Environnement — Salagou Cœur d'Hérault

Clermontais, gestion de la ressource en eau : l’innovation au service des usagers

Le 1er janvier 2018, la Communauté de communes du Clermontais a récupéré la gestion de la compétence “Eau et assainissement”.

La prise en main de ce dossier a exigé de l’intercommunalité qu’elle se penche sur ses capacités de distribution, la qualité de ses aménagements et les innovations qui peuvent s’inscrire dans la politique écologique du territoire. Une réflexion résumée par le vice-président de la Communauté de communes délégué à l’eau et la GEMAPI Joseph Rodriguez, le directeur du Pôle Eau et Environnement du Clermontais Julien Golembiewski et le président de la Communauté de communes Claude Revel, au cours d’un entretien.

Quelles sont les grandes conséquences de l’ajout de cette compétence ?

Claude Revel : “ Depuis 2018 notre régie de l’eau s’occupe de 17 communes sur les 21 du territoire. Clermont-l’Hérault, Nébian et Villeneuvette étaient dans une délégation du prestataire SAUR, tandis que les habitants de Péret avaient décidé de créer une société d’économie mixte afin de gérer leur propre régie. À partir du 1er janvier 2023, toutes les communes, à l’exception de Péret, relèveront de notre responsabilité. Cela signifie que nous allons quasiment doubler le nombre de nos abonnés, ce qui représente un total de 14 600 abonnés”.

Julien Golembiewski : “En créant cette régie intercommunale, nous avons pu et dû faire une étude généralisée du territoire et suivre un schéma directeur. Cette vision globale a particulièrement séduit l’Agence de l’eau, qui nous accompagne tout au long du projet. Ce sont ses subventions et celles du Département de l’Hérault qui ont permis d’investir dans une dizaine de communes pour sécuriser nos ressources en eau”.

Vous avez engagé de nombreux travaux sur les réseaux d’eau et d’assainissement. Pourquoi ce renouvellement généralisé ?

Julien Golembiewski : “Avant l’obtention de cette compétence, nous avions une situation très disparate d’une commune à l’autre, que ce soit en termes d’état des ouvrages, de fonctionnement ou d’habitudes de travail… Nous avons donc travaillé dès 2018 sur des schémas directeurs qui nous ont permis d’avoir une vision d’ensemble suffisamment cohérente pour établir notre programme de travaux qui va se dérouler sur la période 2022-2030. Entre 2018 et 2022, nous avons engagé le premier programme d’investissement sur les communes où nous avions déjà les informations. Cela représente 12 millions d’euros de travaux en quatre ans. C’est dans ce cadre-là que nous avons travaillé sur la réhabilitation de nos réseaux d’eau potable et d’assainissement, ainsi que sur la sécurisation de certains forages, comme à Mourèze et Canet. Durant la même période, nous avons établi le fil rouge des prochains investissements qui vont courir de 2022 à 2030. Le fait d’avoir la compétence à l’échelle d’une intercommunalité facilite grandement la gouvernance du projet.”

2 Julien Golembiewski crédit Communauté de communes du Clermontais
2 Julien Golembiewski crédit Communauté de communes du Clermontais

Joseph Rodriguez : “Nos études nous ont permis de dégager des priorités pour les chantiers et d’établir un calendrier adapté, avec des actions réalisées dans un premier temps jusqu’en 2030. Nous allons ensuite nous projeter jusqu’en 2050, mais cela exigera des analyses supplémentaires, car l’ensemble des réseaux aura bénéficié de ces changements.”

Quelles sont les priorités qui se dégagent de vos études ?

Julien Golembiewski : “En France, peu d’investissements sont faits pour la réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement, alors que la durée de vie d’un réseau est de soixante ans. Sur notre territoire, un bon nombre de linéaires de réseau sont en place depuis une cinquantaine d’années ; il est donc indispensable de prévoir leur renouvellement. L’objectif in fine de ce travail est de pouvoir gagner en rendement, c’est-à-dire en limitant le gaspillage et les fuites d’eau. En 2018, nous avions un rendement de l’ordre de 55 % : lorsque nous voulions distribuer 1 m3 à nos abonnés, nous devions prélever près de 2 m3. De nos jours, nous avons un rendement de 65 % et nous visons les 75 % d’ici cinq à sept ans ce qui correspond aux normes posées par les services de l’État”.

travaux raccordement Usclas Paulhan
travaux raccordement Usclas Paulhan


Claude Revel : “L’économie de l’eau est un enjeu majeur aujourd’hui et pour les cinquante ans à venir. Il est indispensable de sécuriser la ressource en eau pour la population. Nous avons déjà des difficultés à trouver de la ressource sur notre territoire, donc il est important de réhabiliter nos réseaux pour augmenter leurs rendements. Réduire les pertes nous permet de limiter la création de nouveaux forages et de faire avec ce que l’on a de façon raisonnée.”

Votre projet repose également sur la création d’interconnexions entre les communes…

Claude Revel : “C’est une étape indispensable. En 2021, nous avons été obligés de faire venir des camions-citernes remplis d’eau pour alimenter des communes qui souffraient. La situation a duré quatre mois. Créer des interconnexions signifie que nous allons avoir la possibilité d’ouvrir les vannes pour soulager le problème…”.

Travaux raccordement eau potable Lacoste
Travaux raccordement eau potable Lacoste

Qu’est-ce qui va changer pour les abonnés ?

Claude Revel : “À partir de 2023, toutes les communes vont avoir la même tarification pour l’eau ; nous sommes obligés d’y recourir. Nous avons pris beaucoup de retard, si bien que ce mouvement est lié au lissage des prix pratiqués depuis la création de la régie. Entre le prix le plus faible et le plus haut, il y avait parfois un facteur trois entre les communes. Certaines communes comme Liausson et Salasc vont connaître des augmentations. Cependant, si on calcule commune par commune, le prix réel que les abonnés auraient eu à payer en prenant en compte les investissements réalisés ou à venir, on se rend compte, au final, qu’ils feront des économies. Le prix, de l’ordre de 4,22 euros le m3, est toujours en dessous de la moyenne nationale. Nous allons également mettre en place un tarif social. Résultat, ceux qui consommeront plus et de manière non raisonnée devront davantage payer l’addition. Le but est d’encourager un cercle vertueux : si les abonnés font attention à leur consommation, nous avons moins besoin d’aller puiser dans nos ressources”.

Vous avez également engagé des travaux importants sur la STEP de Paulhan…

Julien Golembiewski : “Dès 2017, les communes de Paulhan et d’Usclas-d’Hérault nous ont alertés sur la non-conformité de leur station d’épuration. Nous avions également un problème plus faible du côté d’Aspiran. Nous avons décidé de temporiser avant d’agir afin de réaliser une étude de faisabilité. Son objectif était de déterminer si créer une station d’épuration intercommunale, à l’échelle de ces trois communes, avait son intérêt. Il en est ressorti qu’un tel aménagement permettrait de faire des économies, de limiter le déplacement des agents et de mutualiser les moyens. Nous avons donné le premier coup de pioche cette semaine. D’ici un an, la station d’épuration gérera l’équivalent d’une commune de 12 000 habitants. Avoir la main sur la régie nous a grandement facilité la tâche pour ce projet, car nous avons pu avancer plus rapidement. Nous avons d’autres projets de ce type dans les cartons, notamment sur Fontès et Cabrières.”

Vous avez également décidé de construire un nouveau bâtiment pour la Régie des eaux…

Claude Revel : “Pour gérer au mieux l’arrivée des nouveaux abonnés et le développement des réseaux, nous avons décidé de construire une nouvelle régie au cœur du territoire, au niveau de la zone de la Salamane à Clermont-l’Hérault. Après réflexion, nous avons choisi d’en faire un exemple sur notre territoire, d’établir une régie zéro consommation. Pour donner vie à ce projet, nous avons échangé avec des entreprises spécialisées dans le domaine de l’eau et des start-up. Elles ont été pleinement intégrées dans la conception du bâtiment, particulièrement sur le sujet du traitement des eaux grises.”

4 régie de leau Crédit Atelier dArchitecture Alain Fraisse
4 régie de leau Crédit Atelier dArchitecture Alain Fraisse

Julien Golembiewski : “Nous avons longuement discuté avec Chemdoc Water Technologies et des nouvelles sociétés qui nous ont expliqué qu’elles manquaient de moyens et de surfaces pour mettre en place un pilote ou un projet. Nous avons donc décidé de réserver un local de 45 m2 dédié aux entreprises qui souhaitent expérimenter.”

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