tout au long de la vie. La Chambre des métiers, c’est la maison des artisans, répète-t-il à l’envie. Elle est à leur côté pour les accompagner dans la création de leurs entreprises, leurs développements et leurs difficultés. » Problème, ils se décident souvent à franchir le seuil de la CMA « lorsqu’il est trop tard pour agir » (un phénomène que l’on retrouve par ailleurs dans les tribunaux de commerce). « Comme je dis souvent, si les gens venaient plus tôt…. On peut être un très bon professionnel dans son métier et ne pas être un bon gestionnaire« , observe Pierre Vera.

« Tout un panel de formations »

Si l’inscription à la CMA est obligatoire, les stages de Préparation à l’installation (SPI) sont facultatifs depuis la loi Pacte du 24 mai 2019. Les artisans peuvent toujours suivre des formations avec la CMA – entre 50 € pour la plus basique, 1 850 € pour le package complet – prises en charge par le Fonds d’assurance formation des chefs exerçant une activité artisanale (FAFCEA) ou éligibles au CPF, pour acquérir les connaissances nécessaires à la gestion de leurs entreprises. « Il faut franchir la porte, insiste son président. On propose à chacun un accompagnement adapté, nous avons tout un panel de formations et de services. Même le chef d’entreprise qui a un projet mûrement réfléchi, on lui apporte des éléments auxquels il n’avait pas pensés. On peut également présenter un dossier à la plateforme « Initiative France » pour lui obtenir un prêt à taux zéro. Cela peut aller de 5 000 € à plus de 20 000 €, voire plus. Et les entreprises accompagnées le sont pendant trois ans. »

Coup de gueule

La route ne s’arrête cependant pas là pour le pèlerin. Il y aura toujours des batailles, toujours des coups de gueule à pousser pour faire entendre la voix des artisans et des petits commerçants. Dernier en date : la conférence territoriale d’octobre dernier devant les élus locaux et les représentants de l’Etat. Evoquant la baisse des contrats courts ou le manque de soutien auprès des apprentis, Pierre Vera a estimé « que si le gouvernement voulait tuer les Chambres de métiers et de l’artisanat, il ne s’y prendrait pas autrement ». Dans l’Aude, la CMA compte 14 459 établissements au 1er janvier 2024 (36 % pour le bâtiment, 14% pour l’alimentaire, 36% pour les services et 13% pour la fabrication).

Le problème, reprend-t-il aujourd’hui, « c’est que les inscriptions à la CMA ne couvrent pas tous les frais d’une chambre. Pour accompagner ces entreprises, il faut des moyens, il faut aller chercher des financements. Or, ce sont les agglomérations et les communautés de communes qui détiennent les compétences économiques, elles peuvent financer des actions pour accompagner les artisans. Il y a des des départements en Occitanie où les CMA arrivent à signer des conventions avec les collectivités, dans l’Aude, c’est un peu plus compliqué », assure celui qui a, par sa fonction de trésorier de la CMA régionale, le nez dans les comptes en permanence…

Que les artisans audois se rassurent, plusieurs conventions sont tout de même en cours de signature dans l’Aude avec le Département, l’Agglo de Carcassonne et la Ville de Carcassonne. Pierre Vera n’est pas encore prêt à lâcher son bâton de pèlerin.

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