Faits divers — Montpellier

[VIDEO] Montpellier : “les stupéfiants c'est comme les ordures ménagères, on va ramasser les points de deal pour éviter que ça s’accumule”

Une semaine après le lancement du dispositif “Place nette” dans le quartier Saint-Martin, toile de fond d’une série de faits divers, dont une balle perdue en octobre dernier, le préfet de l'Hérault François-Xavier Lauch, le procureur de la République de Montpellier Fabrice Belargent et le maire de Montpellier Michaël Delafosse sont revenus sur le premier acte de “cette occupation à long terme”.

1 000 personnes contrôlées, 500 véhicules inspectés, 13 kg de drogue saisis, pour le préfet de l’Hérault, les chiffres obtenus lors de cette première semaine “montrent l’importance des contrôles, ainsi que leur densité.” Loin de vouloir se satisfaire de ces premiers résultats, François-Xavier Lauch voit dans ce dispositif une occasion de s’adresser aux trafiquants : “Le message est que ces quartiers ne sont pas à la main des criminels, ils appartiennent aux femmes et aux hommes qui les habitent et qui ont le droit d’y vivre normalement. Il n’y a pas et n’y aura pas d’impunité pour ces trafiquants”.

Le premier bilan judiciaire

Porté conjointement avec le parquet et la mairie de Montpellier, ce dispositif de lutte contre le trafic de drogue a déjà connu ses premières réponses judiciaires, comme en témoigne le procureur de la République de Montpellier Fabrice Belargent : “Les objectifs sont essentiellement les démantèlements de points de deal et la neutralisation de trafic à grande échelle. Deux affaires récentes illustrent parfaitement cette politique. La première part de la découverte de stupéfiants au mois d’août dans une cave, quelque chose d’assez banale sauf que les enquêteurs de la sûreté départementale ont tiré les fils et ont découvert ce qu’on appelait le Coffee Saint-Martin”. Distribution de flyers, comptes sur les réseaux sociaux, “cette plateforme était tenue par des personnes qui se croyaient tout permis”. Après trois mois d’observation, cinq objectifs ont été identifiés et quatre ont été interpellés, dont une mineure. “Le cas de cette jeune femme nous a sans doute permis de comprendre pourquoi une jeune femme avait été victime de tir dans la tour. En effet, la mineure identifiée habitait juste dans l’axe de l’appartement et on peut penser qu’il y avait un règlement de compte à ce moment-là”. L’affaire du “Coffee Saint-Martin” est déjà passée en comparution immédiate, trois des auteurs majeurs ont été placés en détention provisoire jusqu’à leur jugement. “On peut considérer que ce réseau est neutralisé, l’enjeu est de faire en sorte qu’aucun réseau ne se réinstalle derrière puisque ce sont des points extrêmement lucratifs”.

La seconde affaire marquante est également partie d’une fouille de cave, celle-ci menant à un trafic porté sur ce qu’on appelle ‘le Uber-Shit’, soit la livraison de produits stupéfiants. “Cette affaire est encore plus belle en termes de quantité, continue le procureur. On a découvert de la résine de cannabis, mais aussi des conditionnements qui permettaient de penser qu’on avait affaire à un réseau extrêmement actif et accès sur la livraison. Les enquêteurs ont remonté jusqu’au propriétaire de la cave, une jeune femme chez qui on a découvert des stupéfiants. Les sommes appréhendées ainsi que les stupéfiants saisis, mis bout à bout, représentent quasiment 10 kg de résine de cannabis, 3 kg d’herbes de cannabis, des centaines de capsules contenant de la cocaïne (860 grammes en tout), ainsi que 10 900 euros en espèces. Elle a été placée sous contrôle judiciaire et risque la saisie de son appartement”. 

[VIDEO] Interview du préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch et du procureur de la République de Montpellier Fabrice Belargent

“Ces trafics sont alimentés par les petits bourgeois”

Condamner, sécuriser et protéger, les piliers de l’action répressive menée par les autorités dans le quartier Saint-Martin sont clairs. Pour le préfet François-Xavier Lauch, il y a urgence à agir, une action qui doit se faire à plusieurs échelles : “Moi, je voudrais lancer trois messages. Le premier, c’est aux habitants de ce quartier, nous avons besoin de leurs informations, de leur résistance, de leur sursaut pour assainir la situation. Deuxièmement, je voudrais dire des choses très simples aux trafiquants, à ceux qui tiennent les points de deal, qui généralement ne sont pas dans ces quartiers et se prélassent à l’étranger ou dans les centres-villes : nous allons continuer. Sans relâche, nous allons démanteler. Et puis le dernier message que je voudrais lancer est aux usagers, à ceux qui peut-être sont dans des classes sociales plus aisées : on va vous verbaliser (…). Ces trafics sont alimentés, excusez-moi du terme, par les petits bourgeois qui viennent du centre-ville et qui viennent acheter de la drogue. Ils gangrènent notre société en faisant en sorte que ces trafiquants s’y installent”. 

“On va occuper l’espace”

Pour éviter que cette opération ne soit “un coup d’épée dans l’eau”, les autorités travaillent avec la municipalité et les bailleurs. “La présence de l’autorité publique dans le quartier contribue à rassurer et à dire de quel côté est la loi”, lance Michael Delafosse, avant d’énoncer l’arsenal administratif qui sera utilisé dans le quartier : “Nous allons mettre en œuvre le permis de louer pour avoir une maîtrise de l’identité des occupants (…). Quand il y aura des mutations de commerce, nous allons nous en porter acquéreurs afin d’y installer d’autres projets, qu’ils soient associatifs, sportifs… On va occuper l’espace. De la même façon, nous allons travailler pour essayer d’embellir le cadre de vie des habitants”.

Alors quelles seront les suites données à ce dispositif ? “Disons que ce n’est pas la dernière fois qu’on s’exprime sur ce type d’opérations, conclut le préfet de l’Hérault. Ce sont des actions qu’on va multiplier à Montpellier, on va aller de quartier en quartier. Il en sera de même dans d’autres points du département, notamment Béziers et Sète”.

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