Tourisme — Saint-Jean-de-Fos

Vallée de l’Hérault : la grotte de Clamouse, "un laboratoire naturel enfoui sous terre"

La vallée de l'Hérault est un territoire regorgeant de sites touristiques célèbres, parmi lesquels se trouve la grotte de Clamouse. Ce site exceptionnel n'attire pas seulement les touristes, il sert également de terrain de recherche pour les scientifiques. La rédaction a rencontré Sandro Casagrande, son directeur technique, afin de découvrir son histoire fascinante.

Quelle est l’histoire de la grotte de Clamouse ?

Sandro Casagrande : “La grotte de Clamouse a une histoire qui remonte à plusieurs millions d’années, lorsque les niveaux d’eau atteignaient les avant-monts et que les volcans de la région étaient actifs. Des mouvements de terrain, tels que des séismes, ont créé des fractures dans la roche, permettant à l’eau de s’infiltrer et de commencer à creuser la grotte. C’est en août 1945, lors d’une sécheresse exceptionnelle, que des spéléologues ont réussi à passer son siphon, qui était régulièrement inondé. Depuis, la grotte de Clamouse est une attraction touristique populaire. Ce qui la rend unique par rapport à d’autres grottes de la région est la dolomie, une roche hétérogène qui n’est pas un simple calcaire comme on peut en trouver dans toutes les grottes. On peut y admirer une grande diversité de cristaux, tels que l’aragonite, les excentriques, les draperies, le buffet d’orgue et une grande variété de couleurs dans les concrétions. Chaque cavité a ses propres spécificités, ce qui offre une expérience mémorable aux visiteurs”.

© Louise Brahiti
© Louise Brahiti

Quelle est votre stratégie économique et touristique ?

Sandro Casagrande : “La grotte de Clamouse contribue significativement à l’économie locale et à la promotion touristique de la région. En tant que pôle majeur du tourisme souterrain scientifique et sportif, elle offre une variété d’activités qui ont créé de nouveaux emplois et assurent une activité annuelle pour les partenaires locaux. Avec un chiffre d’affaires annuel moyen supérieur à 1 million d’euros et près de 100 000 visiteurs par an, la société a opté pour une gestion prudente de la fréquentation de la grotte. Elle a été limitée à la période estivale afin d’éviter la surfréquentation et de protéger les gorges de l’Hérault, patrimoine naturel fragile. Cette décision a permis d’améliorer l’expérience des clients et d’augmenter les flux sur les périodes moins touristiques, notamment auprès de la population locale”.

Quelles sont les activités proposées au sein de la grotte ?

Sandro Casagrande : “En plus des visites libres et guidées, la société a ajouté des animations à son offre dans le but de faire découvrir la science et l’exploration. Ainsi, le spéléopark et l’escape game ont été créés pour offrir une expérience ludique et immersive aux clients, tout en permettant l’organisation de sessions pour les entreprises grâce à son espace de coworking. Cette initiative a eu un impact positif sur l’activité de la société, créant des emplois et permettant aux étudiants et aux personnes en contrat à durée déterminée de bénéficier d’un Certificat de Qualification Professionnelle ‘Opérateur de Parcours Acrobatiques en Hauteur’ (CQP OPAH). En outre, la grotte de Clamouse s’engage à former les jeunes générations en prenant des alternants en BTS et en les accompagnant jusqu’à l’obtention de leur Master.”

Quels sont les défis posés par la gestion d’un tel patrimoine ?

Sandro Casagrande : “La direction d’un lieu comme celui de la grotte de Clamouse s’accompagne de nombreux défis. Il s’agit notamment de trouver un équilibre entre le développement du tourisme durable et la nécessité de réaliser des bénéfices financiers pour maintenir l’activité. Il est également essentiel de relever les défis écologiques et environnementaux qui se présentent tout en évitant la surfréquentation de la grotte. Cela doit être accompli tout en préservant les emplois de notre personnel.”

La grotte se transforme également avec le réchauffement climatique…

Sandro Casagrande : “Nous sommes en effet confrontés aux impacts des changements climatiques et environnementaux, qui se manifestent notamment par une baisse alarmante du niveau de la rivière souterraine et un assèchement de l’entrée de la visite guidée cette année. Pour faire face à ces défis, nous avons aménagé la grotte de manière à limiter les dégâts et assurer sa préservation.”

© Louise Brahiti
© Louise Brahiti

Quelles sont les principales actions mises en place ?

Sandro Casagrande : “La grotte de Clamouse est préservée et entretenue de plusieurs manières. D’abord, notre approche de l’activité, qui privilégie le tourisme durable, repose sur une fréquentation mesurée de la grotte afin de limiter les flux et d’assurer sa préservation. Ensuite, dès son aménagement, des sas ont été mis en place pour éviter la création de courants d’air qui pourraient assécher la cavité. De nombreuses études scientifiques ont également été menées sur la grotte, ce qui a permis d’obtenir son classement par le ministère de la Transition écologique en 2005. En 2011, la grotte est devenue le premier site à être équipé en LED très basse tension (24 volts), dans le but de préserver la cavité de la photosynthèse et de diviser sa consommation d’énergie par sept. Ces investissements nous ont permis de recevoir le label Divertissement Durable en 2020.”

Quelles sont les principales recherches scientifiques menées dans la grotte de Clamouse ?

Sandro Casagrande : “La grotte de Clamouse joue un rôle important dans la recherche scientifique. En collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Département, elle permet de collecter des informations pour étudier les climats et les ressources en eau. La grotte participe également à un projet de recherche sur la biodiversité souterraine en collaboration avec l’université de Montpellier. Elle a été précurseur dans les recherches scientifiques, notamment dans les carottages pour l’étude des paléo-climats, les études hydrogéologiques, les expériences d’isolement spatio-temporel sur le corps humain, les études sur la vitesse de concrétionnement et le climat, ainsi que les études de la faune cavernicole. Grâce à l’étude de son écosystème souterrain, la grotte de Clamouse contribue à la compréhension de l’adaptation de la biodiversité extérieure et peut aider à anticiper l’adaptation de l’humanité face aux changements climatiques.”

Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?

Sandro Casagrande : “Nous envisageons de créer une base d’expérimentation souterraine en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (CNES) et le CNRS, afin de travailler sur l’adaptation de l’être humain dans des environnements complexes. Nous souhaitons également développer un pôle de formation pour les futurs professionnels de l’exploration souterraine. À long terme, nous espérons maintenir notre position de pôle du tourisme souterrain scientifique et sportif, tout en continuant de contribuer à la recherche scientifique sur l’écosystème souterrain et en préservant notre engagement en faveur d’un tourisme durable.”

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