Entreprises

RESO 2019 : les entreprises face au digital et au numérique

Lors des premières rencontres économiques et sociétales d’Occitanie RESO, qui se sont déroulées le 14 mai dernier au Corum, au débat visant à éclairer les pistes ouvertes par le numérique et le digital sur la transformation des entreprises et la création de nouvelles activités, se sont ajoutés les témoignages de plusieurs responsables de sociétés basées en Occitanie.

Le débat sur la transformation des entreprises et l’élargissement des activités par le numérique et le digital a permis de mettre en lumière plusieurs facettes de la problématique. Tous les intervenants s’accordent à reconnaître qu’il est important pour les responsables d’entreprise de consacrer du temps à cette question, y compris pour les TPE, qui ne disposent pourtant que de peu de ressources. L’angle d’approche doit changer : le changement technologique n’a plus à être le moteur central de l’innovation, mais il s’agit de recentrer la réflexion sur la mission de l’entreprise, y compris sociale, et l’évolution des besoins des clients.

Réinventer l’hôtellerie

Anne Lalou, directrice générale de la Web School Factory, qui forme les futurs managers du digital, met en avant la nécessité de créer un dialogue permanent afin de faire jouer à fond l’intelligence collective et collaborative. Illustration avec le nouveau concept hôtelier Jo&Joe, créé conjointement par une équipe du groupe Accor et des étudiants de la Web School Factory. Alors que les premiers ont conçu un nouvel ensemble architectural, les seconds ont bouleversé le modèle économique traditionnel en avançant que l’hôtel n’est pas seulement un lieu pour dormir, mais aussi un lieu pour se rencontrer. Avec à la clé la création de nombreux services faisant intervenir le digital. Résultat : l’hôtel ouvert en 2017 à Hossegor (Landes) réalise plus de 50 % de son chiffre d’affaires avec les services hors nuitées.

Permettre la maintenance prédictive

De son côté, Chantal Genermont, Chief Digital Officer d’Enedis, entreprise de service public chargée de la gestion et de l’aménagement du réseau de distribution d’électricité en France, met en avant le rôle de maintenance prédictive joué par son nouveau compteur communicant, objet connecté : « Il permet à nos techniciens d’anticiper pour savoir par exemple si une panne va se produire. Une équipe est alors dépêchée sur le terrain afin de réparer avant même que la panne ne survienne. »

Autre nouveauté pour Enedis grâce à la transformation digitale, la création d’incubateurs à Rennes et à Paris (un autre verra prochainement le jour dans le Midi) en vue d’accompagner les projets des techniciens de l’entreprise. « Qui mieux que nos techniciens peut mener ces projets visant à rendre l’entreprise plus efficace ?, demande Chantal Genermont. Ils bénéficient des technologies les plus avancées. » Plusieurs dizaines de projets sont ainsi incubés.

Jouer la transition écologique et solidaire

Pour sa part, Léa Zaslavsky, cofondatrice de Makesense, association loi 1901 ayant pour objectif de promouvoir l’entrepreneuriat social auprès du grand public et des professionnels, avance : « Nous sommes convaincus que les entreprises qui ne prennent pas conscience de la dimension de la transition écologique et solidaire, vont connaître de grandes difficultés dans les quinze prochaines années .» Selon elle, face aux grands groupes et aux GAFA, il faut changer les règles du jeu pour assurer la survie des entreprises.

Dans un contexte de raréfaction des ressources, il devient nécessaire de se tourner vers l’économie circulaire et la proximité, la solidarité. Léa Zaslavsky donne ainsi l’exemple d’un groupe textile lillois qui, souhaitant mutualiser divers éléments de ses différentes filiales, a été conduit à ramener dans le nord de la France une unité de production robotisée de tee-shirts précédemment délocalisée à l’étranger.

Prendre en compte le coût écologique du numérique

« La très bonne nouvelle, c’est que les étudiants prennent en compte la dimension du coût écologique du numérique. La génération qui arrive sur le marché est très sensible à cette question. Elle intègre les concepts d’économie circulaire et d’écoconception. Aujourd’hui, la performance ne se limite plus à la rapidité d’exécution des tâches », explique Anne Lou. Chantal Genermont va dans le même sens : « Enedis s’intéresse particulièrement à ce thème, sur lequel nous sommes très actifs. Nous faisons ainsi partie du Club Green Information Technology (Green IT), qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale du numérique et du digital ».

Forte digitalisation dans l’agriculture

Premier responsable d’une entreprise présente dans la région appelé à témoigner, Nicolas Ferras intervient pour Smag (groupe In Vivo) dont il est le directeur des opérations et des relations partenaires. Cette société, qui emploie 170 personnes dont une centaine à Montpellier, a pour spécialité le développement de logiciels et d’outils numériques destinés à la gestion de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Nicolas Ferras souligne qu’aujourd’hui, les agriculteurs sont la population professionnelle la plus connectée, puisque chaque jour, 80 % d’entre eux se connectent et 66 % utilisent des applications professionnelles.

L’accroissement démographique permanent à l’échelle mondiale d’ici 2050 conduira à produire plus et à consommer moins de ressources grâce à une bonne utilisation des technologies numériques (cartographie des terrains, données météorologiques, intelligence artificielle…). Selon Nicolas Ferras, « la vraie réussite de la digitalisation de l’agriculture, ce sera de la connecter au consommateur ». La mise en relation avec la demande et l’anticipation de la consommation permettra de rééquilibrer les modèles dans les différentes filières de l’agroalimentaire.

Construire des catamarans éco-responsables

Olivier Kauffmann, président-fondateur de Windelo à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), tient à ce que sa société fabrique ses catamarans selon les principes écoresponsables. Concernant les matériaux, il explique : « Dans le cadre d’un programme engagé avec les chercheurs de l’Ecole des mines d’Alès pour caractériser les matériaux et les améliorer, nous avons retenu un basalte, roche volcanique naturelle avec un impact écologique dix fois moindre que celui de la fibre de verre ». Grâce aux techniques du numérique, il a été possible de préciser les caractéristiques des fibres de basalte en dix-huit mois, alors qu’il aurait fallu environ cinq ans avec les techniques antérieures. « Nous avons pu multiplier les tests afin d’adapter au mieux le matériau à chacune des parties du bateau », indique Olivier Kauffmann. Il précise par ailleurs que la construction des carènes des bateaux est complètement numérisée, avec un meilleur rendement.

Formation : du virtuel au réel

Pour Mimbus, basée à Saint-Jean, en banlieue toulousaine, et spécialiste des simulateurs voués à la formation professionnelle, Laurent Da Dalto, son président-fondateur, souligne qu’elle propose des solutions adaptées à l’apprentissage des métiers manuels pour une formation sécurisée. Ces solutions se révèlent attractives car elles s’appuient sur les principes des jeux vidéo, particulièrement appréciés par les jeunes.

Laurent Da Dalto illustre le propos avec une application pour la formation à une scie de menuiserie : « Un simulateur virtuel en 3D permet de vivre la scène telle qu’elle se déroulerait en réel dans un atelier de menuiserie. La personne a l’impression de découper elle-même une planche réelle. Elle ressent la force de la lame, les vibrations. Nous pensons même à simuler le sang en cas d’accident virtuel suite à une erreur de la personne ». La formation se déroule par étapes de plus en plus difficiles, comme dans un jeu vidéo. Avec à la fin l’acquisition réelle de la compétence professionnelle, mais sans risque.

 

 

 

 

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